« Ce sont les humanistes de la Renaissance - au XVIe siècle - qui ont imposé à une certaine portion de l’histoire le nom de "Moyen Âge". Dans leur bouche dédaigneuse, l’expression est chargée de mépris. Séduits par les Grecs et les Romains, ils trouvent barbares les siècles qui les en séparent. »
L’auteur, un professeur québécois de philosophie médiéval, veut démystifier certains préjugés que les gens ont de cette période.
D’intéressantes anecdotes, mais je ne suis pas certaine de la rigueur de toutes les sources, des interprétations. On parle de légendes comme si ça serait des faits, comme la malédiction du grand maître templier Jacques de Molay. Aussi, personnellement, j’ai toujours pensé que l’amour courtois n’est pas tant une avancée pour la place de la femme que la valorisation de l’homme et de leurs exploits. Il y a plein d’éléments avancés dont j’ai des doutes. J’ai trouvé son argumentation inégale et qui manquait parfois de clarté. Il y a aussi des tournures de phrases, il dit souvent « vous êtes sûrement étonné », alors que ce n’est pas toujours le cas, je n’aime pas qu’un auteur me dise comment je serais sensé réagir.
Mais enfin, ce que j’ai le moins aimé c’est quand il ridiculise ceux qui ne pensent pas comme lui. Je n’ai pas aimé la façon que l’auteur pointe du doigt d’autres auteurs (Jostein Gaarder, Uta Ranke-Heinemann...). La partie Ranke-Heinemann / Thomas d’Aquin, où l’auteur défend le philosophe d’être sexiste (ce que j’ignorais), détonne du reste du livre, ça ressemble plus à un règlement de compte que d’un exposé pédagogique. J’ai trouvé ça lourd, il aurait pu exposer ça différemment. On pourrait penser que Ranke-Heinemann a fait un crime de lèse-majesté... c’est seulement une autre vision, une autre point de vue. Pour être franche, c’était assez dur de se mettre du côté de l’auteur, je trouvais que cette partie manquait singulièrement de clarté. Il faut comprendre, tout le reste du livre est d’une accessibilité sans reproche et puis après il y a des trucs comme ÇA :
« De la même manière, la vertu contenue dans le semence du mâle peut ne pas engendrer un mâle parce que cette vertu est trop faible, ou bien parce qu’il y a obstacle du côté de la femme, ou enfin parce qu’une cause extérieure s’interpose. La déficience signifiée par l’adjectif "deficiens" n’est donc pas dans le produit de la génération, mais dans un processus qui devait engendrer un mâle, mais qui a engendré une femme. »
Wow ! Et c’est RIEN comparé à tout ce qu’il nous balance ! Est-ce que c’est vraiment utile pour mieux nous faire comprendre le Moyen Âge ? En tout cas, ce n’est certainement pas en parlant en charabia que ça m’aidera à plus me faire une opinion. Un face à face qui me donne plus le goût de lire le livre de Ranke-Heinemann que celui de l’auteur sur Thomas...
Un ouvrage clair, accessible et même amusant, avec un chapitre obscur et louche.
Nance - - - ans - 13 juin 2014 |