Le voleur et les chiens
de Naguib Mahfouz

critiqué par Tistou, le 2 juin 2008
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Tragédie à la grecque
Court roman, comme une tragédie grecque, à l’issue inéluctable.

« A nouveau, il respire le souffle de la liberté, mais l’air est chargé d’une poussière suffocante et d’une chaleur insoutenable. Il retrouve son complet bleu et ses chaussures de caoutchouc, mais il n’y a personne pour l’attendre. Voici la vie qui reprend son cours, voici la porte muette de la prison qui se referme sur les secrets désespérés. Voici les routes accablées de soleil et les voitures folles, les passants et les hommes attablés, les maisons et les boutiques, et pas une lèvre qui laisse échapper le moindre sourire. Et lui est seul, il a perdu beaucoup, il a gaspillé de si précieuses années, quatre années qui lui ont été perfidement enlevées, mais bientôt il leur fera face et les défiera tous. »

Saïd Mahrane, voleur revendiqué, sort de prison. Il a été trahi, comprend-on, par Aliche Sedra. Celui-ci a pris sa place, sa place et sa femme, sa femme et sa fille. Saïd Mahrane n’a bien entendu qu’une idée en tête : se venger. Le décor est planté dès le début du roman et la suite ne sera que le long développement du « comment » plus que du « pourquoi ». Un peu comme une tragédie grecque. Le destin est écrit, le malheur planifié et il n’y aura pas de miracle.
Interviennent quelques personnages majeurs et bien typés, comme le Cheikh, l’autorité religieuse, Raouf, l’ancien corréligionnaire qui a viré sa cutie en tant que journaliste parvenu qui le laisse tomber, et Nour, une prostituée qui l’a toujours aimé, …
Ce pourrait être joué au théâtre, probablement, tant le cheminement est scandé par étapes bien identifiées.