Le fond du problème
de Graham Greene, Marcelle Sibor (Traduction)

critiqué par Saule, le 14 mai 2008
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
Amour et perdition, quelques whyskis en plus
Ce roman typiquement greenien se passe dans une colonie anglaise quelque part en Afrique. Le chef de la police, un major anglais, est amoureux de sa femme mais l'envoie au loin car celle-ci ne supporte plus la vie de la colonie. A ce moment une très jeune femme, rescapée d'un terrible naufrage, attire sa compassion d'abord et son amour ensuite, et c'est un véritable amour qui s'épanouit. Cependant la femme du major revient à la colonie, le major qui est profondément humain, qui est amoureux des deux femmes et qui par dessus tout déteste de faire souffrir doit en plus composer avec sa foi catholique.

A nouveau Greene met en scène un homme tourmenté par sa foi, qui voudrait faire le bien, qui choisit d'écouter le meilleur de lui-même, qui refuse de composer et va "au fond du problème" même si cela va à l'encontre des préceptes de sa religion. Un pécheur mais qui en réalité touche à la Sainteté, ce qui montre que les meilleurs chrétiens sont parfois les plus pécheurs. Comme toujours l'histoire est passionnante et l'auteur excelle à dépeindre l'ambiance coloniale avec son lot de désœuvrement, son climat lourd, les moustiques, les magouilles et les whiskys pour faire passer le tout. La fin du roman est vraiment très bien emmenée et éclaire tout le livre. A nouveau un très grand livre.
La désespérance de Dieu 8 étoiles

Henry Scobie est inspecteur de police en Sierra Leone occupée par les anglais en 1942. En pleine guerre les transports maritimes sont l'objet des torpillages allemands et le trafic de diamants, l'espionnage militaire créent un climat de peur et de suspicion.
Scobie est catholique, ce qui est toujours pour un britannique une gageure. Sa foi vacille et prodigue chez lui un sentiment de honte et de remords.
En principe la conduite de Scobie est neutre (un peu comme lui), mari fidèle mais distant, honnête dans son travail mais sans zèle. Et puis tout vacille, il commet l'adultère, se laisse corrompre et se place sur le banc du péché mortel en communiant sans s'être confessé !
Nulle désespérance, écrira Graham Greene, n'est égale à la désespérance de Dieu !


Graham Greene (qui fut l'auteur de la trame du célèbre "troisième homme", succès cinématographique retentissant) écrit sur ses thèmes fétiches, la religion catholique et les pays lointains. L'auteur, grand voyageur, se convertit en 1926 pour épouser celle qu'il aimait, Vivien Daryell-Browning. Ecrivain consciencieux et productif il récolta un honorable succès pour son oeuvre.
Le fond du problème est une lecture intéressante qui plonge le lecteur dans une autre époque, d'autres moeurs et mode de pensées.
Bon roman.

Monocle - tournai - 64 ans - 8 octobre 2018


" L’œil était dans la tombe et regardait Caïn" " 10 étoiles

J’ai relu ce livre un peu plus que cinquante ans après et j’ai été frappé par la ressemblance entre Simenon et Graham Greene : les deux s’entendent à créer des atmosphères désespérantes où les personnages se dépêtrent dans des situations impossibles. Mais la ressemblance s’arrête là. Simenon raconte une histoire avec des personnages alors que Graham Greene sonde ses personnages jusqu’au tréfonds de leur âme en les mettant dans une histoire.

L’histoire se passe dans une colonie africaine et l’auteur restitue à merveille l’atmosphère suffocante de ces régions tropicales où les coloniaux s’épient, médisent à longueur de temps et, finalement, adoptent des conventions hypocrites qui leur permettent de se supporter les uns les autres.

Et puis chez Graham Greene on n’y échappe pas : le Major Scobie, son personnage principal, est croyant. C’est un vrai croyant, qui va à la messe, qui communie, qui croit au châtiment éternel et qui prie au pied de son lit. Si bien qu’avec lui, les questions de la souffrance et du mal dans le monde prennent une dimension transcendante. Les problèmes qu’il connaît sont ceux qu’un athée n’aura jamais. Il se sent de plus en plus isolé, soumis au jugement des autres et à son propre jugement, seul devant sa conscience, seul avec ses remords...

Je crois que le lecteur du Fond du Problème n’oubliera jamais qu’il a connu le Major Scobie dit le Juste, cet homme intègre par qui le malheur est arrivé.

Le Fond du Problème n’est pas un livre « de plage », un livre joyeux pour les vacances. Mais c’est un grand classique de la littérature, un modèle d’écriture et de construction romantique. Un livre qui touche le fond du problème de la conscience humaine, auquel finalement, personne ne peut échapper.

Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 88 ans - 3 septembre 2017


Le tourment personnel, thème Greenien par excellence 8 étoiles

Publié en 1948 (l'action se situe en 1942), le Fond du problème met en scène un officier de police britannique en Sierra Leone, le major Scobie. L'amour qu'il porte à sa femme Louise se dissout peu à peu, et il accepte qu'elle parte pour l'Afrique du Sud. En son absence, il tombe amoureux d'une jeune passagère rescapée du naufrage d'un navire torpillé par les allemands, Helen. En proie à un tourment intérieur qui le ronge de plus en plus, Scobie entame sa déchéance: objet d'un chantage ourdi par un commerçant syrien, qui a surpris sa liaison, il accepte de remettre des diamants de contrebande au capitaine d'un navire de passage, et il est incapable de choisir entre son épouse et sa maîtresse quand Louise revient du Cap. Apprenant qu'il est gravement malade, Scobie choisit la solution la plus extrême pour un catholique pratiquant.
Ce roman prend place parmi les grands ouvrages de Graham Greene. il mêle la réflexion sur la mort, le doute affectif et religieux, le combat du devoir et du Salut personnel. Scobie est un être à la fois faible, en cédant à la tentation de l'adultère et à la compromission, et fort par sa dignité face à la maladie et par son désir d'épargner sa disgrâce à Dieu, avec lequel il entretient un dialogue intérieur.

Rocchi - - 69 ans - 20 novembre 2013