Robert Capa : L'homme qui jouait avec la vie
de Alex Kershaw

critiqué par Dirlandaise, le 13 août 2008
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Risquer sa vie pour une photo
J’ai toujours été fascinée par la personnalité de Robert Capa mais curieusement, je n’avais jamais lu de biographie de ce grand photographe de guerre légendaire. En refermant le livre d’Alex Kershaw, j’ai l’impression de mieux connaître cet homme exceptionnel que fut Robert Capa.

Le livre suit un ordre chronologique bien défini. Le début est consacré à l’enfance de Capa ou plutôt d’André Friedmann de son vrai nom hongrois. En effet, Capa est d’origine hongroise et pour faciliter ses chances de réussite dans sa carrière, il s’est inventé une personnalité américaine et a choisi de s’appeler Robert Capa. Ceci est assez révélateur de la personnalité de Capa excessivement débrouillard et opportuniste. Il aurait même mis en scène des combats fictifs afin de prendre des photos intéressantes pour certains de ses reportages mais rien n’a jamais été prouvé. Enfin, tout commence en Hongrie et se poursuit à Paris car Capa décide de fuir la montée du nazisme. Ses débuts sont difficiles et il crève souvent de faim, doit mendier et coucher à la belle étoile très souvent. Mais le jeune homme est doté d’une intelligence hors du commun et un charme ravageur qui lui procure de nombreuses relations qui l’aident à démarrer dans la vie. Nous suivons donc Capa dans ses missions périlleuses de correspondants de guerre en Espagne, en Chine, sur les plages de Normandie lors de l’opération « Overlord », en U.R.S.S., à Israël et enfin en Indochine où il trouve la mort en mai 1954 à l’âge de quarante et un ans. Quand il n’est pas en voyage pour couvrir une guerre, Capa est un terrible noceur, faisant la tournée des bars et se vantant de ses nombreuses conquêtes féminines dont la célèbre Ingrid Bergman qui le demande en mariage mais dont il refuse la proposition. En effet, Capa a quatre passions dans sa vie : la photo, les femmes, l’alcool et le jeu. C’est un parieur compulsif, allant même jusqu’à puiser dans la caisse de l’Agence Magnum qu’il a créée avec son meilleur ami David Seymour afin de rembourser ses dettes de jeu. De plus, Capa est un homme de terrain et ne peut rester en place longtemps. Il lui faut du stress et de l’adrénaline. Il est habitué au danger et à la sensation enivrante qu’il procure. Pour cette raison sans doute qu’il accepte la mission en Indochine qui lui sera fatale.

Alex Kershaw déclare que la réalisation de ce livre lui a demandé quatre années de recherche et je dois dire que c’est réussi. C’est toute une époque qui est décrite dans ce document et les personnalités abondent dont Ernest Hemingway, Henri-Cartier Bresson, Ingrid Bergman, John Steinbeck, John Huston et j’en passe. Car Capa fréquentait une foule de gens parmi le gratin de l’époque. Sa vie sociale était intense et très mouvementée. Il avait une foule d’amis et de connaissances. Pour cette raison, le livre est passionnant et il est difficile d’arrêter sa lecture tellement c’est un fou roulant d’action et de fascinantes aventures. Du point de vue historique, l’ouvrage de Kershaw a une grande valeur instructive. Chaque guerre est bien expliquée et décrite afin de bien situer le lecteur dans le contexte. J’aurais aimé plus de photos car je ne me lasse pas de contempler le travail de Capa, ce photographe courageux qui n’hésitait pas à accompagner les troupes sur le front et était de toutes les grandes guerres de son époque. Une vie hors du commun et un homme attachant dont la légende n’est pas près de s’éteindre.

« La guerre ressemble à une actrice vieillissante : elle devient de moins en moins photogénique et de plus en plus dangereuse. » Robert Capa

« La plus grosse m… dans laquelle j’ai jamais mis le pied. » Robert Capa à propos de Hollywood