Bienvenue à Boboland : Le comportement humain en milieu urbain
de Charles Berbérian (Scénario et dessin), Philippe Dupuy (Scénario et dessin)

critiqué par Cuné, le 6 août 2008
( - 56 ans)

La note: étoiles

Dans quel monde Vuitton ?

"Bobo" on entend ce terme partout, mais finalement, sait-on vraiment ce que c'est ? Après la lecture de cette petite BD, oui, assurément !

L'art du détail est porté à son paroxysme et l'observation est fine, on sourit beaucoup et on se moque. On sait qu'on est tous le bobo de quelqu'un, de toute façon.

Ainsi, Happy brunch croque avec vacherie et autant de tendresse la terrasse d'un troquet équitable-bio, dans le quartier du canal Saint-Martin; s'y retrouvent des amis, dont un couple qui n'a pas son compte de sommeil à cause du petit, le père est à cran, indélicat et con, la mère calme sans cesse le jeu, jusqu'à ce qu'elle plante là tout le monde. Pendant ce temps la serveuse est à l'ouest, et affiche une mine tout sauf avenante, et deux amies discutent à la table d'à côté. L'une a perdu son mari, après 45 ans de mariage, il y a 6 mois. Elle ne se remet pas. Une petite fille, intriguée par la tristesse de cette vieille dame, entendant "ce qui me manque le plus, c'est la tendresse. Toucher... être touchée..." vient lui prendre la main, en la regardant simplement de cet air grave qui n'appartient qu'aux petits enfants. Un ange passe. Jusqu'à ce que les parents, entre deux altercations et l'idée d'aller passer Pâques à Buenos Aires la rappellent...

Et puis ce succès d'édition, Le jardin du derrière de ma mère, saynète formidablement amusante et mordante envers ce milieu.

Et puis tous les personnages récurrents, dont on suit avec de plus en plus d'intérêt les petites et grandes misères et splendeurs.

Vous cherchez un 17 mètres carrés à rafraichir pour 700.000 euros ? Un super pote SDF à qui vous venez raconter les affres de vos préparations de dîner mondain ? Un présentateur télé incapable de mémoriser le nom de ses invités ? Vous aimez attendre 3 heures pour finalement manger ce que vous n'aviez pas commandé dans les restos "haïpe" ? Non ? Mais vous aimerez lire tout ça, j'en suis persuadée :)

faible
Je reste sur ma faim. Les observations sont peut être justes, mais aussi superficielles et faciles. Les personnages sont caricaturaux et sans aucune profondeur. Les auteurs ont exploité un filon (ah ah rions sur le dos du bobo) et je ne retrouve pas dans cet opus l'humanité et la profondeur des premiers "Mr Jean". Valadon - Paris - 43 ans - 22 janvier 2011

L’éthique et les tocs du bobo
Ces chroniques de la vie urbaine (teeeeellement parisienne) du "bo-bo", bohème en apparence et bourge en devenir, sont tout à fait hilarantes pour quiconque se pose encore des questions sur ce phénomène apparu dans les années 90, lorsque l’écologie commençait à devenir un thème « respectable ». Si vous-même vous sentez proches des bobos dépeints dans cette BD, vous devriez sourire au moins une fois, à condition que vous soyez doté d’un certain sens de l’autodérision. Si par contre vous en êtes mais sans la qualité précitée, votre sourire virera facilement au jaune. Mais au fait c’est quoi, un bobo ? Le cœur à gauche et le portefeuille à droite ? Le bobo moyen est-il sympathique, pathétique ou carrément détestable ? Un peu des trois, peut-être, mais plus sûrement proche de la deuxième option… D’ailleurs, personne ne s’avouera jamais comme tel, et pour cause… L’ouvrage vaut largement une étude sociologique sur la question, grâce à l’œil aiguisé et caustique des auteurs. Avec une jubilation non feinte, le duo étale au grand jour les contradictions et les travers de cette espèce curieuse, à côté de ses pompes à force de redouter la ringardise, bouffant bio mais adepte des vols charters vers les destinations à la mode, sous-produit parfait de nos sociétés capitalistes décadentes en ce début de siècle. Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 5 avril 2010