Mon corps en neuf parties (avec quatre suppléments & illustrations)
de Raymond Federman

critiqué par Feint, le 2 juin 2008
( - 61 ans)


La note:  étoiles
Entre l’être et le monde : le corps
Improvisation. Conversation. Liberté. Convivialité. Ce sont des mots qui viennent à l’esprit à la lecture d’un texte écrit par Federman. Mon cœur en neuf parties se compose de neuf parties du corps de l’auteur, mes cheveux mon nez mes doigts de pied mes cicatrices ma voix ma molaire en ruine ma main mes yeux mon organe sexuel mes oreilles, tiens ça fait dix ; si si Federman sait compter mais il offre encore un dernier verre à l’occasion (il appelle ça « supplément », en l’occurrence ses oreilles) ; c’est un type généreux. Neuf (ou dix finalement) parties qui lui permettent de se raconter autrement, parce que le corps tout de même c’est par là que l’être est en contact avec le monde. Contact douloureux, parfois. D’autres fois, comme une caresse. On n’est pas loin non plus des blasons d’autrefois, les photos (signées Steve Murez) en plus. A la surface de la peau, on voyage dans le temps. Beaucoup d’amour aussi. Pour survivre*, sans doute faut-il apprendre à s’aimer.

* Pour mémoire, il faut savoir que la vie de Raymond Féderman bascule lorsque, à treize ans, il est poussé dans un placard de l’appartement par sa mère qui lui dit juste « Chut ! » quelques instants avant que ses parents et ses deux sœurs soient arrêtés et emmenés par la Gestapo pour un voyage sans retour.