Naissance des fantômes
de Marie Darrieussecq

critiqué par Crazypig, le 11 novembre 2001
(Tubize - 40 ans)


La note:  étoiles
Volatiles et impalpables
Dans "Naissance des fantômes", Marie Darrieussecq (écrivain belge) explore une forme de métamorphose, les fantômes: volatiles et impalpables.
Elle tente de décrire au mieux les sensations inouïes nées du manque et de l'attente de l'être aimé à travers le corps et l'esprit.
Le livre commence comme un roman policier :"Mon mari a disparu.
Il est rentré du travail, il a posé sa serviette contre le mur, il m'a demandé si j'avais acheté du pain.
Il devait être aux alentours de sept heures et demie."
Au début, la narratrice, jeune épouse du disparu, ne veut pas y croire.
Elle envisage toutes les hypothèses: son mari en a eu assez de sa négligence pour l'oubli journalier du pain, il a rencontré quelqu'un d'autre, il voulu lui faire une blague, se venger d'un geste, d'une parole ou encore éprouver le degré de leur amour, le degré de leur attachement.
Elle fait le tour du quartier, va à la morgue, appelle amis et famille.
A ces derniers, elle ne parle pas de la disparition, elle tend l'oreille au cas où elle n'entendrait pas dans le bruit de fond, elle entendrait son mari.
Peu à peu, l'évidence s'impose, inexplicable.
Elle décide d'appeler la police. Dans son appartement, vient l'attente.
Elle erre dans la ville, entre plage et banlieue.
Doucement, elle devient victime d'hallucinations.
C'est là que commence une lente descente vers la folie, vers un état de perte.
Indigeste 4 étoiles

J'ai trouvé le début sympa, la description des sentiments et des angoisses étant très intelligente. Puis le livre s'enlise. L'auteur parle pour elle-même, oublie qu'il y a un lecteur qu'il faut captiver. Je me suis retrouvé plus d'une fois à partir dans mes propres pensées tant les métaphores étaient indigestes. A mon très humble avis, il en faut un peu plus pour faire un roman.

Ahsieg - - 41 ans - 7 juillet 2009


JE est une ombre. 8 étoiles

Avec ce livre, Darrieussecq a réussi un pari difficile : mettre des mots sur notre tendance à nous percevoir parfois âmes ambulantes, comme si notre réalité physique pouvait être dépassée. Après la disparition inexpliquée de son compagnon, une jeune femme finit par percevoir celui-ci dans chaque objet qui compose le monde.

Pour apprécier ce livre, il faut un intérêt particulier pour l' "ésotérisme" au sens large du terme, et accepter l'effort de se frotter à une écriture très "intellectualisante" et même "prise de tête", c'est le sujet qui le veut.

Comme Gombrowicz, Pirandello et d'autres, Darrieussecq se demande ce qui reste de l'homme quand un siècle a pu le réduire philosophiquement à l'état d'objet. L'esprit survit-il à la disparition des corps et du corps social? Intéressant et novateur sous la plume lénifiante d'une femme...

"Je pouvais être certaine que ce que l'on nomme le sentiment, cette affection diffuse du quotidien, allait être désintégré par les circuits de mon cerveau : j'attendais une preuve sensorielle, quand la question agissait comme du détergent."
"Ma raison avait si longtemps défié le loup, que je pensais avoir rejoint un nouvel espace-temps où je chevrotais pour le reste de ma vie."
"L'angoisse était comme les ombres : elle se nourrissait en m'occupant toute."

Antiphon77 - Hainaut - 47 ans - 4 avril 2007


Perplexe 5 étoiles

Ce bouquin m'a laissé perplexe...comme à Jules, il m'a semblé trop long...alors qu'il ne fait que 154 pages ! Belle écriture, soignée et riche, mais... Darrieussecq peut mieux !

Patman - Paris - 62 ans - 17 juin 2002


Pas mal, mais un peu long 6 étoiles

J'ai lu ce livre à l'époque de sa sortie, car on en parlait assez bien. J'ai trouvé qu'il était pas mal, mais sans plus... Au début on marche dans ses douleurs et ses visions, mais celles-ci ont fini par me sembler un peu longues et tirées à l'excès. Un simple avis personnel !

Jules - Bruxelles - 80 ans - 13 novembre 2001