Le discours aux animaux 1&2 (2cd)
de Valère Novarina

critiqué par Tistou, le 14 mai 2008
( - 67 ans)


La note:  étoiles
OVNI
Bon, il ne s’agit pas du livre, il s’agit d’un enregistrement de « L’animal du temps », par André Marcon, dans les caves d’un chateau, en 1987. Enregistrement dont Valère Novarina aurait dit :

« On regrette presque que cet enregistrement n’ait pas donné lieu à un film : Marcon dans le noir au milieu des cuves, déclamant, seul ; acteur « avec tout le théâtre entre ses dents » … »

Oui, cet enregistrement est grand. Carrément saisissant. En rapport avec le texte. Carrément à l’ouest, ou … génial, c’est selon ? Je ne sais pas si le livre, j’aurais pu le lire. Le texte, dit par Marcon, c’est fou …
Suite d’invectives, de pensées inpensées, impensables. Beaucoup de jeux avec les mots, les sons. Les sens se carambolent et c’est bien pourquoi il faut en passer par un média tel André Marcon.

« A qui est cette crâne-ci ? Celle-là fut la crâne d’un enfant boucher. Et celle trois ? Celle trois-six fut la crâne d’un euphorique. Tu n’as plus rien dans les orbites ? Tu penses dedans : « Paupières, ouvrez les deux quand je ferme mes yeux à ciel ouvert ! » sentence d’une pierre qui danse : « Tout ce qui est doit traverser. »
Vingt-sept fois j’ai vu faillir sortir le monde d’une tête. Sans faire ni voir. Lorsque notre scène arrivera, nous brandirons l’ossement de notre père, et nous dirons trente fois la même scène à des gens qui n’auront rien joué.

On est censé assister au discours d’un homme à des animaux. Un monologue, donc. Et c’est donc un monologue, mais surtout un jeu de poésie, d’absurde réglementé jusqu ‘à l’épuisement. Si ce n’avait été pour l’interprétation d’André Marcon …
De « l’Encyclopaedia Universalis » :

« Le paradoxe fondateur de l’écriture de Novarina pourrait se formuler ainsi : comment imaginer une langue et construire un dispositif qui puisse chanter l’oralité sans la recouvrir par du récit, comment une poétique du vide peut-elle échapper au remplissage, comment mettre des mots dans la bouche sans l’obturer ? »

On ne saurait mieux dire. Et c’est exactement ce que j’exprime par : « Je ne sais pas si le livre, j’aurais pu le lire. Le texte, dit par Marcon, c’est fou … »