Les Guerres Secrètes
de Laurence Belingard (Traduction), Jim Shooter (Scénario), Bob Layton (Dessin), Mike Zeck (Dessin)

critiqué par Numanuma, le 30 juillet 2008
(Tours - 50 ans)


La note:  étoiles
Mieux qu'une idée géniale: un modèle
En ce qui me concerne, les années 80 ne se résument pas uniquement à de la musique avec trop de synthés et aux cravates en cuir. Pour moi, cette époque coïncide avec Récré A2, avec des problèmes de baignoire qui se vide et de trains qui se croisent, avec l’imparfait du subjonctif et les cours d’EPS où je n’étais pas vraiment à ma place.
Et surtout, cela me rappelle mon argent de poche partant dans divers magazines aujourd’hui disparus : Strange, Spidey, Nova…
Ce fut donc sans hésitation aucune que je me suis jeté sur ce lourd volume à 30 euro regroupant l’intégralité des épisodes de la mythique saga des Guerres Secrètes, le premier crossover de l’Histoire.
Pour faire simple : divers super héros appartenant à des BD différentes se retrouvent obligés de s’allier pour faire face à une équipe de super vilains venant eux aussi de diverses séries. C’est le principe du crossover. Pour vous donner un exemple cinématographique : Alien vs Predator est un crossover, tout pourri certes, mais c’en est un.
Ici, une entité toute puissante, le Beyonder, fait s’affronter les deux équipes avec comme récompense, la possibilité pour le vainqueur d’obtenir absolument tout ce qu’il veut. Evidemment, avec un synopsis aussi simpliste, la série aurait pu vite tourner en eau de boudin en se résumant à des bagarres à outrance.
Heureusement, les scénaristes ont bien fait leur boulot ne serait-ce que par le choix des divers protagonistes. Ainsi, Magneto, l’Ennemi des X Men se retrouve dans le même camp que ces derniers. Inversement, Galactus, qui est au-delà des concepts de Bien et de Mal, se retrouve dans le groupe des vilains avec Fatalis, autre personnage clef de la galaxie Marvel et totalement ambivalent.
Pour couronner le tout, des dissensions animent les deux groupes, ce qui permet d’éviter un affrontement uniforme entre les deux groupes.
La série a été un best seller et cela est amplement justifié. Une lecture actuelle, plus de vingt ans après sa création, reste un grand moment de plaisir même si les auteurs ont parfois perdu tout sens de la retenu, ainsi cet épisode dans lequel Hulk porte sur ses épaules une chaîne de montagnes plus grande que l’Himalaya mais se fait étaler dans l’épisode suivant par un simple robot de combat…
Et surtout, c’est dans cette saga que Spiderman obtient son costume noir, celui qui a servi dans le film Spiderman III.
Dans l’univers Marvel, il y a un avant et un après Guerres Secrètes et la série servira de modèles à d’autres au point que le crossover est devenu un genre en soi. Par contre, le trait a bien vieilli. A l’époque, avec mes yeux d’alors, c’était le top du dessin. De nos jours, les divers studios ont envoyé le monde des comics à l’échelon supérieur. On ne compte plus les versions bodybuildées des personnages Marvel. Ici, le trait est réaliste dirons-nous, en ce sens que le dessin n’est pas à l’hypertrophie des biceps, ni aux décollettes surdimensionnés pour les héroïnes. Bref, pas sexy et les couleurs joyeusement criardes et improbables.
Je n’avais pas eu l’occasion de connaître la fin de l’histoire, c’est chose faite mais je reste dubitatif. Souvent, dans ce genre de projet à long terme, les profils psychologiques des personnages les plus intéressants deviennent le fil conducteur du récit. Dans le cas présent, Fatalis est le personnage qui tire son épingle du jeu dès le début du récit. La fin de l’histoire gravite autour de lui et prend une tournure ésotérique un peu tirée par les cheveux, ce qui à mon avis, ne rend pas service au scénario.