Mange-Matin
de Valérie Rouzeau

critiqué par Sahkti, le 6 août 2008
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Prends un mot et amuse-toi!
Tout commence avec des mots mystérieux, des mots extraits du Gradus, le dictionnaire des procédés littéraires, de Bernard Dupriez. Des mots qui paraissent bien étranges et profanes et sont le reflet d'une spécialisation de la technique qui échappe à une bonne partie du grand public. Des mots bizarres qui sonnent musicalement, qui peuvent passer pour des jurons, explique Valérie Rouzeau dans sa préface, comme épitrochasme, paréchème ou encore symploque. Drôle et intriguant, alors va pour la balade-découverte au gré des mots inconnus!

Les poèmes de Mange-Matin tournent autour d'eux, les explorent sans trop les disséquer et surtout, donnent envie de les comprendre. C'est tout de même bien mieux que les règles théoriques qui finiraient par avoir raison du plus assidu des lecteurs! Attention toutefois, il ne s'agit pas ici de définitions à proprement parler mais de variations inspirées par un mot, ses sonorités et/ou sa signification.

Par exemple, "oeuf en robe" dérive de "euphorbe" (une plante oubliée):
"j'ai perdu le nom d'une plante difficile
est-ce amphore sonore je ne sais plus: en or
Petite flore corolle colore rose quel sort
Je me la rappelle au jour de sa mort
Envolée pâle quoi de merveille rompue"
(page 32)

Valérie Linder illustre le tout par de savants montages chauds et colorés. Découpages et superpositions accompagnent le texte de Valérie Rouzeau et lui offrent un écrin coloré qui donne graphiquement vie à ces mots détonateurs.

Encore un chouette ouvrage des éditions de l'Idée bleue, à paraître à la rentrée! J'ai aimé sa fraîcheur et sa vivacité, cet esprit de répartie et puis les jolies sonorités de Valérie Rouzeau.