Crépuscule Ville
de Lolita Pille

critiqué par B1p, le 22 juillet 2008
( - 51 ans)


La note:  étoiles
tout d'une grande
Pour être honnête, il faudrait que je m'excuse ici auprès de Lolita Pille. Parce que je me méfie toujours des bouquins qui créent le buzz ou des écrivains "hype", du genre de ceux dont s'emparent les médias plus pour la réputation de ce qu'ils ont écrit que pour sa qualité.
J’ai une circonstance atténuante : je n’avais jamais lu un de ses romans, et c’est donc à mes risques et périls que je me suis plongé dans « Crépuscule Ville ». Pourquoi ? Parce que le roman d’anticipation est un genre que j’affectionne. Et Lolita Pille ne m’a, contre toute attente, pas déçu.

Il y a longtemps, un bidouilleur génial a ouvert la voie du bonheur à l’Homme. Grâce à lui, chaque humain est muni d’un traceur permettant de le repérer à tout instant. A heure fixe, chaque humain doit faire part à ce mouchard hyper-performant de ses besoins les plus intimes, de ses douleurs, de ses déceptions. L’information est traitée par un système informatique central qui décode cette quantité invraisemblable de messages avec un seul but : œuvrer pour le bien-être de l’Homme, l’essence de Clair-Monde.
Service de Prévention du Suicide, Service de Prévention des Accidents, quelques services qui permettent à l’Homme de mieux-vivre, ou de trouver simplement sa place dans la société du bien-être.
Sauf que les dés sont légèrement pipés. On ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs.
Alors que tout est là pour que le Bonheur existe pour tous, il y a, parfois, quelques ratés. Blackouts quand l’électricité vient à manquer, plongeant les habitants dans le désarroi par panne momentanée des paradis artificiels retransmis en réseau. Drogues devenues légales après la « guerre narcotique ». Horizon qui pourrait être radieux si un gaz persistant et opaque n’avait plongé la ville depuis de longues années dans le crépuscule, tous les essais pour retrouver le soleil ayant échoué.

Il faut bien le dire, il y a rapidement assez peu d’ambiguïté sur le genre de monde où Lolita Pille nous plonge. Bien que les apparences veuillent que tout soit au mieux dans le meilleur des mondes possibles, c’est le désespoir qui se fait jour dès les premières pages, avec les hommes noirs sans visage qui poursuivent les récalcitrants, les suicides de ceux que l’overdose de plaisir n’a pu rassasier, le regard figé des adeptes des reconstructions plastiques qui n’arrive pas à masquer l’absence de monde intérieur.

Et il faut reconnaître que Lolita Pille fait suinter chaque page de son roman d’un désespoir extrêmement puissant, d’une puissance tellement pure qu’on n’a pas l’impression qu’on ait lu quelque chose de tel jusque là, dans un roman ou dans n’importe quel autre écrit. Ce serait, d’ailleurs, la qualité première du roman.
Et puis, il y a l’histoire. Evidemment, Lolita Pille a fort à faire face aux Grands Classiques du genre, qui sont totalement indépassables : qu’est-ce que « Crépuscule Ville » à côté de « 1984 » et « Le Meilleur des Mondes » ? Voire à côté des films comme « Dark City » ou « Blade Runner » ? Evidemment, il y a un peu de tout cela dans le récit de Pille : les ingrédients des anticipations mortifères sont maintenant connus et il est difficile d’imaginer des ressorts réellement originaux. Mais tout de même. Qu’on ose s’attaquer sans rire à la comparaison de « Crépuscule Ville » avec ces classiques, ce n’est pas rien : Pille a la plume qui lui permet d’être comparée aux Grands.

