Dans l’Angleterre de 2021, frappée de stérilité totale comme d’ailleurs tout l’ensemble de la planète, plus aucun bébé n’a vu le jour depuis un quart de siècle. La population vieillissante s’enfonce dans le désespoir. Les derniers « jeunes », surnommés les « Omégas », jouissent de tous les droits et font régner la terreur en toute impunité. Les gens survivent dans une ambiance digne de « 1984 » d’Orwell, sous l’autorité tyrannique du dictateur Xan Lyppiatt. Professeur d’Histoire désabusé et cousin de Xan, Théo Faron rencontre un soir une jeune femme, Julian, dont il tombe amoureux. Elle est membre d’un groupuscule clandestin, « les Cinq Poissons », qui défie naïvement le pouvoir et tente d’empêcher par des attentats l’organisation de « Quiétus », ces suicides collectifs et organisés de vieillards. Et soudain, elle lui apprend une nouvelle stupéfiante…
Pour une fois, P D James abandonne le registre du policier ou du thriller au profit du roman d’anticipation. Le résultat est assez réussi. Un thème porteur : la stérilité et la disparition de la surface de la planète comme avenir inéluctable de l’Humanité. La baisse de la fertilité des hommes est déjà scientifiquement prouvée et cette vision de l’avenir n’a rien d’improbable. Après la surpopulation, la dépopulation et à terme l’extinction. Son exploitation semble toutefois un peu légère, les personnages peu intéressants et la fin décevante. L’intérêt réside plus dans le côté « conte philosophique » du livre. Il faut rendre justice au courage de l’auteure qui ne craint pas d’aborder les thèmes difficiles de l’eugénisme, de l’euthanasie, du totalitarisme et de la pensée unique. Cette situation catastrophique remet en selle toutes les horreurs nazies ! Le style un peu vieillot de celle qu’on a présentée en son temps comme la nouvelle Agatha Christie s’encombre de lourdeurs, de longueurs et de tunnels descriptifs qui n’apportent rien à l’histoire si ce n’est de la faire manquer parfois de rythme et de punch. Il n’en demeure pas moins que les catastrophes annoncées demeurent très plausibles et que ce bouquin oblige le lecteur à réfléchir à notre si fragile condition humaine.
CC.RIDER - - 67 ans - 29 novembre 2008 |