L'île
de Robert Merle

critiqué par Bolcho, le 6 novembre 2001
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
Et si nous refaisions le monde ?
L'histoire des révoltés du Bounty a été contée bien des fois. Essayez la version de Robert Merle, elle vaut le détour.
S'il nous conte la révolte elle-même, c'est surtout pour planter le décor et présenter les personnages principaux qui font ensuite escale à Tahiti pour s'approvisionner, embarquer des tahitiens volontaires et puis qui se réfugient sur une île dont ils espèrent que personne ne la trouvera. Commence alors (comme pour « Malevil ») l'histoire d’une société qui se construit à partir de rien. Ou plutôt, qui se construit en toute liberté mais avec les contraintes mentales qu’impose la société dont tous ces gens sont issus. Et rien n'est simple. Il y a des officiers et de simples marins (qui dirige une fois à terre ?). Il y a des Anglais bon teint et des Tahitiens (vous avez dit « racisme » ?). Il y a des hommes et des femmes (mais pas assez de femmes : vous avez dit compétition sexuelle ?). Et comme souvent chez Merle, il y a sa façon à lui de se couler dans une langue ; ici le tahitien. Pour moi, Robert Merle est le meilleur conteur de sa génération ; un immense écrivain. Il fait bon vivre dans ses livres. Il fait bon vivre avec lui.
Passionnant 8 étoiles

Une bande de mutins voulant fuir les autorités se réfugie sur une île isolée. Ce petit paradis se transforme vite en cauchemar, car les hommes emportent partout avec eux leur désir de posséder plus que les autres et un goût immodéré pour la domination de leurs congénères. L’éternel destin des hommes serait-il de tout gâcher ? Un regard très négatif sur le genre humain qui pourtant touche au plus haut point le lecteur, car heureusement, tout n’est pas sombre dans ce merveilleux récit. Excellent !

Kabuto - Craponne - 64 ans - 4 février 2024


Une lecture dépaysante et intemporelle 8 étoiles

Voilà, finie l’histoire de ces mutins embarqués ensemble sur une île perdue au milieu de l’océan Pacifique. L’île était mon premier roman de Robert Merle, force est de constater que cela ne sera sûrement pas mon dernier.
Une grande majorité des nombreuses critiques précédentes insistent sur le talent de conteur du romancier et sur l’intemporalité de cette histoire, je ne peux que me joindre à elles.
Particulièrement bien narrée, l’histoire de ces hommes pour qui tout aurait si bien pu se passer, est prenante. Merle campe parfaitement ses personnages, leurs tempéraments, leurs dissensions politiques, culturelles, leurs caractères, leurs rivalités, leurs rancœurs et j’en passe.
L’île est un roman agréable à lire, prenant, dépaysant également de par son histoire, le lieu où se situe l’action mais aussi et surtout sa temporalité.
Un roman réussi, une agréable découverte.

Sundernono - Nice - 41 ans - 10 mars 2021


Ma maison c'est Adamo ! 9 étoiles

Ma maison c'est Adamo !

Et voici la perle de Robert Merle, cet infatigable conteur.
Une espèce de version des RÉVOLTÉS DU BOUNTY" mais qui décortique principalement les relations humaines. C'est sur cette analyse que ce roman indémodable présente tout son intérêt.
Capté dès le début, le lecteur participe aux émotions parfaitement orchestrées.
Un conseil cependant : évitez de lire les préfaces des différentes ré-éditions, elles ont la vilaine tendance de dévoiler une partie de l'intrigue.

La grande question que pose cette grande aventure c'est de savoir pourquoi une poignée d'hommes va empoisonner ce qui pourrait être un paradis terrestre ? Pourquoi Caïn a-t-il tué Abel ? Quel était le but, le vrai. Le mobile universel.
D'aucun diront que l'homme est foncièrement mauvais, l'auteur abonde dans ce sens mais semble donner une lueur d'espoir.

Monocle - tournai - 64 ans - 3 mars 2020


Merle conteur prodigieux 9 étoiles

Robert Merle signe encore un roman exceptionnel. Cette fois dans le registre fait historique. Que de plaisir de lire une histoire aussi bien contée. On se retrouve comme dans "Malevil"; dans la peau d'un super héros humaniste plein de bon sens. Celui-ci évoluera dans une société où cohabitent tous les grands vices de l'Homme (racisme, envie, jalousie et la soif du pouvoir) mais aussi l'amitié et l'amour. Par cette histoire Merle décrypte les comportements qui mènent cette société à son autodestruction.

Manu2793 - Voiron - 37 ans - 13 mars 2015


pourtant, tout était possible 8 étoiles

Avec "L'île", Robert Merle imagine et réinvente, sur le postulat de l'histoire des "révoltés du Bounty », les relations interpersonnelles et groupales. J'ai trouvé son postulat de base plutôt pessimiste. Au travers de ce livre, Merle semble nous dire que l'homme, placé dans un contexte favorable à son évolution, ne change pas, ne s'améliore pas. Qu'il s'agisse de Purcell, le héros sans peur et sans reproche, consciencieux jusqu'à la presque niaiserie, Mason, le "Capitaine", qui rêve de mériter ce titre qui lui a échu en conséquence d'un meurtre, ou de Mc Leod, qui voit dans cette nouvelle vie l'occasion de prendre une revanche sur son passé, tous arrivent avec leurs bagages sur cette île, et ne sauront les poser pour construire quelque chose de nouveau.
Au-delà de cette vision un peu pessimiste que je ne partage pas, j'ai trouvé ce roman très agréable à lire, passionnant dans son analyse des rapports humains. Comme l'ont fait remarquer d'autres lecteurs, le langage des Tahitiens est porté par une écriture fleurie et imagée, qui fait voyager. Il nous permet de faire connaissance avec certains de leurs codes, de leurs coutumes, avec leur façon d'appréhender la vie.
Enfin, j'ai trouvé très intéressant le rôle que Merle fait jouer aux Tahitiennes. Elles sont pour moi au cœur de l'ouvrage, et les véritables héroïnes de l'histoire. A la fois frivoles et drôles, intelligentes et naïves, aimantes et haineuses, patientes et travailleuses, elles sont les détentrices d'une espèce de sagesse ancestrale qui tient plus à la connaissance des travers des hommes que d'une divinité quelconque. Je tire donc mon chapeau à Ivoa et à ses compagnes, et surtout à Omaata, dont j'aurais aimé faire la connaissance !