On s’attache rapidement aux destinées du « flic » Syd Paradine et de Blue. On voudrait comprendre avec eux quelle finalité réelle poursuit cette débauche de paradis artificiels, on voudrait savoir qui est à l’origine des attentats terroristes qui éclatent dans la Ville. Oui ou non, est-ce dû à l’action des renégats des non-zones ou le pouvoir en place a-t-il d’autres desseins moins évidents ?
Il est difficile de décrocher des 380 pages du roman tant qu’on n’a pas eu la réponse à ces questions, tant la descente aux enfers de Blue et Syd est vertigineuse et que l’épilogue ne peut que prendre la forme d’une rédemption.
A éviter ! 1 étoiles

Grand fan des deux premiers romans de Lolita Pille, j'ai été très déçu par celui-ci, à tel point que je n'ai pas réussi à dépasser les 90 pages (sur 375 pages environ)!

L'auteur se lance cette fois-ci dans le roman d'anticipation, un genre que j'apprécie habituellement. Mais là, ce n'est pas le cas.
La faute à un monde trop caricatural, pas assez fouillé, à peine esquissé, à un vocabulaire qui se veut novateur (l'exemple des Traceurs) mais qui n'est pas expliqué, à un style haché, brouillon et à une histoire qui ne décolle pas, qui ne passionne pas...

Bref, j'ai essayé d'aller au bout de ce livre mais je n'ai pas pu.
Vivement un retour à la réalité !

Marsup - - 48 ans - 21 avril 2011


Ah ... Crepuscule Ville. 1 étoiles

Parmi les trois romans de mademoiselle Pille, c'est celui que j'ai trouvé à la fois le plus recherché et travaillé, mais également le mois attrayant. Je m'explique. Trop de descriptions sur le monde futuriste, beaucoup de phrases non pas que je lis mais que je décrypte. J'ai eu du mal à me plonger dans cet univers noir, cette ville qui ne voit plus la lumière du jour. Des machines complexes comme le traceur, un SPI qui impose sa dictature. Trop d'éléments impossibles à imaginer. J'ai lâché 100 pages avant la fin, j'avais sans cesse l'impression d'être larguée par les pages. Les seuls moments où je suis rentrée dans le roman ont été lorsque le héros échappe à la fusillade du SPI (il croit avoir été vu, mais c'est un petit garçon qui est abattu) et lorsqu'il sauve la vie à Blue qui allait se noyer dans le bar. Très sombre, calme, même silencieux, ce roman offre peu de dialogues comparé aux deux autres qui m'ont séduite. Une vision très pessimiste du monde futur. L'histoire d'amour entre le héros et Blue me semble à la fois sauver la mise au roman et à la fois incongrue au milieu de ce monde noir et sans espoir qu'on nous dresse.

Aurelia.g - - 35 ans - 9 mai 2009


Déçue ! 3 étoiles

J'ai entendu parler de ce livre lors d'une émission TV et j'étais très impatiente de me plonger dans ce monde si noir créer par la romancière. J'étais très curieuse, je m'imaginais déjà dans cette histoire de science fiction, je pensais que j'allais me régaler.

Mais je n'ai malheureusement jamais pu m'habituer à ce style d'écriture. Il est rare que cela arrive mais je n'ai jamais pu terminer ce livre.
C'était horrible de sentir cette appréhension à chaque fois que je tenais ce bouquin entre mes mains.
Et pourtant, il déborde d'imagination mais franchement j'ai trouvé que c'était " brouillon ". Ce n'est peut-être pas le mot adéquat mais c'est celui que me revenait à l'esprit à chaque fois que j'essayais de décrypter les phrases que je lisais.
Vous êtes dans le présent dans un paragraphe pour être dans le passé le suivant sans aucune fluidité. C'est démesuré.
Quelque fois même, je retournais en arrière pour vérifier que je n'avais pas sauté de pages.
Rien ne veut vous accrocher pour vous aider à continuer, comme si Lolita Pille s'en moquait complètement de savoir si le lecteur allait comprendre et la suivre jusqu'à la fin.
A mon grand regret, j'ai démissionné avant l'heure et je m'en veux un peu. Qui sait, un jour peut-être j'y reviendrai et apprécierai ?

