War and Dreams, tome 1 : La terre entre les deux caps
de Maryse Charles (Scénario), Jean-François Charles (Dessin)

critiqué par Miss teigne, le 15 mai 2008
( - 42 ans)


La note:  étoiles
L'amour plus fort que la guerre
Quatre anciens soldats ayant combattu durant la guerre 40-45 visitent la Batterie Todt, en Côte d’Opale. Ces quatre hommes de nationalité différente ont vécu des histoires parallèles qui présentent un point commun : leur rencontre avec l’amour. Tous ont un vécu à transmettre. C’est donc le plus souvent accompagnés qu’ils traversent les couloirs remplis de souvenirs.

« La terre entre les deux caps » est concentré sur les personnages de Erwin et de Archie. En 1942, Erwin, le soldat allemand gagne la confiance de la farouche et secrète Opale, jeune Française collectionneuse de coquillages malgré ces temps troublés. Ils promettent de se retrouver des années plus tard sur les lieux de leur rencontre. Aujourdh’hui, le temps est peut-être venu…Il raconte son histoire à sa nièce. Archie, quant à lui, se remémore sa traversée du désert Libyen avec les troupes anglaises, au cours de laquelle il a perdu une jambe. Arrivé au Caire, il y fait la connaissance de la belle et entreprenante Sahara. Aujourd’hui, il s’installe en côte d’Opale avec son épouse. Mais qui est-elle ? Est-ce Sahara ?

Les deux autres hommes, Joe et le Français dont on ignore encore le nom ne sont qu’esquissés. On se borne à savoir que Joe, l'Américain, accompagné de son petit-fils, est gravement malade alors que le Français observe les trois autres protagonistes et raconte leur faits et gestes à une mystérieuse Laure.

Ce premier tome n'est clairement qu’une ébauche des suivants. Après sa lecture, on s’interroge essentiellement sur trois des acteurs principaux. Quel est le vécu de ce soldat français encore inconnu ? Qui est cette Laure à qui il s’adresse et pourquoi ne lui répond-elle pas ? Pourquoi Erwin et Opale se sont-ils séparés et promis de se retrouver ? Archie s’est-il fait manipuler par Sahara et le père de cette dernière? Quant à Joe, la page reste blanche. On ne sait encore rien de lui sinon qu’il est en sursis.

Dans l’ensemble, il s’agit d’une bonne amorce même s’il peut être utile de revenir parfois en arrière pour mieux saisir les évènements. En effet, on passe d’aujourd’hui à hier sans transition même si les couleurs du passé sont davantage tirées sur les tons brun clair, sable et kaki. De plus, on ne comprend pas systématiquement quel est le personnage intervenant dans les différentes cartouches, à moins d’être très attentif. Une chose est certaine : le graphisme est toujours superbe.
Superbe ! 8 étoiles

Cette BD se compose de quatre volumes dont ils ont sorti un très beau coffret.

Je ne vais pas faire une critique par tome mais bien globale.

Cette histoire se passe pendant la guerre quarante et nous suivrons la vie de quatre hommes. Mais une bonne partie de l'histoire se passe également aujour'hui avec les mêmes personnages.

Nous sommes sur la côte d'Opale face à celles de l'Angleterre bien visibles et à portée de canon. Quatre hommes, tout à fait séparément, se rendent sur place avec un parent ou un petit enfant. Ils sont venus là pour revivre leurs passés même s'il est particulièrement douloureux.

Le premier est allemand, le second américain, le troisième anglais. Quant au dernier il s'agit d'un français envoyé en Allemagne au nom du STO, s'est échappé et est entré dans la résistance. Il est le seul à avoir toujours habité sur place. L'anglais y achète une petite maison et s'y installe avec sa femme.

Chacun d'eux va se retrouver face à ses souvenirs, bons ou mauvais.

Les auteurs vont, au travers de leurs personnages, nous entraîner sur ces plages du nord, dans le désert avec Rommel, dans les camps de prisonniers, sur le front russe, puis en captivité pendant de longues années, dans ce pays.

Arrive une jeune femme qui veut faire son mémoire sur cette époque. Elle les contactera l'un après l'autre.

Ces BD sont à la fois poétiques, surtout pour l'Allemand, et très réalistes. Les textes sont excellents, les images très belles ainsi que les couleurs.

A lire !

