L'empreinte de l'ange
de Nancy Huston

critiqué par Bluewitch, le 2 novembre 2001
(Charleroi - 45 ans)


La note:  étoiles
A chacun sa souffrance...
« L'empreinte de l’ange » est une fascinante histoire de destins entrecroisés avec, au centre, l’amour bouleversant entre un homme et une femme meurtris par la guerre.
Tout commence en 1957. Saffie, jeune allemande, immigre à Paris où elle trouve une place de bonne à tout faire chez un célèbre flûtiste, Raphaël Lepage. Tout de suite, c'est le coup de foudre. Pas pour Saffie, non, mais pour Raphaël.
Elle, est absente. Le regard vide, l'immobilité travestie derrière le mouvement. Rien. Mais, conciliante, elle acceptera l'amour de Raphaël, ainsi que sa demande en mariage. Pourtant, rien ne semble éveiller son visage, ni remuer sa passivité. Elle accomplit machinalement les tâches de la vie quotidienne. Même le fils que lui donne Raphaël n'apporte pas la moindre étincelle à son regard. Son passé
Jusqu'à sa rencontre avec András, Juif hongrois, le luthier de Raphaël. C'est la passion dévorante, la renaissance. Aimant chacun l'ennemi qui est en l'autre, ils s’aideront mutuellement à tolérer leurs propres souffrances et accepter leurs passés respectifs. Et Saffie à reprendre goût à la vie.
Mais l'histoire ne s'arrête jamais là…
Quel beau roman ! Un supplice lorsqu'il fallait en interrompre la lecture… Plongés au cœur de la crise algérienne, nous découvrons au même rythme que l’histoire des deux amants, les atrocités de la guerre et de la violence humaine. A peine sortis de la deuxième guerre mondiale, les Français se replongent déjà dans la cruauté et l’aveuglement.
Nancy Huston a écrit une histoire bouleversante, avec le talent qui la caractérise. Son choix habile des mots, dans ce roman en particulier où la langue lie et sépare à la fois ses personnages, nous grise et nous rend avide de connaître la suite. Elle sait comment nous passionner du début à la fin.
Et nous retourner, là bien à l'intérieur.
Quel beau roman !
Un roman poignant 8 étoiles

Saffie, jeune allemande, débarque à Paris à la recherche d’un emploi. Elle est bien tombée puisque Rafael, célèbre violoniste, cherche une femme de ménage. Rapidement, leur relation va se muer en mariage et donner naissance à un enfant. Pourtant, elle reste toujours impassible, mystérieuse et se refuse à toute émotion. Inutile d’être devin pour comprendre qu’elle est blessée, qu’il s’est passé quelque chose dans sa vie pour qu’elle soit comme elle est aujourd’hui. Rafael pense qu’elle changera avec le temps. Pourquoi pas avec la maternité. Mais il a tort.
Par la suite, Saffie rencontre un Hongrois, Juif de surcroit, qui deviendra son amant et lui permettra de dévoiler son passé. Il se trouve que c’est le luthier de son mari. Avec son fils Emil, ils vivront un bel amour à trois.
Toute l’histoire évolue en plein cœur du Marais ; au moment où le communisme fait rage et les injustices sont récurrentes. Le roman pointe du doigt l’abandon et l’exécution des musulmans, de la même manière que l’Holocauste des Juifs. La fin m’a surprise ; le parallèle entre le bonheur et le malheur simultané de 2 êtres renforce la portée du drame. La vieillesse clôt l’histoire ; on peut alors se demander si après tant d’années la rancœur a encore une place. Le style de l’auteur est toujours très prenant, le croisement entre l’Histoire et les destins des personnages bien maîtrisé… décidément, je vais continuer à lire Nancy Huston !

