Les bijoux indiscrets
de Denis Diderot

critiqué par Bolcho, le 1 novembre 2001
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
Le petit doigt de Flora
Un anneau magique permet de faire dire aux femmes leurs secrets érotiques les plus torrides : et ce ne sont pas leurs lèvres conçues pour cela qui jasent, ce sont leurs « bijoux » comme on disait à l'époque.
Sur cette idée digne du plus sordide des films pornos modernes, Diderot, lui, met sa finesse et son intelligence au service du conte le plus coquin, le plus ironique, le plus philosophique qui soit. On mettra sans doute quelques pages à s'habituer au style forcément vieilli (mais ensuite, quelle délectation !) et on ne lira pas le conte d'une traite ; ce serait d’ailleurs du gaspillage : je conseille un chapitre par soirée. Dans 54 soirs, vous chercherez un autre Diderot. Un extrait pour vous mettre en bouche. «
(.) il tourna son anneau sur une novice de quinze à seize ans. « Flora, répondit son bijou, a lorgné plus d'une fois à travers la grille un jeune officier. Je suis sûr qu’elle avait du goût pour lui : son petit doigt me l'a dit .»
Sur ce délicieux petit doigt, je laisse chacun à ses rêveries.
Bijoux, cailloux, genoux... 10 étoiles

J'ai beaucoup ri en lisant ce livre et en écoutant le caquet des bijoux. L'auteur se sert du sexe féminin pour faire une critique de la société. Les femmes se cachent derrière des façades, paraissent vertueuses, fidèles. Leurs bijoux nous apprend l'exact contraire. Même les religieuses ne sont pas épargnées. Par la suite, les femmes ont tellement peur de faire des révélations à leur insu, qu'elles mettent des muselières.
Qu'ajouter de plus ? On se croirait presque dans les contes des milles et une nuit pour le côté érotique du livre.
Pour quelle raison donne-t-on la parole aux bijoux ? Tout simplement car Mangogul s'ennuyait.
Comme quoi, les femmes sont vraiment bavardes.

Alouette - Seine Saint Denis - 39 ans - 1 novembre 2008