Moon
de Tony Hillerman

critiqué par Tistou, le 28 juin 2008
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Un Hillerman en Asie du Sud-Est
Décidément, même quand Hillerman n’écrit pas sur les Navajos et sa Police Tribale avec ses héros récurrents, il reste passionnant. Nous sommes là loin de l’ouest américain (encore qu’au départ du livre Moon Mathias vit dans le Colorado !). Plutôt dans l’Asie du Sud-Est, entre Philippines, Cambodge époque Pol Pôt, et Viet-Nam époque déferlement vietcongs sur le Sud.
Moon Mathias est médiocre rédacteur d’un médiocre quotidien dans le Colorado. Vie routinière, plutôt médiocre dans l’ensemble et dont la partie « privée » semble partir en vrille. Mais on n’aura pas le temps de s’ennuyer puisque dès le départ du roman, Moon reçoit une étrange nouvelle : sa mère, retraitée casanière menant une vie dorée en Floride, vient d’avoir une attaque cardiaque alors qu’elle était sur le point de prendre un avion pour les Philippines. De fil en aiguille, Moon se sent investi de la mission qu’entreprenait sa mère : aller récupérer aux Philippines une petite fille que son frère, mort au Viet-Nam, aurait eu là-bas.
Evidemment ce n’est pas aussi simple, surtout dans cette Asie en guerre, en révolution de ces années 1970. Il lui faudra composer avec des personnages … improbables : Monsieur Lee, Osa, ... Et braver le Viet-Nam, le Cambodge, pour retrouver le bébé.
L’aventure - des aventures - est au rendez-vous, la mort, l’amour …
Un bien beau roman, et qui démontre que l’art narratoire de Tony Hillerman ne se cantonne pas à la réserve navajo.

« L’avion descendit dans la pluie vers l’aéroport de Manille. Par le hublot strié de gouttes voisin de son siège, Moon ne distinguait rien d’autre que l’intérieur d’une épaisse couche nuageuse, puis un paysage d’un vert luxuriant estompé par la pluie qui tombait, enfin des pistes parsemées de flaques et bordées d’herbes sauvages. L’impression que lui fit l’aérogare fut celle d’une confusion de cris et de vociférations. Un bâtiment prématurément vieilli, à la peinture écaillée, aux trop nombreux carreaux de sol fendus, à la trop grande saleté. La climatisation marchait trop fort, rendant l’air humide désagréablement moite. »