Psychééé - - 36 ans - 2 mai 2014


Dur ! 9 étoiles

Un livre dur, pas si facile à lire qu'on pourrait se l'imaginer en tournant gaiement les premières pages.
Nancy Huston écrit ici des guerres (40-45 et celle d'Algérie) mais pas du côté des gagnants qui ont leurs vérités et leurs oublis. Elle se concentre sur les perdants, ceux qui ont perdu dans leur chair et dont l'âme erre, ceux qui ont perdu leur dignité.
Elle écrira : "Qui veut naître ? Qui accepte de rentrer dans cette merde ? Personne ! On a besoin de l'ange."
L'auteur n'hésite pas à comparer l'attitude de la France à la barbarie des Allemands pendant la seconde guerre mondiale.
1945, le massacre de Sétif quand 40.000 Algériens ont été abattus par l'armée française pour avoir osé demander leur libération.
La nuit du 17 au 18 octobre 1961 où les policiers français ont noyé dans la Seine une centaine de ceux qu'on nomme les "bougnoules".
Après l'humiliation allemande, la punition en Indochine, le pays de droits de l'homme aura provoqué un million de morts là bas en Algérie.

Pauvre Saffie ! Elle n'aura rien compris à ces guerres... mais qu'y a-t'il à comprendre à toute cette folie ?
Un roman poignant

Monocle - tournai - 64 ans - 7 mars 2014


La gorge nouée. 10 étoiles

J'ai la gorge nouée en refermant ce livre.
Les propos de Nancy Huston sont tellement forts, ils nous interrogent sur notre humanité.

Une romance improbable dans le Paris de l'après-guerre en proie de nouveau à la violence de la guerre d'Algérie.

Des personnages écorchés, malades de leur passé.

Quand l'histoire fait écho avec les destins personnels... nous comprenons mieux alors qu'il y a une ombre en chacun de nous. Mais comment l'exorciser ?

Sans doute Nancy Huston exorcise ses démons intérieurs en écrivant et cela rend sa lecture brûlante, ravageante...

J'avais découvert cet auteur dans "Présent d'incertitude", journal d'Henry Bauchau, la découverte est concluante, je vais commencer "Lignes de faille"

Bafie - - 63 ans - 30 décembre 2013


Une perle de noirceur 9 étoiles

Les premières lignes nous tendent un piège ; elles nous suggèrent un récit plein de gaieté, dans un quotidien redevenu plus humain. Nous sommes à Paris, après la seconde guerre mondiale. Plus de rationnements ni couvre-feu, plus de persécutions, pas même de chômage ni d'inégalités scandaleuses, place aux rires et aux loisirs. Bienvenue dans cette société d'opulence... en apparence.

C'est peu à peu et de manière de plus en plus amplifiée jusqu'à la dernière ligne que Nancy Huston plante son décor digne d'une grande tragédie ; on sent bien, par delà les mots, si simples mais si évocateurs, le destin irrévocable - mais on ne pouvait pas, après tant de souffrances déjà éprouvées par ces personnages, imaginer quelque chose d'encore pire.

Des flots d'espoir sont déversés à rythme régulier. Saffie, cette jeune allemande tout juste débarquée (de son plein gré, elle n'est pas juive, elle) à Paris, est d'une froideur désarmante. Ce qui n'empêche pas Raphaël, ce bourgeois de bonne famille, de tomber sous son charme et de tout faire pour lui apporter un peu de chaleur humaine. Mais ce ne sera pas lui qui rallumera la flamme dans les yeux de Saffie. Cette flamme ravivée, voilà que Saffie est plus disposée à nous révéler son atroce passé.

Mais en parallèle de ces douloureux souvenirs que nos protagonistes s'échangent peu à peu, c'est aussi la situation politique dans laquelle ils évoluent qui empire. L'Algérie veut son indépendance, ce que les Français ne sont pas prêts à lui accorder ; et de nouveau des ségrégations, des tortures, des meurtres, des prisonniers, des révoltes, du sang, des larmes, des couvre-feu, des opprimés.
Et pourtant nous sommes à Paris, cette si belle ville, si bien décrite. Les balades que nous propose Nancy Huston son très agréables, à la découverte des deux rives, métaphore de la double vie de Saffie, du jardin des tuileries, du pont des artistes...

