Les Calepins de Julien
de Bruno Roy

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 20 mai 2008
(Montréal - 54 ans)


La note:  étoiles
Devoir de mémoire
Romancier, essayiste et poète, Bruno Roy a été président de l’Union des Écrivains Québécois et fut mon professeur de français au collège…

Ce roman autobiographique est la matière première de la télésérie à succès portant le nom de ceux qui sont emblématiques de la période de la ‘grande noirceur’ au Québec : « Les Orphelins de Duplessis »

De l’enfance à l’adolescence, le récit relate le parcours de Julien, un garçon sans parents, éduqué par les religieuses, dans des conditions précaires. Malgré les intentions louables de ces dernières, l’évocation du quotidien des enfants, illustre bien les failles de ce type d’institution. La vulnérabilité des pensionnaires fait d’eux des cibles parfaites pour les abus physiques et moraux aux mains des adultes. D’ailleurs, le clergé n’hésite pas à trahir son mandat, accepte des sommes considérables du gouvernement, et transforme son orphelinat en asile. Julien et ses compagnons d’infortunes sont alors étiquetés aliénés.

Une année après l’autre, les moments marquants sont abordés avec la distance de la troisième personne, avec une pudeur déstabilisante, un peu comme si on refuse au lecteur la liberté de s’émouvoir ? De plus, la manière de décrire les scènes, tel un scénario, ajoute à cette impression de lire une séquence de faits historiques plutôt qu’une histoire portée par un souffle romanesque.

Le contraste entre les souvenirs douloureux du passé et la trame située dans le présent est saisissant. Enfin, l’auteur partage sa pensée lors d’une réunion avec celle qui fut une figure maternelle, Sœur Odile. On apprend aussi que les séquelles sont graves pour certains des enfants. Grâce à son habileté à s’exprimer, il est naturellement appelé à défendre les revendications des victimes. Mais comment réparer l’irréparable ?