Le fruit de la passion
de Karel Glastra van Loon

critiqué par Darius, le 29 octobre 2001
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
A la recherche d'un géniteur
Que voilà un auteur qui me prend les mots de la bouche, qui exprime tout haut ce que je pense tout bas ! Il n'est pas courant de lire un auteur hollandais, un pays qui ne nous fournit pas nécessairement un lot d'écrivains.
Sur la quatrième de couverture, j'apprends qu'il est un journaliste vedette dans son pays et que son oeuvre a battu des records de vente.. L'histoire est simple et banale : à la mort de sa femme, dans la fleur de l'âge, emportée par une méningite fulgurante à 25 ans, il découvre qu'il n’est pas le père de son enfant, car atteint du syndrome de Klinefelter... Un long périple douloureux va le conduire sur les traces du géniteur. Mais "qui peut garantir qu’il est plus facile de vivre avec des questions qu’avec des réponses ?" Tout au long du livre, l’auteur entretiendra des liens étroits avec un ami, son double, son confesseur, celui qui dira haut et fort ce que l’auteur n'ose exprimer en son nom.. des choses si justes que toutes ces réflexions, je pourrais les faire miennes.. surtout en ces temps houleux de certitudes absolues matraquées par les médias : "Les gens admettent que les choses sont vraies parce qu'une certaine autorité le leur a dit et parce que d’autres disent que c’est vrai. Mais les choses sont-elles vraiment comme ils le croient ? La plupart des gens n'en savent rien.. ". Prenez un fait réel transformé en fiction mensongère comme la guerre du Golfe ou comme la guerre aux talibans ! Il se pose la question pertinente du choix du nom de l’enfant. Nos gouvernants viennent de se la poser également en proposant un libre choix du patronyme... "Cette habitude d’attribuer automatiquement le nom de son père à son enfant est une séquelle du patriarcat. Comme les missiles. Comme le capitalisme.. " Il fustige les gens de droite : "Parmi les travers impardonnables, le plus impardonnable est celui d’être intelligent et cependant de droite" affirme-t-il en contemplant des étudiants ivres et brailleurs, cette connerie bourgeoise qui fait mal aux yeux.. Je retiendrai une merveilleuse phrase qu’il cite lorsqu'on lui demande quelles sont les deux choses principales qu’il léguera à son enfant : "l'amour et une profonde méfiance des idées reçues". Notre monde médical en prend un sacré coup, lorsqu'il s'en prend à Darwin et à sa théorie de l'évolution.
"N'importe quel biologiste moléculaire sait que la grande majorité des systèmes qu'il étudie est d'une complexité irréductible. Ce qui signifie que les bases mêmes sur lesquelles repose toute la biologie actuelle sont pourries. Seulement, voilà, il n'ose le dire à personne de crainte de voir s'effondrer tout le château de cartes du néodarwinisme. Les idées de Hitler sur les races avaient des bases plus solides que la théorie de l’évolution de Darwin. Ce qu'il faut chercher, ce n’est pas ce qui peut confirmer tes idées, mais ce qui peut les falsifier.."
Et aussi "Tout est dans nos gènes ! C'est le mensonge le plus populaire de notre époque !"
Pour ceux que le sujet intéresse, pas moins de 5 pages du livre sont consacrées à ces idées reçues que la médecine conventionnelle, par la voix des puissants lobbies pharmaceutiques tentent (avec succès !) de nous imposer.
Réponse à Darius 10 étoiles

J'étais comme toi, bien que l'université a commencé à me faire douter... J'étais plutôt à gauche et nous étions à l'époque de la guerre du Vietnam. Dans le hall d'entrée de la cité s'étaient installés les partis politiques. A gauche, les photos de vilains GI donnant des coups de bottes dans la figure de Vietnamiens à terre. A droite des photos de bons GI tenant dans leurs bras des enfants vietnamiens qu'ils sortaient de villages en feu... Idiots !... Ils auraient bien dû voir que la vérité était entre les deux !... Ils étaient par trop endoctrinés pour le faire et, de ce jour là, j'ai décidé que plus jamais je n'adhérerais à un parti qui me dicterait comment penser... Certain me diront que c'est l'âge qui fait passer à droite et quitter la gauche. Je préfère dire que l'âge fait que l'on tente de regarder les choses d'un point de vue plus large, englobant davantage de données et, donc, que l'on devient moins manichéen. On pourrait aussi dire plus réfléchi et dans l'indépendance. Ni la droite, ni la gauche n'ont le monopole de l'intelligence ou de la vérité. Cela me semble une évidence ! La réflexion personnelle et indépendante me paraît cependant la seule garante contre les dérapages des idéologies, bien souvent des plus meurtriers dans l'histoire.

Jules - Bruxelles - 80 ans - 1 novembre 2001


l'intelligence serait-elle le monopole de la gauche ? 9 étoiles

tu as raison Jules.. la droite n'est plus ce qu'elle était... Je ne sais pas ce qui m'a pris d'y inclure cette phrase reprise de l'auteur, ou plutôt si, je sais très bien pourquoi. Elle date du temps où j'étais en admiration devant un professeur de doctrines politiques aujourd'hui décédé qui commençait son premier cours par cette phrase provocante "la différence entre la gauche et la droite, c'est que la droite, ça ne pense pas.." mais bon, c'était il y a 20 ans.. Très juste d'affirmer que de nos jours, c'est du manichéisme

Darius - Bruxelles - - ans - 1 novembre 2001


Contre le cliché 8 étoiles

Je suis bien d'accord que les clichés nous guettent constamment et qu'il convient de tenter de les détecter et d'approfondir les problèmes avant que d'y adhérer. Mais l'auteur me semble se piéger lui-même par eux quand il dit que "le plus impardonnable est d'être intelligent et quand même de droite "... la mode et les clichés veulent aujourd'hui que seule la gauche est un choix valable et justifiable. Etre de droite ressemble à une tare honteuse. Cela aussi me semble un cliché ! La droite n'est plus ce qu'elle était il y a des années (sauf pour certains nostalgiques extrémistes). Une fois de plus, le cliché serait de croire que ce qui pense à gauche serait bon ! Tout dans la droite n'est pas mauvais, comme tout dans la gauche n'est pas bon. Le manichéisme fait vraiment partie de l'homme parce qu'il permet de simplifier les réponses aux problèmes où peu de gens comprennent quelque chose... Grâce à lui chacun croit comprendre et pour celui qui l'utilise, cela s'appelle aussi de la démagogie !

Jules - Bruxelles - 80 ans - 29 octobre 2001