Qu'est-ce qui est le plus réussi ? La description de la situation politique dans les années 50-60 ? Ou celle des années 40 ? Les émotions parfaitement retranscrites voire suscitées ? L'intrigue inimaginable et palpitante ? Cette atmosphère de monde éternellement bafoué par la violence et l'horreur ?

Et si c'était un tout ?
Oui, c'est un tout qui fait de ce roman, dans ce monde si gris, une touche de couleur, comme la littérature nous en apporte, parfois.

Elya - Savoie - 34 ans - 18 octobre 2011


L'amour efface les peines de guerre 9 étoiles

Deux égarés de la Seconde guerre commettent l'adultère dans le Paris du conflit algérien, et cela les libère de leur fardeau, de leur routine, jusqu'à ce que l'engagement de l'un et la rancoeur du mari de l'autre ne s'emmêlent et n'enrayent la belle musique.
Ce roman de l'improbable fait effleurer la sensibilité de l'interdit, l'attirance de deux êtres que tout sépare, au point que l'auteur décrit que c'est l'ennemi qu'ils aiment chacun chez l'autre. La vie telle qu'elle doit être reprend-elle le dessus ? La violence de la raison l'emporterait-elle sur ce bel égarement ? Je vous laisse le découvrir.
Ce roman est bien fait. Le style est sec et vif, bien que son oralité manque un peu de souffle, ce que comblent les vides intérieurs et le crescendo de la trame général. C'est un beau livre.

Veneziano - Paris - 47 ans - 27 juillet 2011


Poignant 7 étoiles

Après Virevolte, que je n’ai pu apprécier de par son histoire, le choix d’une femme pour sa carrière plutôt que les siens, j’ai découvert l’empreinte de l’ange. Une fois ce livre refermé, j’ai voulu comprendre ces histoires, elles s’expliquent par l’histoire personnelle de la romancière, des femmes ayant la difficulté à s’attacher à leur(s) enfant(s), elle-même « abandonnée » par sa mère. Ce livre est très bien écrit, son récit est poignant, on découvre au fil des pages la raison du malaise de ces deux êtres qui s’aiment, la douleur de celui qui reste de côté, le mari trompé. Un roman fort en émotions.

Ichampas - Saint-Gille - 60 ans - 30 mars 2011


L'Empreinte de l'ange 4 étoiles

Ce livre aurait pu ne contenir qu'une dizaine de pages.
Tellement l'auteur se répète chapitre après chapitre.
L'histoire est d'une banalité affligeante, sans suspense, ni rebondissements.

Pat - PARIS - 60 ans - 21 mars 2010


Un roman parfait 10 étoiles

J’ai tout aimé dans ce livre. C’est d’abord une histoire absolument prenante, qu’on ne veut plus lâcher et qu’on dévore en quelques jours à peine. C’est aussi un récit que j’ai trouvé extrêmement intelligent, dans lequel toutes les pièces s’imbriquent les unes dans les autres sans qu’aucun élément ne puisse sembler avoir été placé là par hasard; tout a un sens et rien n’est superflu. Les personnages sont fouillés, leurs zones d’ombre sont étudiées, ils sont simplement magnifiques, réels. Le tout est mis en place sur un fond historique fort intéressant, et finalement, la manière originale de Nancy Huston de nous raconter son histoire en s’adressant directement à nous est le dernier détail qui fait de ce récit un roman tout simplement magnifique... Mais si l’ensemble du livre m’avait déjà conquise, la fin conclut réellement en apothéose. J’ai tourné la dernière page avec la conviction d’avoir entre les mains un véritable chef d’œuvre!

Gabri - - 38 ans - 3 août 2009


tourneboulée! 8 étoiles

J'ai trouvé ce livre, par hasard, au fond d'une classe, oublié là par un enseignant.

Je l'ai lu en une nuit!

Superbe...angoissant...torturant...

Les guerres au coeur de vies qui ne peuvent plus s'écrire.

L'Histoire au noeud de toute relation, fusse-t-elle amoureuse.

Très fort!

