Sonderkommando : Dans l'enfer des chambres à gaz
de Shlomo Venezia

critiqué par Wakayoda, le 20 août 2008
( - 44 ans)


La note:  étoiles
Ne pas oublier le passé...
C’est le récit poignant d’un sonderkommando, chargé de nettoyer les chambres à gaz, pendant la seconde guerre mondiale.
J’avoue que ce livre est resté pendant longtemps sur mon tas de livre à lire. J’avais peur d’être effrayée par la réalité de ce que les juifs ont subi pendant la seconde guerre mondiale.
Malgré tout, je m’y suis mise en me disant que c’était important de savoir. La mémoire du passé et la nécessité pour moi reste et ne s’oublie pas ont eu raison de mon être. Je suis tombée des nues, c’était à prévoir, de ce témoignage d’un juif italien vivant en Grèce.
La déshumanisation de ces hommes, femmes, enfants qui n’avait rien demandé à personne. Le visage de ces êtres cruels assemblés à leurs actes m’a donné plus d’une fois une réelle envie de vomir. Surtout d’une petite fille retrouvée vivante à la sortie de la chambre à gaz que le SS tue d’une balle dans la tête.
Le témoignage de cet homme, qui est devenu un sonderkommando à Auschwitz II, est effectué de manière véritable et vous retourne un peu l’estomac. Mais l’auteur ne veut en aucun cas s’attirer la compassion du lecteur et explique le pire et le meilleur de ses actes et de ses ressentis. On ne peut, de toute manière, éprouver autre chose que de l’admiration pour cet homme qui a eu un courage monstrueux. Ce passé doit être lourd à porter, à supporter, à vivre et revivre tous les jours.
Je conseille ce livre qui est dur à lire par son contenu mais nécessaire pour savoir ce qui s’est passé et ce qui peut encore se produire.
Shlomo Venezia, survivant de l'enfer : du Zyklon B, des flammes des fours, des exécutions, de la faim, des maladies... ! 10 étoiles

Il s’agit dans cet exceptionnel ouvrage, de l’interview de Shlomo Venezia, en 2006, par Béatrice Prasquier.
Il nous raconte d’abord, qu’issu d’une famille modeste, il a grandi grâce à la « débrouille », avant d’être déporté en wagon à bestiaux en tant que Juif, dans les camps de concentration de Auschwitz-Birkeneau, le 11 avril 1944 à l’âge de 21 ans.

Shlomo Venezia est l’un des rares survivants des membres des Sonderkommandos (équipes spéciales). Son témoignage est donc d’autant plus essentiel pour la transmission de notre Mémoire Universelle.
Les SS avaient constitué ces Sonderkommandos (essentiellement composés de Juifs) dans l’UNIQUE objectif d’exercer l’horrible « travail » obligatoire, consistant à :
– Faire se déshabiller les déportés ;
– Ensuite, à les faire entrer dans les Chambres à gaz ;
– Puis une fois gazés, à sortir les corps des Chambres à gaz en les traînant jusque dans les fours crématoires !

Tragiquement, quelques temps plus tard, ces membres des Sonderkommandos étaient contraints de suivre leurs « compatriotes » dans ce même processus d’extermination « industriel à la chaîne » et ininterrompu, vers l' »enfer ».
En effet, ces victimes formant les équipes de Sonderkommandos étaient assassinées à double titres : d’une part, « évidemment » parce qu’elles étaient Juives et d’autre part, car elles étaient des témoins directs de ces atrocités Nazies, donc à éliminer !

Un témoignage poignant sur l’obligation d’accomplir des actes déshumanisants dans des conditions immondes, extrêmes et de devoir obéir pour conserver le « droit » de survivre.
Dans ces terribles situations, le choix et la réflexion individuels sont totalement annihilés, interdits.
Le seul « choix » imposé par les Nazis qui existe encore est : obéir ou être exécuté sur le champ !
La limite ultime à ce « non-choix » est de devoir nuire à la vie d’autrui.
Shlomo Venezia ne voyait que des horreurs dans son « travail » quotidien, mais malgré tout, il n’a pas été confronté à faire face, en plus, à ce terrifiant « non-choix » absolu.

