Un plat qui se mange froid
de Anne Perry

critiqué par Dirlandaise, le 8 septembre 2008
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Une vengeance dans le Paris de la Révolution
Nous somme à Paris, trois ans après la prise de la Bastille. La ville est en perpétuelle effervescence. On fait table rase de l’Ancien Régime et on assiste à des bouleversements inouïs. Le pouvoir de l’Église a été aboli et la monarchie chancelle. La France est en guerre et les armées prussiennes s’attroupent aux frontières de l’État. Camille est une jeune veuve au service de l’illustre Madame de Staël. Elle doit mettre son jeune enfant en nourrice afin de pouvoir s’acquitter de ses tâches correctement. Mais un jour, sa nourrice étant absente, Camille confie son bébé à sa meilleure amie Sophie. Le lendemain, elle apprend de la bouche de Sophie que le bébé est décédé dans son berceau. Camille soupçonne sa jeune amie de n’avoir pas exercé une surveillance suffisante du nourrisson et de l’avoir négligé afin de pouvoir s’occuper de son amant. La rage, la tristesse et la colère conduisent Camille à exercer une terrible vengeance qui mettra en péril la vie même de Sophie et aussi celle de George, son amant.

Un très court récit mais quelle force narrative fait preuve Anne Perry encore une fois. En effet, le lecteur est tout de suite plongé dans l’atmosphère de la Révolution et de ses atrocités. La ville est devenue une poudrière et le danger est partout. Marat et ses sans-culottes y font la pluie et le beau temps, n’hésitant pas à massacrer ceux qui sont soupçonnés d’être des ennemis de la Révolution. C’est palpitant, le rythme est à couper le souffle surtout vers la fin qui est digne de l’imagination fertile d’Anne Perry qui nous réserve encore une fois des rebondissements et des surprises étonnantes.

Anne Perry nous démontre d’une façon magistrale qu’on peut écrire un récit captivant en moins d’une centaine de pages et tenir son lecteur en haleine du début à la fin. Le titre et l’image de la couverture ne servent pas du tout le livre à mon avis. La description de Marat à la page quarante-cinq est sublime ! À lire si vous voulez passer une heure de lecture poignante dans le Paris de la Révolution.

« Sa voix lui jaillissait du gosier dans un abominable graillonnement, comme s’il avait été perpétuellement enroué. Ses cheveux ne voyaient jamais l’ombre d’un peigne. Il allait vêtu de guenilles et invariablement coiffé de ce foulard rouge. Il arrivait qu’il sorte pieds nus, comme pour mieux se mêler à la plèbe dont il s’était fait le héraut. (…) Il ne parlait que de bains de sang, de langues arrachées, d’os brisés et de gorges tranchées…»