Simone - - 61 ans - 2 octobre 2008


Des âmes dévastées 10 étoiles

Nancy Huston n’épargne pas son lecteur ! Je n’avais plus lu un roman dans lequel j’avais été aussi « malmenée » depuis longtemps. La romancière nous plonge dans une lecture presque physique, dans laquelle on ressent les émotions vécues par les personnages. Tout comme eux, on tremble, on a peur et on aime tant Nancy Huston excelle dans la description des états d’âme. Je ne me rappelle pas la dernière fois que j’ai été ainsi immergée dans le ressenti des personnages d’un roman.

Il faut dire que l’écriture de la romancière est très précise et le choix des mots très fin. Sa plume est superbe ! On sent que chaque phrase a été longuement travaillée, sans que cela alourdisse le style. Au contraire, le texte se lit de manière fluide.
L’histoire nous est dévoilée par petites touches. On sent que Saffie porte un terrible poids, mais son secret ne nous sera livré qu’assez tard. La construction habile instaure un climat pesant, qui nous fait pressentir le drame, mais sans que l’on puisse en deviner la nature. La surprise sera totale. Les personnages sont des écorchés vifs, surtout Saffie et Andras, qui ont chacun un vécu horrible. Leur psychologie se déroule finement tout au long du récit, nous faisant comprendre que chacun aime l’ennemi qui se cache en l’autre.

Un roman poignant, qui m’a véritablement pris aux tripes. C’est le deuxième roman de Nancy Huston que je lis. Le premier « Dolce Agonia » m’avait déjà beaucoup plu, celui-ci m’a définitivement conquise.

Féline - Binche - 46 ans - 12 août 2008


Sous le charme 10 étoiles

Comme pour Bluewitch, un supplice lorsqu'il fallait poser le livre!
Pour moi, c'est ça un roman réussi:
de la densité, un vrai propos, une trame historique fort intéressante, pas si souvent évoquée que ça d'ailleurs dans la littérature... des personnages sans mièvrerie, cohérents... l'impression (rare) qu'aucune phrase n'est de trop, que le nombre de mots est celui que très exactement il fallait pour accrocher le lecteur mais aussi pour ne pas l'ensevelir, pour qu'il puisse sortir du roman avec ce délicieux sentiment de manque...
J'ai vécu cette lecture comme l'impression d'entrer dans l'intimité d'inconnus, en voyeuse discrète, et j'ai souffert de les quitter après avoir eu l'impression de si bien les comprendre...
Par ce roman, je viens de découvrir Nancy Huston et je pense que je ne suis pas prête de la quitter...

Papyrus - Montperreux - 64 ans - 9 février 2008


Sublime 10 étoiles

J'ai du mal à comprendre pourquoi ce livre n'a pas reçu de prix littéraire. Il est tout simplement magnifique. Quelle finesse d'écriture! Quelle maitrise pour faire sentir au lecteur la tension qui règne tout au long du roman! On en sort boulversé. C'est à la fois léger dans le style, tout en étant très dur dans certaines descriptions liées à la guerre. La mise en scène est parfaite. En fait, j'ai du mal à trouver un défaut à ce livre.
J'avais déjà lu "lignes de faille" que j'avais beaucoup aimé. Je trouve que celui-ci lui est encore supérieur. Quelle joie de découvrir un auteur que l'on apprécie et de penser qu'il nous reste plein d'ouvrage de celui-ci à découvrir. Voilà, Nancy Huston rentre dans mes coups de coeur littéraires : vivement la suite !

Asgard - Liège - 46 ans - 3 janvier 2008


un très beau roman 10 étoiles

J'ai lu ce livre il y a quelque temps , et j'en garde un excellent souvenir c'est ce livre qui m'a fait découvrir Nancy Huston ; et j'ai été transportée dans la profondeur de son histoire et de son style , dans l'humanité de ses personnages même si la fin est encore plus troublante.

