La dentellière
de Pascal Lainé

critiqué par Fantômette, le 6 décembre 2000
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
Quand la banalité peut faire un roman
A partir du personnage d’une jeune fille provinciale dépourvue de relief, Pascal Lainé réussit l’exploit de la rendre attachante.
Malgré l'absence de péripéties, il accroche le lecteur par la transcription tout en justesse et en psychologie de ce roman d'une vie banale et presque sans vague. Mais quand bien même on ne serait pas séduit par cette histoire sans histoires, le livre vaut le détour pour l’usage brillant que l'auteur fait de la langue française.
Un personnage insignifiant, mais.... 6 étoiles

Je découvre à travers ce roman l'exactitude du monde ouvrier représenté ici par Pomme : elle ne connaît la satisfaction qu'à travers des tâches exécutées avec grâce. ( Comme le dit son compagnon ) Au premier abord il est clair que ce roman parle d'un personnage ennuyeux et insipide, ce qui rend ce roman intéressant est la remise en question de la condition de la Femme, autant dans le domaine professionnel, que son développement intellectuel. Touchant et percutant, ce livre ne m'a pas laissé indifférente.

Solina - - 47 ans - 19 mars 2023


Le désert des Tartares sentimental 5 étoiles

Petit, ce livre, 180 pages imprimées en caractères plutôt gros (on peut trouver plus gros encore, ceci dit), ça se lit super rapidement, et heureusement, parce que, disons, 100 pages de plus et on trouverait vraiment le temps long, interminable même.

Prix Goncourt en 1974, apparemment après un sacré ballotage, le Président du jury de l'époque, Hervé Bazin, ne voulait pas se servir du privilège de sa fonction (sa voix peut compter double en cas de ballotage) et laisser le vainqueur gagner à la loyale. Bref, ils ont dû s'y reprendre à plusieurs fois, pire qu'au Vatican un jour de conclave.
Je ne sais pas qui était en face, mais "La Dentellière" ne figure clairement pas parmi les meilleurs récipiendaires du Goncourt. Adapté au cinéma trois ans plus tard (le film fera révéler Isabelle Huppert, dont ce n'était pas le premier film, mais le premier rôle important), un film très bon d'ailleurs, ce roman, découpé en quatre chapitres dont deux tellement longs qu'ils représentent 90% du texte, raconte l''histoire de Pomme, une jeune femme originaire du Nord.
En fait, "La Dentellière" ne raconte quasiment rien, c'est un peu une version sentimentale du "Désert des Tartares" de Buzzati. On suit, calmement, lentement, et sans grand enthousiasme, les "aventures" de cette jeune femme effacée, taiseuse (le roman est taiseux, en tout cas), un peu cruche sur les bords, qui un jour, à Cabourg, alors qu'elle est en vacances, rencontre un beau jeune homme d'un milieu huppé, Aimery, les deux tombent raides in love, se mettent ensemble. Il la dépucelle. Rapidement, il en a marre de cette jeune femme qui dit "oui" à tout ce qu'il fait, sans réfléchir, sans opinion propre, une jeune femme que sa mère (à lui) traite de gourde. Il la quitte. Elle aura du mal à s'en remettre. Lui, pas de souci, il deviendra écrivain.
Pascal Lainé est-il l'Aimery du roman ? Ce roman est-il basé sur un fait de sa vie, qu'il a romancé ? La Dentellière (surnom que le roman donne à Pomme) est-elle basée sur une ancienne conquête de l'auteur ? Ou alors tout cela est-il totalement fictionnel, sorti du cerveau de Lainé, "toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait fortuite", ce genre ? Je ne sais pas. Si c'est inspiré par la vie de l'auteur, et s'il a agi comme son personnage envers la jeune fille, c'est un beau salopard.
On s'ennuie pas mal à lire ce roman dans lequel il ne se passe franchement rien. L'écriture est belle, un peu ironique, façon voix-off, on a l'impression, cependant, parfois, d'une sorte d'excès de légèreté dans la narration (genre, quand l'auteur parle de l'amie de Pomme, il dit "elle s'appelle Marylène (mettons qu'elle s'appelle ainsi)", ça fait très "par dessus la jambe", l'air de dire "on 'en fout un peu, au final").
Ca se lit facilement, ça s'oublie tout aussi facilement, je crois que quelqu'un, plus bas que ma critique, l'a dit, pas exactement dans ces termes. Je suis d'accord.

