L'appel du lac
de Carol Goodman

critiqué par Féline, le 17 juillet 2008
(Binche - 45 ans)


La note:  étoiles
Mystères et légendes au pensionnat
Jane enseigne le latin à Heart Lake, un pensionnat pour jeunes filles, où les mythes du passé envoutent certaines pensionnaires, au point qu’il n’est pas rare de les voir nager en pleine nuit dans le lac pour faire des offrandes à la Dame du Lac, sur un des trois rochers symbolisant les trois filles de la fondatrice de l’école. Selon la légende, ces pierres seraient apparues la nuit où les trois jeunes soeurs se seraient noyées dans le lac.

Bientôt, le passé de Jane resurgit sous la forme de pages de son journal intime qui réapparaissent mystérieusement, alors qu’il avait disparu vingt ans plus tôt ; elle retrouve dans la cour de l’école de sa fille des objets de son adolescence, quelqu’un semble en vouloir à la vie de sa fille, … Qui semble au courant qu’elle a quelque chose à voir avec le suicide de ses deux compagnes de chambre quand elle était elle-même étudiante à Heart Lake des années auparavant? Qui veut lui faire payer ces morts atroces?

Les choses s’emballent quand une de ses étudiantes tente à son tour de se suicider en reproduisant le modus operandi d’une de ses anciennes amies.

J’ai acheté ce livre attirée par la quatrième de couverture qui disait que ce roman avait été comparé par la critique au « Maître des illusions » de Donna Tartt, mon roman culte. Je n’ai donc pas pu résister. Si ce roman est à mille lieues de la qualité du « Maître des illusions », il est vrai qu’il en reprend certains ingrédients : une école isolée dans un décor naturel assez hostile, des jeunes d’une intelligence supérieure qui étudient le latin et une atmosphère remplie de mystères et de secrets enfouis. Carol Goodman a malgré tout su créer un univers et un roman propre et réellement original. Et cela mérite d’être souligné.
Au début du récit, j’ai un peu déploré la présence de clichés liés aux adolescentes qui versent dans le look « gothique » avec des cheveux teints en noir ou rouge, vêtements sombres et bijoux qui illustrent la mort et qui sont fascinées par le suicide. Mais rapidement, ces travers sont oubliés et l’écrivain nous plonge dans un univers sombre où le lecteur ne sait pas si des meurtres sont commis ou si ce sont de véritables suicides.

Au fur et à mesure de la lecture, le passé de Jane se dévoile, par bribes savamment dosées, de manière à nous tenir en haleine. Passé et présent sont étroitement entremêlés jusqu’à ce que la fin nous révèle le lien entre ces deux époques. Le suspens est bien mené et l’intrigue efficace.

J’ai beaucoup aimé ce roman, découvert par hasard. Même si ce n’est pas de la grande littérature, j’ai apprécié l’atmosphère particulière d’un pensionnat pour jeunes filles perdu dans les Adirondacks en plein hiver neigeux avec un lac qui joue un rôle des plus prépondérants. Les personnages sont très bien dessinés, certains auxquels on s’attache, d’autres qui sont réellement exécrables. Une intrigue que j’ai personnellement trouvée originale et passionnante, même si je pense que certains la trouveront trop cousue de fil blanc. Un roman que j’ai quitté à regret.