Tyty2410 - paris - 38 ans - 13 décembre 2007


Nancy Huston et le malaise 8 étoiles

J'ai lu l'empreinte de l'ange il y a deux ans. J'aime particulièrement les livres qui nous rendent malaise, qui nous font sentir, nous et les autres humains, bien médiocres. Le stoïcisme de Saffie m'a plu dès les première pages, l'atrocité des propos et des évenements nous ramène en plein visage que la vie, est trouble et douloureuse. Un livre , où on en sort avec une envie de vomir. AHH bon livre :)

Myesliels - Québec - 36 ans - 18 janvier 2005


Troublant 8 étoiles

Quel étrange mélange! Un récit d'amour tordu sur un fond de guerre et d'histoire sombre. Tout comme l'auteur, qui prend une certaine distance face à ses personnages, je me suis senti loin de ce trio, un peu comme un voyeur.

Bien qu'intéressante, ma lecture a été motivée par une fascination morbide de cet univers étrange, ce qui en soi rend ce roman original.

Est-ce que l'amour ou la haine triomphe? Difficile à dire, mais une chose est sûre, ce livre n'a rien d'une romance banale.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 20 septembre 2004


Leçon d'histoire 5 étoiles

Non seulement Nancy Huston décrit avec beaucoup de finesse les sentiments amoureux, mais j'apprécie la pudeur et la justesse avec lesquelles elle aborde les événements dramatiques qui entourent les personnages de son roman. Les horreurs de la guerre d'Algérie mais également celles du siècle, tout ce qui a bouleversé la conscience collective et la mémoire de l'Homme.
Quant à la fin, j'ai imaginé que c'était peut-être une métaphore symbolique sur la souffrance et la douleur poussées à l'extrême et au-delà desquelles on parvient pourtant à survivre. Un peu comme tous les rescapés du drame nazi auquel il est fait allusion dans le livre ou ceux de la guerre d'Algérie, tous ces gens qui ont perdu leurs illusions et dont on dit qu'il ne leur reste plus rien, sinon l'envie de mourir. Malgré tout ils s'accrochent et demeurent. Leçon de courage ou perpétuel recommencement de l'Histoire humaine ?

Sahkti - Genève - 50 ans - 21 juin 2004


Pas séduite... 6 étoiles

Je n'ai pas été séduite par l'univers de Nancy Huston. Je ne peux pas vraiment dire pourquoi, j'ai eu du mal à aller au bout du livre, j'ai pris Saffie en antipathie dès le début, le ton général me mettait mal à l'aise. La fin est terrible ! J'étais pétrifiée au passage dans le train et l'épilogue est très fort, laissant le lecteur dans un froid glacial. Ce qui signifie pour moi que sans aucun doute Nancy Huston a un vrai style et talent d'écriture, mais je n'aime vraiment pas les livres qui me plongent dans un malaise comme ça. Sans aucun doute je m'éclate plus dans la littérature "légère" voir euphorisante, même si j'aime à l'occasion être remuée. Mais là même pas... juste déstabilisée...

Cuné - - 57 ans - 12 juin 2004


La question de Pendragon 8 étoiles

J'ai aimé ce livre à l'époque mais, comme je l'ai dit dans ma première critique éclair, j'ai préféré son "Cantique des plaines". Un père vu au travers des yeux de sa fille, avec ses qualités et ses travers. Un père qui a une double vie et connue de sa fille. Pour tout dire, je crois que si j'ai préféré ce livre là, c'est aussi parce que le sujet m'a semblé être traité de façon moins féminine. Je crois qu'un sujet n'est pas souvent vu et senti de la même manière par un homme que par une femme. Nos sensibilités sont par trop souvent différentes. Ce qui est essentiel pour l'un ne l'est pas autant pour l'autre, et vice versa.
Vous me direz, qu'à mes yeux, Marguerite Yourcenar est un des plus grands écrivains du siècle passé et vous avez raison. Mais son écriture est des plus classiques, ses sujets le sont bien souvent aussi et sa vue du monde me semble d'abord et avant tout intellectuelle, même quand l'âme s'en mèle ou la beauté de la nature.
J'avoue être bien plus souvent attiré par des livres écrits par des hommes que par ceux écrit par des femmes. Je ne prétends pourtant certainement pas avoir raison ! Mais c'est ainsi...

