Qui es-tu Alaska ?
de John Green

critiqué par Tallulah, le 27 août 2008
( - 31 ans)

La note: étoiles

Surprenant !!!

Qui es-tu Alaska, c'est l'histoire de Miles, un jeune homme de 16 ans, qui n'a pas l'impression d'avoir vécu et décide donc de partir pour le pensionnat de Culver Creek, guidé par la citation de Rabelais : Je pars en quête d'un grand Peut-Être.
Là-bas, il rencontre le Colonel, son copain de chambre, Takumi, jeune japonais qui participe à leurs "blagues", les fameuses "blagues", qui ne sont autres que des canulars pour faire tourner les élèves riches et le proviseur en bourrique, Alaska, la reine de ces canulars, les weekendeurs, les élèves friqués autrement dit, l'alcool, le sexe, la clope, tout ça pas forcément dans le même ordre ... jusqu'à ce que tout bascule.
Alaska (dont Miles, ou le Gros, était amoureux), se tue dans un accident de voiture, alors qu'elle était complètement bouleversée (et aussi complètement bourrée). Le Gros et le Colonel s'en veulent à mort, chacun à leur façon, le Colonel avec son amitié loyale et le Gros son amour boiteux, avant de se rendre compte qu'ils ne savent pas pourquoi elle est morte, ni comment, ni même qui elle était en réalité.
Qui es-tu Alaska, toi qui est en quête de la sortie de ton "labyrinthe de souffrance", et de la meilleure manière de tirer sa révérence ? Est-ce que tu t'es suicidée, était-ce un accident, ou tout ça à la fois ? Quels secrets as-tu emportés dans la tombe ?
Qui étais-tu ? Pour faire leur deuil, le Gros et le Colonel doivent re-découvrir leur amie, et savoir quel lourd secret cache sa mort.

Bluffée !! Alors là ... Je ne m'attendais pas à grand-chose, mais on ressort de ce livre bouleversé. Par les questions que l'on pose, sur la mort, sur la meilleure manière de mourir (vite et d'un coup ?), sur comment apprendre à ne plus craindre la mort (pourquoi s'en faire alors que finalement on n'y changera rien ?), par le désespoir de Miles, qui perd l'amie qui lui a tout fait découvrir, par leur culpabilité, par celle d'Alaska, par sa manière de se foutre en l'air (je cite : "Moi, c'est (fumer) pour mourir") à grands coups d'alcool et de clopes; et en même temps par son appétit de la vie, un appétit féroce.

Et pourtant, accident ou suicide ? Est-ce réellement important, après tout ? L'important, c'est d'avoir aimé et connu la personne avant sa mort. L'important, ce n'est pas la manière dont on meurt, la façon dont on sort de notre "labyrinthe de souffrance", mais la façon dont on vit cette vie qui nous emmerde souvent, qui nous désespère parfois, mais qu'on doit chérir plus que n'importe quoi au monde. Parce que l'instant d'après, on pourrait bien mourir ... sans avoir vécu.

Alaska Young

Qui es-tu Alaska ? est assurément une bonne surprise. Moi qui cherchais un roman sur l’adolescence, un roman avec des personnages forts, un roman qui échappe au piège de la niaiserie pour jeunes ados, et bien j’ai tout simplement été servi. Ce qui m’a particulièrement plu est sa justesse de ton qui retranscrit à merveille les sentiments que nous avons tous connu durant cette période si particulière. Le caractère changeant et fluctuant des émotions, l’angoisse de l’avenir, la découverte du sentiment amoureux, l’amitié, le rôle de l’interdit, tout y passe, bien desservis par des dialogues parfois crus, mais juste.

Au-delà de l’histoire, bien résumée par @Tallulah, j’ai surtout apprécié la nature des personnages, leurs histoires, leurs caractères, bref tout ce qui peut entraîner de l’empathie et ainsi permettre de mieux s’immerger dans le cercle de ces jeunes un peu rebelles. Certes le côté un peu puéril de leurs « blagues » ou encore la présence régulière d’alcools en tout genre pourra gêner certains lecteurs, mais à mon sens cela n’en rend que le récit plus réaliste. Le roman sonne moins faux, tout simplement.

A cela s’ajoute le personnage d’Alaska, jeune fille à fleur de peau, de celles qui vous marquent.

Bref une très bonne littérature de jeunesse qui à mon avis s’adresse tout aussi bien à un public adulte.

Sundernono - Nice - 41 ans - 4 janvier 2016