Jazz image : Les grands photographes de jazz
de Lee Tanner

critiqué par Débézed, le 20 juillet 2008
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
"Attardez-vous dans les parages de ces images, vous entendrez la musique"
Une fois de plus j’ai remis un CD de Billie Holliday sur ma platine où elle pleure toute la misère que Dieu lui envoie et toute la misère que le peuple noir subit depuis qu’il est en Amérique, mais j’aurais pu aussi bien faire chanter le saxo de Bird ou, une fois de plus, m’abandonner au sublime chant du Genius ou encore, ou encore … mais la liste est trop longue de tous ces merveilleux musiciens qui m’apportent plus que de la musique, de l’émotion et aussi un certain frisson que je ne sais pas décrire avec mes mots, comme une douleur confondue avec un brin d’enthousiasme et d’exaltation ou une joie profonde empreinte d’émotion et de mélancolie. Certainement un peu de tout cela à la fois.

Pour mieux vivre cet instant d’émotion et mieux comprendre les intentions (mon fils disait que le jazz est une musique d’intention) de ces artistes, j’ai sorti ce grand livre de photos que mes collègues m’ont offert quand j’ai décidé de rompre avec la vie professionnelle. Une citation de John Coltrane y dit : « le désir primordial du musicien, ce serait d’offrir à l’auditeur une image des innombrables merveilles qu’il connaît et qu’il perçoit dans l’univers. » Et Lee Tanner, dans sa préface, écrit : « Ils étaient là, couchés sur la page, ces musiciens pris sur le vif, en train de jouer au lieu de poser dans des postures figées pour des photos publicitaires. » Il suffit de voir la photo de Billie Holliday en plein chant ou de James P. Johnson en pleine jam-session pour se convaincre que cette musique a aussi une image et une âme.

Alors pour l’éternité, Lee Tanner a réuni dans ce splendide album les meilleures photos des vingt-sept plus grands photographes de jazz qui ont figé sur le papier glacé cinquante des plus grands artistes s’étant produit depuis 1930, parce qu’avant la technique ne permettait pas de réaliser des clichés de qualité suffisante. Ce livre est un hommage à cette musique, à ceux qui l’ont fait vivre et vibrer et à ceux qui l’ont mise en images pour notre plus grand plaisir et pour que dure notre émotion. Et, pour rester encore un peu sous le charme, j’écoute Charlie Haden avec Pat Metheny dans « Beyond the Missouri Sky » un CD qui tourne, tourne, … dans ma tête avec une douceur infinie au rythme obsédant de la basse.