Débris
de Dennis Kelly

critiqué par Sahkti, le 25 juillet 2008
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Pauvre société, regarde-toi!
Le recueil s'ouvre sur l'histoire d'un père qui construit une croix de 4,50 m de haut dans son salon et tant pis pour l'étage au-dessus; il s'y crucifie et demande à son fils pourquoi ce dernier l'a abandonné.
Le second récit évoque le tragique destin d'une femme enceinte qui s'est coincé un os de poulet dans la gorge et en est morte, en ayant peur que son bébé n'y passe aussi; il survivra.
On poursuit avec une famille vivant sur un tas d'ordures et un enfant qui observe le monde "propre" à côté de lui. Et ainsi de suite...
Autant de récits, forts mais pas forcément crus, qui évoquent la difficulté relationnelle au sein de l'empire familial, que celui-ci soit mis sous pression sociale ou bien se désagrège de l'intérieur. Les textes sont courts et percutants, absurdes également dans leur décor ou leur action, mais terriblement réalistes quand il s'agit de croquer la misère humaine qui constitue de nombreux rapports familiaux. Nous voilà face à de pauvres destins, à des gens qui se gavent de télé pour penser que tout va bien, qui mangent n'importe quoi et se tapent dessus, qui ne se disent pourtant moins heureux que d'autres; les repères sont différents. L'occasion d'un coup de poing donné par l'auteur dans la vitrine de notre univers si politiquement correct qui refuse de regarder autour de lui et d'accepter cette société à deux vitesses qui va croissant. Dennis Kelly est Britannique, les années Brown et le retour d'une pauvreté très visible marquent ce texte.

Un texte publié par les Editions Théâtrales avec la collection "Traits d'Union" ou 27 pièces d'Europe pour autant de pays, dans le cadre de la "Saison culturelle européenne".
Plus d'infos sur cette collection, ainsi que sur les lectures qui auront lieu dans toute la France à cette occasion:
http://www.editionstheatrales.fr/traitsdunion/