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 24 juillet 2021


une histoire qui est pris sur le vif! 5 étoiles

Appréciation personnelle :

Pomme est une jeune fille des plus communes de la classe sociale ouvrière. Elle est sans ambition, sans jalousie, sans quelque chose. Pour la plupart des hommes elle est un être de rencontre, auquel on s’attache un instant parce qu’on y trouve quelque chose qu’on ne peut pas trouver en soi-même. Elle est pauvre, surtout de ce qu'on n'a pas voulu découvrir en elle. Quel homme n'a pas dans sa vie commis deux ou trois de ces crimes? Mais soudain il y a le sentiment de culpabilité qui triomphe. Comment peut-on s’en débarrasser ?
Mon opinion sur ce livre est partagée. D’une côté, j’étais attiré par l’histoire qui est pris sur le vif. Le thème d’inégalité des classes et du sentiment de la culpabilité m’a plu beaucoup et c’est bien élaboré. J’étais curieuse comment finira la relation entre Pomme et Aimery. D’autre côté, je n’ai pas beaucoup aimé le style d’écrire qui est diffus. Je n’ai pas aimé les longues phrases poétiques et des descriptions détaillées et diffus. À chacun son goût je pense. Je le trouve difficile d’en raconter plus. Je pense qu’on l’aime ou on ne l’aime pas.

Marja - - 57 ans - 8 octobre 2013


Sans sursaut ! 5 étoiles

Un phrase résume ce roman (je l'ai ressenti comme cela)...
" Le père de Pomme était de ses gens qui se perdent en allant acheter une boîte d'allumettes, parce qu'il y a une autre rue après la rue du tabac, et puis une autre après. On n'a jamais fini le tour du pâté de maisons quand on y réfléchit bien. "

Et ce livre s'est laissé lire de la sorte, sans vague, sur une mer d'huile. Sans vraiment d'histoire.
Je me demande alors pourquoi ce titre a bercé mon adolescence ? Il était de bon ton, à l'époque, d'en parler entre les cours, de s'échanger nos exemplaires criblés de notes ! On citait des phrases en se chamaillant gaiement. Je n'ai pas retrouvé cette magie d'il y a quarante ans ! Il est vrai qu'elle a bien souvent disparu, cachée sous nos rides.

Monocle - tournai - 64 ans - 28 septembre 2013


Une pomme sans verger 7 étoiles

Ce court roman, prix Goncourt en 1974, est étonnant.

C’est l’histoire de Pomme, jeune fille un peu paumée comme tombée de son arbre fruitier sans jamais avoir été ramassée.

Elle naît dans le Nord de la France dans un bled sans nom, sans histoires et sans vie, d’un père qui partira sans jamais trouver le chemin du retour et d’une mère serveuse qui mettra aussi son corps au service pour mettre du beurre dans les épinards.

Et Pomme grandit, vit des choses tellement insignifiantes que rien ne la révèle ou ne la réveille au monde. Elle fait des shampoings dans un salon de coiffure, rencontre Marylène et évolue dans son ombre, puis Aimery et là c’est pareil puis rien. Toujours rien.

L’exergue du roman est de Musil et je ne résiste pas à la citer :
« Un être qui ne peut ni parler ni être exprimé, qui disparait sans voix dans la masse humaine, petit griffonnage sur les tables de l’Histoire, un être pareil à un flocon de neige égaré en plein été, est-il réalité ou rêve, est-il bon ou mauvais, précieux ou sans valeur ? »

C’est de Pomme dont il parle et ce faisant elle est presque insupportable et quasi sainte.

Monito - - 52 ans - 1 février 2010


Assez attachant 8 étoiles

La trame de ce roman est assez statique, car il s'avère être de nature psychologique. Il se laisse découvrir, grâce à un style fluide et léché. La distinction des classes sociales et leur interaction y sont joliment exposés et débattus. Tout y est dans l'introspection, la blessure. Sans être révolutionnaire, c'est assez touchant.

Le film avec Isabelle Huppert est de la même trampe.

Veneziano - Paris - 46 ans - 18 avril 2008


Une fille sans histoire ! 4 étoiles

Voila un roman que j'ai finis sans grand plaisir.
Ce livre raconte la vie sociale et amoureuse d'une jeune femme (Pomme), fille sans histoire. Mais ne vous attendez pas à une succession de péripéties à l'image de certain livre moderne, mais plutôt au quotidien d'une fille "paumée" dans son incapacité à montrer ses sentiments, et donc à se construire dans le monde qui l'entoure.

Donc un livre qui se lie vite (seulement 180 pages) mais qui s'oublie aussi relativement vite.

Lemask - La Roche sur Yon - 40 ans - 15 avril 2008