Le 7 octobre 1944, les Sonderkommandos essayent de se révolter, mais cette tentative échoue et presque tous, sont exterminés, soit : 452 innocents de plus…
Par chance, Shlomo Venezia fait partie des rares rescapés.

Il a terminé son tragique parcours en déportation dans les camps de : Mauthausen, Melk et Ebensee, avant d’être enfin libéré par les Américains, le 6 mai 1945.

Un livre dense en faits abominables révélés par Shlomo Venezia, sur le fonctionnement des camps et notamment sur celui d’Auschwitz-Birkenau.

Cet ouvrage est complété par une touchante préface de Simone Veil, des dessins de David Olère (lui-même, un autre des rares survivants des Sonderkommandos) sur l’innommable « travail » forcé des Sonderkommandos, des photos des camps, des schémas, des explications détaillées sur la configuration des camps d’Auschwitz-Birkenau ; également, un très intéressant résumé de l’historien Marcello Pezzetti spécialiste d’Auschwitz, à propos du déroulement historique qui a conduit à la Shoah, ainsi qu’un récapitulatif de l’historien Umberto Gentiloni concernant l’histoire du Nazisme et du Fascisme en Italie et en Grèce (pays d’origines de Shlomo Venezia).

Confer également les précieux témoignages sur le thème du Totalitarisme, de :
– Alexandre Soljénitsyne (L’archipel du Goulag) ;
– Alexandre Soljénitsyne (Une journée d’Ivan Denissovitch) ;
– Jacques Rossi (Qu’elle était belle cette utopie !) ;
– Jacques Rossi (Le manuel du Goulag) ;
– Evguénia S. Guinzbourg (Le vertige Tome 1 et Le ciel de la Kolyma Tome 2) ;
– Margarete Buber-Neumann (Déportée en Sibérie Tome 1 et Déportée à Ravensbrück Tome 2) ;
– Iouri Tchirkov (C’était ainsi… Un adolescent au Goulag) ;
– Boris Chiriaev (La veilleuse des Solovki) ;
– Malay Phcar (Une enfance en enfer : Cambodge, 17 avril 1975 – 8 mars 1980) ;
– Sergueï Melgounov (La Terreur rouge en Russie : 1918 – 1924) ;
– Zinaïda Hippius (Journal sous la Terreur) ;
– Jean Pasqualini (Prisonnier de Mao) ;
– Kang Chol-Hwan (Les aquariums de Pyongyang : dix ans au Goulag Nord-Coréen) ;
– Aron Gabor (Le cri de la Taïga) ;
– Varlam Chalamov (Récits de la Kolyma) ;
– Lev Razgon (La vie sans lendemains) ;
– Pin Yathay (Tu vivras, mon fils) ;
– Ante Ciliga (Dix ans au pays du mensonge déconcertant) ;
– Gustaw Herling (Un monde à part) ;
– David Rousset (L’Univers concentrationnaire) ;
– Joseph Czapski (Souvenirs de Starobielsk) ;
– Barbara Skarga (Une absurde cruauté) ;
– Claire Ly (Revenue de l’enfer) ;
– Primo Levi (Si c’est un homme) ;
– Primo Levi (Les naufragés et les rescapés : quarante ans après Auschwitz) ;
– Harry Wu (LAOGAI, le goulag chinois) ;
– Anastassia Lyssyvets (Raconte la vie heureuse… : Souvenirs d’une survivante de la Grande Famine en Ukraine) ;
– François Ponchaud (Cambodge année zéro) ;
– Sozerko Malsagov et Nikolaï Kisselev-Gromov (Aux origines du Goulag, récits des îles solovki : L’île de l’enfer, suivi de : Les camps de la mort en URSS) ;
– François Bizot (Le Portail) ;
– Marine Buissonnière et Sophie Delaunay (Je regrette d’être né là-bas : Corée du Nord : l’enfer et l’exil) ;
– Juliette Morillot et Dorian Malovic (Evadés de Corée du Nord : Témoignages) ;
– Barbara Demick (Vies ordinaires en Corée du Nord) ;
– Vladimir Zazoubrine (Le Tchékiste. Récit sur Elle et toujours sur Elle).

Anonyme11 - - - ans - 19 août 2020