La critique de Kinbote, écrite il y a onze ans n’a pas pris une ride. Il a, de façon concise, indiqué les thèmes abordés sans jamais les divulguer, nous en laissant le bonheur de lecture. Ce sont toujours les mêmes, écrits avec la même écriture. C’est que Carver a, comme tous les grands écrivains, son univers. Malaise, mal être, alcoolisme, adultère, déménagements, imminence du danger.
On ne saura jamais pourquoi ces nouvelles ne furent jamais publiées et restèrent longtemps oubliées dans un tiroir, d’autant que ce recueil de cinq nouvelles a sa cohérence. Ainsi « Rêves » et « Vandales » racontent des histoires différentes mais avec les mêmes « intervenants », des enfants et le feu et une chute toujours ouverte sur un autre possible. D’autres parentés sont signalées par Tess Gallagher qui fut sa dernière femme. Dans un beau texte qui achève le sixième volume des œuvres complètes de Raymond Carver, elle considère, pour sa part, que ces nouvelles sont différentes de celles publiées du vivant de son mari (explication de l’oubli dans un tiroir ?), tout en les complétant et les éclairant.
Mais surtout, elle dit magnifiquement pourquoi Carver est toujours présent.
« Ce livre est semblable à de l’eau de pluie recueillie dans un tonneau, à de l’eau que le ciel nous a envoyée. Il suffit d’y plonger la main pour y puiser de quoi nous rafraîchir et nous aider à vivre - pour nous rapprocher de l’œuvre et de la vie de Raymond Carver. »
Jlc - - 81 ans - 29 juillet 2012 |