MAGGUIL - - 44 ans - 3 avril 2009


Station Exit, toute sortie est définitive 5 étoiles

Tout comme B1p, je n’avais encore jamais lu la production de Lolita Pille, jeune « auteure » que la critique adore détester. Je dois l’avouer, le sujet de Hell, son premier roman, la vie difficile des enfants de parents riches mais toujours absents ne m’a pas vraiment donné envie. Quant-au second, Bubble Gum, je n’en ai pas entendu parler. J’ai donc essayé de projeter un regard neuf, ou du moins, vide de préjugé, sur ce troisième roman d’inspiration futuriste, ou, comme le dis avec justesse B1p, un roman d’anticipation.
Je ne vais pas résumer l’action, B1p la très bien fait mais contrairement à lui, j’ai eu bien du mal à me sentir concerné par l’histoire. Il faut dire que la littérature de science-fiction ou d’anticipation n’est pas ma tasse de thé et qu’il me manque peut-être la connaissance des codes du genre pour m’y sentir à l’aise. Heureusement, Lolita Pille, dans une interview à Rock & Folk, m’a donné la clef : Ce bouquin est de l’anticipation mais les personnages parlent comme dans les années 50 et je n’ai pris soin de d’inventer que des trucs foireux comme les implants bancaires, le Traceur.
Je dois dire que l’ « hyperdémocratie » que nous présente Pille est véritablement un repoussoir. Je ne sais pas si les années 50 avaient des fantasmes de contrôle intégral mais si c’est le cas, c’est réussi. Et est-ce si éloigné de notre futur à nous ? Après tout, le Traceur ressemble assez à nos téléphones portables même si son nom évoque bien plus un mouchard. Le monde mis en place dans ce roman semble débarrassé de toute hypocrisie : la confession hebdomadaire y est obligatoire, le Traceur peut vous mettre sur la route des personnes du sexe opposé auxquelles vous êtes susceptibles de plaire, un service prévient les tentatives de suicide, un autre les accidents. La liberté a perdu sa place au profit du contrôle ; une certaine logique sécuritaire a remporté la partie dans discussion possible. Comme une Guerre Froide permanente mais non pas contre une autre nation ou une idéologie différente mais contre l’individualité. L’Homme de ce futur mercantile jusqu’à la nausée n’assume plus ses actes. Par ses confessions, l’ordinateur central analyse les envies, les peurs, les secrets de l’individu pour en faire les besoin de l’humanité.
C’est bien le désespoir qui guide ce monde, la non-vie et le suicide qui ouvre le roman donnent le ton. Il est dommage que ce désespoir soit incarné par un flic alcoolique au bord de la rupture, image bien trop utilisée au point, me semble-t-il de perdre son statut de classique pour celui, moins enviable, de lieu commun. J’imagine que cela sert mieux le propos et l’écriture.
Or, l’écriture, c’est là le point faible. Je n’ai pas ressenti de souffle particulier, Lolita Pille ne m’a pas pris par la main, encore moins par le cœur… ni les couilles. Par contre, j’ai le cerveau suffisamment titillé pour apprécier. Je trouve que les passages vraiment beaux et lumineux sont trop peu nombreux malgré quelques trouvailles très stimulantes telles que « les morts bancaires n’ont pas d’âme ». Plus simplement, je n’ai pas trouvé une écriture au service de l’histoire.
Toujours dans Rock & Folk, Lolita Pille parle de « littérature clandestine » pour qualifier son travail, ce qui me semble une bonne définition et une belle façon de considérer son travail.
Il est clair que sa façon d’aborder l’écrit n’a rien à voir avec les gros vendeurs de clichés, mettez ici les noms des auteurs qui vous paraissent entrer dans cette catégorie. Je suppose que son style se rapproche plus des Pulps que de Simenon. Son univers est beaucoup trop noir pour le roman policier classique et les thèmes sont loin d’être porteurs : pas de bébé, pas de belle jeune fille, pas de happy end… « une quête de vérité et un univers cyberpunk rétro futuriste foireux se combinent ».

Numanuma - Tours - 51 ans - 7 septembre 2008