La Citadelle
de Archibald Joseph Cronin

critiqué par Odile93, le 15 juillet 2008
(Epinay sur Seine - 69 ans)


La note:  étoiles
ou la vie d'un médecin écossais au siècle dernier
LA CITADELLE est un livre que j'ai lu "dans ma jeunesse", c'était en quelque sorte un bestseller comme le fut Rebecca de Daphné du Maurier.

Décidée à relire mes livres d'antan, j'ai redécouvert LA CITADELLE que j'ai dévoré absolument. Je pense que ce livre, oublié de nos jours, mériterait d'être sorti des placards.

C'est l'histoire d'un jeune médecin écossais pauvre, fraîchement sorti de l'Université et surtout désireux de servir son prochain qui "débarque" dans un village austère de mineurs du Pays de Galles.

Evidemment, son inexpérience et sa candeur contrebalancés par son envie indéfectible de soigner et de faire avancer la science vont se heurter aux vieux principes, aux méthodes archaïques des vieux docteurs.

Que vaut-il mieux? Plaire à la clientèle et donner les médicaments et les certificats de complaisance qu'elle réclame? Ou donner un avis médical différent mais avisé au risque de perdre son patient? Vaut-il mieux tromper pour garder ou rester intègre au risque de déplaire?

Si la médecine décrite par CRONIN a évolué, on peut s'étonner des pratiques véreuses de certains praticiens de l'époque qui pour se faire le plus d'argent possible, n'hésitaient pas à carrément vendre des ampoules d'eau à des malades qui leur déclaraient ensuite aller mieux!!!!
Finalement, ces docteurs malhonnêtes existent toujours de nos jours mais se sont spécialisés dans le haut de gamme de la médecine ou dans la chirurgie esthétique où ils peuvent pratiquer des tarifs exorbitants pour une clientèle richissime.

Eh bien, 18 ans après, je peux dire et répéter que ce livre est intéressant et bien agréable à lire. Je vous le conseille, vous passerez un bon moment!
Le combat d'une vie 9 étoiles

La Citadelle est un roman d'adolescence, dévoré pendant les longs étés immobiles des vacances scolaires, le genre de livre que l'on n'oublie pas.
Cronin a l'art et la manière de présenter des héros purs et droits. Mais il n'est pas assez naïf pour faire triompher le bien, pour avoir souffert à son tour de l'injustice et des préjugés. André passera donc de l'ombre à la lumière pour retourner dans l'ombre d'une existence futile et vide de sens; il y perdra ce qu'il a de plus précieux pour renaître enfin à sa vocation : la médecine, le combat d'une vie.

Poil2plume - Strasbourg - 61 ans - 6 août 2010


L'idéaliste 9 étoiles

« Tu ne te rappelles donc pas comment tu parlais de la vie, que c’était une lutte contre l’inconnu, l’assaut d’une montagne… comme si on avait à prendre une forteresse qu’on savait se dresser au sommet mais qu’on ne voyait pas… »

1924. André Manson est un jeune médecin fraichement émoulu des bancs de l’université. Il trouve un emploi d’assistant dans une petite ville minière du Pays de Galle, mais il y fait face à la méfiance des gens qui ne donnent de crédit qu’aux vieux médecins les arrosant de remèdes et d’ordonnances de complaisance. Mais Manson a une vision bien différente de la médecine et n’est pas prêt à se satisfaire d’une pratique si peu soucieuse de la santé des mineurs. Il impose sa façon de travailler au Comité et va même jusqu’à détruire une canalisation défectueuse, poussé par Philippe Denny, son nouvel ami chirurgien, aussi révolté que lui par le système.
Il rencontre Christine, la jeune maîtresse d’école qui sera sa femme fidèle, son soutien, le pilier de sa vie, l’auteure de cette phrase superbe que j’ai rappelée plus haut. Une femme à l’image des épouses d’Einstein et d’Hitchcock, vivant dans la retenue du rôle réservé à son sexe, mais sans laquelle le mari ne se serait jamais réalisé.

Ce livre est un véritable chef-d’œuvre, un texte engagé. Il offre une vraie réflexion sur la médecine et ses médecins de salon qui ne s’intéressent qu’au chiffre, au mépris de la santé de leurs patients, ces médecins corrompus qui refusent le progrès de la biologie, et qui jettent leurs diplômes à la figure des non initiés pour masquer leur incompétence. Un livre provoquant de vérité et qui a forcé des réformes en son temps. Une plaidoirie contre la vanité des hommes, contre les dérives de l’ego, et pour la lutte humaniste, servie par l’écriture magistrale et expérimentée de son auteur.

Et par-delà de cet aspect passionnant, c’est la vie d’un jeune couple que l’on suit, d’un petit village aux quartiers chics de Londres, leurs joies, leurs déboires face aux tentations. Un livre plein de réflexions sur la jeunesse, la profession, la vie de couple, la vie tout court, un récit attachant, déroutant, énervant, émouvant, complet. Un chef-d’œuvre oublié qu’il est grand temps de réhabiliter.

Antinea - anefera@laposte.net - 45 ans - 26 janvier 2010