Jules - Bruxelles - 79 ans - 22 février 2010


Très bonne mise en place de la série... 9 étoiles

Maryse et Jean-François Charles sont femme et mari dans la vie quotidienne et travaillent ensemble depuis des années, des décennies diraient les plus mauvaises langues… Jean-François est le dessinateur et on se souvient de certaines séries ou bandes dessinées qui ont connu un certain succès comme « Les pionniers du Nouveau Monde » où il travaillait avec Maryse avant de laisser le dessin à Ersel ou « Fox » quand il mettait en dessin le scénario d’un certain Jean Dufaux, excusez du peu…

Plus récemment, c’est sur la série India Dreams que l’on vit le couple briller car je crois que c’est une série qui plut à presque tous ceux qui l’eurent en mains. Je me souviens aussi de l’exposition qui fut consacrée à cette série à Angoulême…

Maryse et Jean-François Charles ont aussi provoqué la surprise en osant mettre en bande dessinée des vies de grands personnages de notre siècle. C’est ainsi que l’on put lire des biographies de Che Guevara (dessin de Wozniak), de Kennedy (dessin de Bouüaert), de Marilyn Monroe (dessin de Kas), de Massoud (dessin de Bihel), de Jim Morrison (dessin de Romain Renard), de James Dean (dessin de Gamberini)… Tout cela n’est pas un grand succès mais je crois que l’album consacré à Marilyn Monroe est une pure merveille… (vous pouvez lire ce que j’en disais il y a quelque temps : http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/13426).

Cette fois-ci, ils décident ensemble, scénario et dessin, de nous faire voyager dans le temps, de retourner durant la seconde guerre mondiale mais pas pour nous inviter à une relecture politique ou stratégique, plutôt pour prendre connaissance de destins humains. La guerre, même mondiale, peut être un lieu d’apprentissage, apprentissage de la vie, de l’amour, de la tendresse, de la mort…

Dès le premier album, nous rencontrons la côte d’Opale face à l’Angleterre, lieu de rencontre des personnages de ces histoires. Oui, il s’agit bien d’histoires car si la terre d’Opale va les réunir, si la guerre va faire croiser leurs destins, il s’agit avant tout de chemins individuels…

De nos jours, quatre anciens combattants viennent arpenter ces terres et plages de combats. Il y a tout d’abord une voix off qui s’adresse à Laure, qui se plaint de voir tant d’étrangers revenir ici… Il y a « Onkel Erwin », l’Allemand, Archie l’Anglais qui donne l’impression de boiter légèrement, Joe, l’Américain direct et franc… Le point de rendez-vous est une batterie allemande, enfin, plus exactement, le musée consacré à la batterie Todt. Cette pièce gigantesque d’artillerie a réellement existé et on peut voir certaines photos de l’époque qui ont inspiré le dessinateur Jean-François Charles, ce qui prouve que nos deux auteurs ont bien travaillé leur documentation avant de se lancer dans cette histoire humaine… (http://redtears.free.fr/Galerie%20photos%201.html ) Oui, raconter une histoire sur un fond historique ne dispense pas de se plonger dans la vérité historique !

Dans ce premier volet de l’histoire, nous allons faire connaissance avec Erwin. Ce militaire allemand est aussi un artiste incompris de ses collègues et chefs. Il rencontre deux jeunes filles sur la plage et petit à petit il entre dans leur intimité. Cette approche se passe par l’art et la douceur. Le soldat allemand sauvera la plus jeune de la noyade… Le militaire n’en reste pas moins un homme avec un cœur !

Les auteurs nous emmènent aussi en Afrique du Nord, en Lybie puis en Egypte ou Archie participe à la lutte contre l’Afrika Korps… La séquence consacrée à la tempête de sable est assez forte et elle montre que la guerre n’est pas qu’une affaire d’armes. Il faut parfois surpasser ses limites face l’adversité naturelle, dans les déserts chauds comme dans les pays froids…

Dans ce premier album, La terre entre les deux caps, ne révèlera pas beaucoup d’autres éléments sur les quatre personnages. C’est un premier épisode qui met en place des pièces d’un puzzle mais qui ne nous donne pas le modèle à reconstruire… cela peut déstabiliser certains lecteurs, mais on sent confusément que nous sommes dans une bonne histoire. On a envie d’aller plus loin, d’en savoir plus…

La narration graphique est solide même si le rythme n’est pas très rapide. Les auteurs ont souhaité nous inviter progressivement, ont laissé de la place à l’humain, à la poésie, à la terre… Du coup la guerre est au second plan et l’action n’est pas l’essentiel.

J’ai beaucoup aimé cette première partie de série. Je pense que c’est ce type d’album qu’il faudrait faire lire à tous les jeunes en fin de collège, quand ils apprennent la seconde guerre mondiale en histoire. C’est salutaire et constructeur. D’ailleurs, l’achat d’une telle bande dessinée devrait être remboursé par la sécurité sociale !

Shelton - Chalon-sur-Saône - 67 ans - 17 janvier 2010