Ellane92 - Boulogne-Billancourt - 49 ans - 14 mai 2013


Merci Monsieur Merle pour ce présent inestimable que vous nous avez fait. 10 étoiles

Voici un roman d'une rare intensité ,d'une richesse de passions humaines ,impressionnante, si fort, parfois , qu'il donne le vertige.
Conflits insolubles ou presque , violences cruelles, négociations acharnées, haines destructrices , mais surtout, force de vie sans cesse renouvelée et , lumineuse tendresse des personnages , tel un baume apaisant leurs inexorables malheurs.
Et puis , les questions jaillissent, sans cesse , en nous, durant ce récit . En voici trois parmi une foule d'autres :-L'incompréhension entre les êtres est-elle inéluctable ? -Sommes-nous enfermés dans notre « bonté » ou dans notre « méchanceté »sans espoir d'en sortir ou de les nuancer ? -Que dire de cette propension qu'ont les humains à «  gâcher » la vie qui leur est offerte ?.
« L' ile » c'est tout cela et aussi la  «  Mère Nature »qui donne tout à ses « enfants terribles » ( ils pourraient y vivre dans l'harmonie et l'abondance ),mais ils vont « malgré tout »  la corrompre avant de se perdre .
Cette histoire à la fois magnifique et amère , n'est-ce pas le miroir qui mous renvoie notre propre image ?
J'ai été profondément ému tout au long de ce livre, jusqu'à la dernière ligne.
Merci Monsieur Merle pour ce présent inestimable que vous nous avez fait.

Boris52 - nice - 72 ans - 20 décembre 2010


Quel conteur ! 9 étoiles

L'idée de départ de ce livre d'aventure est de romancer l'histoire des révoltés du Bounty, l'auteur déclare en préambule que ce qu'il raconte est bien sûr totalement inventé et en aucun cas un livre historique.

Une mutinerie a donc lieu à bord d'un navire anglais et pour ne pas devoir subir le châtiment promis aux mutins ( la pendaison ), ceux-ci décident de trouver refuge dans une île perdue et d'y faire leur nouvelle vie. Afin de permettre cette réalisation, les mutins britanniques au nombre de 9 se font "accompagner" d'hommes et de femmes tahitiennes.

Tout semble offert à ce groupe pour prospérer dans leur nouvelle île, seulement le racisme britannique vis à vis des tahitiens freine la perspective d'une vie idyllique espérée par tous.

S'ensuivront des aventures à un rythme endiablée où de nombreux travers humains feront leur apparition malgré la volonté de certains de voir une vie harmonieuse s'installer.

Robert Merle nous démontre une nouvelle fois son imagination fertile et sa grande qualité de conteur dans ce roman d'aventures foisonnant . Cela ne fait que me conforter dans l'idée de lire la grande saga " fortune de France ".

Soili - - 51 ans - 18 novembre 2006


le 28ème passager 8 étoiles

Il y a les méchants très méchants, le gentil vraiment très gentil, tellement gentil qu'il en devient énervant : un saint.
Et puis, il y a les Tahitiens.

Ce qu'il y a de passionnant dans ce livre, hormis l'aventure qui l'est tout à fait, c'est les Tahitiens. On apprend quelques-unes de ce qui devait être leurs anciennes coutumes, on apprécie leurs conceptions si simples et si humaines de la vie et on se réjouit de vivre à leurs côtés tout au long des 700 pages de ce roman.

Robert Merle adopte, quand il fait parler les Tahitiens, un langage pittoresque qui ne manque pas de charme ni de subtilités et, quand il fait parler les marins, un langage populaire pas piqué des hannetons.

Bref, si chaque chapitre n'était pas voué à célébrer la sainteté de ce héros si énervant mais à qui on s'attache tout de même parce que c'est un vrai gentil quand même, ce livre serait une vraie merveille.
Quoi qu'il en soit, on trouve toute l'humanité dans ces pages, des meilleurs à ses plus mauvais aspects.

Et ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit... j'ai vraiment beaucoup aimé ce livre, et cette île m'a pris en otage...
D'ailleurs, le 28ème passager a avoir embarqué dans cette aventure, c'est moi !

Trisopathe - - 45 ans - 18 juin 2004


Piètre race humaine … 10 étoiles

« L'île » est, à mon humble avis, le meilleur roman de Robert Merle avec « Malevil ». L'écrivain est à n’en pas douter un grand connaisseur de l’âme humaine et dans « L’île », il fait ressortir ce qu'il y a de plus mauvais dans l'homme.
Ce groupe de réfugiés, des mutins et des tahitiens, se retrouvant sur cette île déserte va tomber dans tous les pièges : racisme, envie, haine, violence. Le microcosme répète sans la moindre hésitation toutes les erreurs du macrocosme. Et pourtant, ils avaient tout au départ pour que cette aventure réussisse.
La nature humaine ne sort pas grandie de cette histoire mais quelle leçon magistrale !

Maya - Eghezée - 49 ans - 8 novembre 2001