Jules - Bruxelles - 80 ans - 17 décembre 2002


Certes, certes, mais... 7 étoiles

L'histoire de ce roman un peu particulier a été très bien décrite par Bluewitch d'abord et par les différentes critiques éclairs ensuite. Si je me permets donc de revenir un instant et d’ainsi apporter ma maigre contribution, c'est tout simplement parce que je viens de refermer ce roman.
L'écriture de Nancy Huston est riche, précise, juste. Les mots et les phrases sonnent comme du cristal à nos oreilles charmées. La psychologie est profonde et son timbre se répercute en chambre d'écho entre nos neurones enchantés. Le branchage est parfait, les feuilles sont habilement dessinées, la frondaison, la cime, la couleur et même le vent qui fait bruire doucement ces entrelacs sont d’une pureté étrange.
Mais je ne suis pas sûr d'aimer ce genre d’arbre !
L'histoire, le fond, la trame : un trio, mari, femme, amant avec une dimension de plus qui est la nationalité des protagonistes, français, allemand, juif hongrois et un décor de souffre qui est la guerre d'Algérie. Oui, c'est dense et profond et noir et ce n’est pas gai et c'est touchant et poignant et le cœur se serre et les larmes éventuellement coulent. mais ce genre d’histoire ne me « branche » pas outre mesure…
La question déjà posée sur ce site revient donc à la charge : y a-t-il une écriture qui touche plus la sensibilité féminine et une autre qui accroche plus les hommes ???

Pendragon - Liernu - 54 ans - 17 décembre 2002


J'ai adoré... 10 étoiles

Lu il y a quelque temps, ce livre ne m'a jamais quittée.
J'en avais rédigé une critique vibrante, particulièrement soignée, tant le personnage de Saffie m'avait bouleversée. Puis la critique s'est égarée à jamais dans les méandres nébuleux de mon ordinateur.
Chaque jour, je pensais : "il faut que je la réécrive, que les visiteurs du site sachent combien ce livre déchirant est superbe".
Mais je n'y arrivais pas.
Un peu comme si j'avais tout donné lors de la première rédaction et que je voulais désormais garder les personnages en moi.
Merci donc à Bluewitch pour sa critique.
Je la rejoins dans son appréciation de l'écriture de Nancy Huston, forte et tout à la fois délicate.

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 21 novembre 2001


Réponse à Saule 8 étoiles

Je suis tout à fait d'accord avec sa description des personnages par le mot "écorchés" mais je tiens tout de même à prendre un peu la défense de Nancy Huston car, en ce qui me concerne, je n'ai pas du tout cette sensation de dureté dans son écriture. Au contraire, je trouve qu'elle cible parfaitement les points forts de son récit grâce à un vocabulaire riche pour une femme qui n'est pas francophone à la base. Les émotions sont aisément perceptibles et la tension est palpable. Ca doit être une question d'atomes crochus! :o)

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 6 novembre 2001


Des personnages écorchés 7 étoiles

Comme dans 'Instruments des ténèbres', Nancy Huston met en scène des personnages écorchés, torturés. Comme pour le précédent, et même si le livre m'a touché, j'en garde un souvenir mitigé. C'est probablement du à son écriture un peu dure, abrupte, qui me dérange un peu.

Saule - Bruxelles - 59 ans - 5 novembre 2001


Un très beau livre ! Plein de sensibilité... 8 étoiles

Elle est étonnante, cette Saffie ! Complètement spectatrice de sa vie, presque encore plus que le Meursault de "L'Etranger". Rien ne la touche, tout lui est égal, elle fait tout comme dans un film dans lequel elle serait actrice mais où elle jouerait le rôle de spectateur !... L'écriture de Nancy Huston est toujours fine et déliée. Il n'empêche que le livre que j'ai préféré d'elle c'est "Cantique des plaines" qui se passe au Canada.

Jules - Bruxelles - 80 ans - 5 novembre 2001