Les 1001 jardins qu'il faut avoir vus dans sa vie
de Collectif, Rae Spencer-Jones

critiqué par Spiderman, le 16 août 2008
( - 62 ans)


La note:  étoiles
Candide et l'infini végétal organisé
Les jardins sont une des manifestations les plus subtiles de l'âme humaine et le reflet de ses relations avec la terre, son environnement ... et l'image qu'elle veut en donner : harmonie, pouvoir, richesse, humilité ....
Cette collection repose sur un malentendu : dans la langue arabe l'expression "mille et un(e)" représente l'infini. Juxtaposer l'infini avec "il faut" est un contresens occidental : à qui aurons-nous de comptes à rendre si nous n'arrivons pas à boucler les 1001 "obligations", qui s'appliquent aussi (excusez du peu !) aux :
- merveilles de la nature
- albums musicaux
- livres (on est mieux ici pour en discuter ...)
- tableaux
- greens qu'ils faut avoir joués (et dire que je n'ai jamais joué au golf : miséreux ...)
et l'on nous annonce 1001 ...
- oeuvres classiques
- vins (et la modération ???!!!)
- saveurs.
Mais revenons-en à nos jardins ...
De format assez raisonnable (16 x 21 cm) ce livre est un pavé de 1,700 kg (soit environ 17 grammes par jardin !) que l'on doit bien caler avant de partir à l'aventure de l'organisation botanique classée par continent puis par pays (curieux de constater que l'Equateur est dans la table des matières, p. 954, situé en ... Afrique !).
Il est la traduction d'un ouvrage anglais ... ce qui dans ce domaine est un gage de sérieux ... et, ici, d'un certain conformisme.
L'oeil du géographe ne pourra ignorer que seuls les pays ayant atteint un niveau de développement socio-économique assez élevé et/ou une tradition intellectuelle botanique (et/ou britannique ??) ont des espaces verts jugés dignes de figurer dans ce recueil : le continent africain n'est (en dehors de trois sites égyptiens) représenté que par l'Afrique du Sud.
Faisons fi de ces considérations oiseuses : il est agréable de feuilleter ce livre, de sauter de page en page, d'un continent à l'autre en se laissant guider par sa mémoire, ses émotions, ses souvenirs, ses envies de voyages. Le nombre et la variété des rédacteurs, leur compétences et leurs styles ajoutent au plaisir du voyage ... certains sont de purs botanistes, et d'autres de grands poètes (comme l'auteur de la notice sur le jardin de l'abbaye de Saint Michel de Cuxa en Roussillon).
Il ne se limite pas aux jardins privés ou publics mais recense et décrit aussi des espaces végétaux ou architecturaux tels que les hortillonnages d'Amiens, le Père Lachaise, la Villa d'Hadrien ou le temple égyptien de Karnak.
L'effet "catalogue", inévitable, est souvent compensé par cette alternance des plumes : si l'un des buts des concepteurs était de laisser le lecteur sur sa faim, il est remarquablement atteint aucune notice ne dépassant une page de texte et une photo pleine page, nombreuses sont celles qui se limitent à une demi-page non illustrée ... sans, autre lacune, aucune adresse internet pour compléter les visites sans risque d'égarement dans le labyrinthe touffu des www et http.
Et maintenant ??
"Il faut cultiver NOTRE jardin" ...