La Bibliothèque, la nuit
de Alberto Manguel

critiqué par Dudule, le 30 avril 2008
(Orléans - - ans)


La note:  étoiles
A savourer
La bibliothèque, ce lieu magique dont l’auteur, Alberto Manguel nous ouvre les portes avec son fabuleux essai.

Quel bonheur de pouvoir voyager dans toutes les bibliothèques à travers les âges, les pays, qu'elles soient légendaires, rêvées, imaginées, ou bien réelles, privées, publiques et sans oublier celles qui ont été détruites.

Il nous offre un essai merveilleux sur les livres et surtout sur leur demeure. Il commence par nous emmener dans la sienne, qui se situe dans un ancien presbytère (j’aimerais bien m’y perdre un moment), ensuite celle d’Alexandrie, rien ou presque ne manque dans ce livre, nous pouvons également découvrir les bibliothèques au travers de photos, de dessins, celui dont Boullée avait imaginé la bibliothèque idéale, quel lecteur n’en a pas rêvé ?

Quel amoureux des livres ne s’est pas promené à travers d’interminables rayonnages afin d’en choisir un sans raison apparente, est-ce à cause de sa couverture, de son titre, de l’auteur, d’une simple impulsion, sûrement l’envie de s’instruire, de s’évader.

J’ai beaucoup aimé cet essai, j’y ai retrouvé le style toujours aussi remarquable et intelligent d’Alberto Manguel, je l’avais découvert avec son essai sur « l’histoire de la lecture », et je pense que tous les bibliophiles ne peuvent que les apprécier.

Je ne voulais plus quitter ce livre tellement je m’y sentais bien et à ma place. Je le recommande vivement, pourquoi se priver d’un moment délectable, alors bonne lecture à tous, ce livre est pour vous !
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la bibliothèque sans jamais oser le demander ! 8 étoiles

Alberto Manguel (1948- ) est un écrivain canadien d'origine argentine.
Depuis 2009, il fait partie du jury du prix de la BNF.

"La Bibliothèque, la nuit" paraît en France en 2006 (Éditions Actes Sud).
Dans cet essai, l’auteur nous fait part de ses réflexions et de ses perceptions personnelles autour des bibliothèques. Il utilise de nombreuses références, un ouvrage très documenté.

L'histoire des bibliothèques à travers les âges. Des cylindres gravés au stockage numérique, le livre et la bibliothèque relèvent du Sacré.
Nul doute que cet ouvrage est très (trop ?) richement documenté. Rien n'est laissé de côté et toutes les facettes de la lecture sont abordées.
Pourquoi, comment, quand, avec qui, les bienfaits et les limites de la bibliothèque.
Tout, vous saurez tout sur ce temple divin, indispensable au développement de l'Humanité et le bien-être des démocraties.
Cependant, trop d'érudition devient lassant et pesant au fil des 325 pages que contient cet essai.
J'en ressors très mitigé mais néanmoins satisfait d'avoir approfondi mes connaissances sur cet instrument sacré...

Frunny - PARIS - 59 ans - 6 novembre 2017


Aaaah, les livres ! 8 étoiles

Alberto Manguel disserte dans cet essai sur un sujet qui passionne tout lecteur : celui de la bibliothèque. Il répond aux questions du style : Pourquoi garder des livres ? Comment les ranger ? - à ce propos, j'ai trouvé passionnant d'apprendre les méthodes de classement et qui est l'inventeur de la classification décimale -, Comment se comporter dans une bibliothèque, la consulter, faire des connexions entre les livres,..

L'auteur nous fait "un compte rendu de ses étonnements" dans ce domaine. On apprends pas mal avec cet essai plein d'érudition, et en plus on s'amuse beaucoup. L'auteur a un humour décalé vraiment savoureux. Par exemple, lorsqu'il mentionne son étonnement dans la bibliothèque d'un ami en voyant "Le bateau ivre de Rimbaud" classé dans la rubrique "Navigation à voile" ou "Robinson Crusoé" dans la rubrique "Voyage". A propos de son penchant à l'accumulation de livres partout dans sa maison, il nous dit : "Plus tard, dans ma maison de Toronto, j'ai mis des étagères à peu près partout - dans les chambres à coucher et dans la cuisine, dans les corridors et dans la salle de bains. Même le perron couvert avait les siennes, et mes enfants se plaignaient d'avoir l'impression qu'il leur fallait une carte de bibliothèque pour pouvoir rentrer chez eux."

A propos d'Internet, j'ai trouvé ces deux citations assez judicieuses : "La Toile, et sa promesse d'une voix et d'un site pour tous, est notre équivalent du mare incognitum, la mer inconnue qui inspirait aux voyageurs d'autrefois la tentation de la découverte. Aussi immatérielle que l'eau, trop vaste pour l'entendement d'un mortel, la Toile nous permet, par ce que qu'elle a de prodigieux, de confondre l'incompréhensible avec l'éternel". Plus loin : "Sa vertu (sa virtualité) a pour résultat un présent continuel - ce qui, pour les érudits du médiévaux, était l'une des définitions de l'enfer"

J'ai beaucoup aimé cet essai, même si je l'ai trouvé un peu inégal, l'auteur ayant parfois tendance à "bavarder". Du même auteur, j'avais lu avec un ravissement sans mélange le "Journal d'un lecteur", que je trouve supérieur à celui-ci. Mais j'apprécie beaucoup cet auteur, il me fait penser à Allan de Botton, qui mélange aussi une érudition imparable avec un sens de l'humour très fin et un point de vue toujours un peu décalé, qui nous surprend et nous incite à réfléchir.

Saule - Bruxelles - 59 ans - 17 juillet 2010


Votre bibliothèque rêvée sous tous ses angles 9 étoiles

Une seule critique ? Tous ceux qui prétendent aimer la littérature et se sentir constamment envoûtés par cet art, devraient avoir lu au moins quelques œuvres de Manguel, sinon sa bibliographie entière.

Concernant La bibliothèque la nuit en particulier, à nouveau une magnifique prestation de l'érudition de cet argentin dont le style semble tout de même épuré, humble, aucunement surchargé. L'essai est découpé en chapitres dont les titres évoquent pour ma part tout ce qu'une pièce qui a pour fonction de réunir des livres doit être ; ordre (pour les modalités de rangement, oh combien inventives et qui donnent envie de le créer aussi, cet espace privilégié reflet de tant de choses en nous), imagination, survie, forme, pouvoir...

Rares sont les essais qui à un moment ou un autre ne me perdent pas en route, celui-ci en fait partie.
Quel bonheur de mettre des images, du sens sur ce qui n'était que de vagues mots reflétant rien de précis : la tour de Babel, la bibliothèque d'Alexandrie notamment. Admirable aussi la confrontation entre la bibliothèque virtuelle aidée de son acolyte le web, et les versions papiers qui sont, elles, éternelles et plus humaines.

Le seul problème avec ce genre de livre, c'est qu'il est tellement captivant que l'on a du mal à s'en détacher pour noter quelques points supports de notre future critique.
Ce qui m'a le plus marquée peut-être, c'est cette faculté qu'a Manguel pour nous passionner sur tout sujet se rapprochant de près ou de loin de la littérature, à enchainer ce flot de mots sans lasser, sans perdre personne en route. Et à nous révolter contre nous-mêmes de ne pas avoir suivi assez ses cours d'histoire ou l'actualité pour être passé à côté de faits graves et choquants ; le maire d'extrême droite d'Orange qui a interdit la plupart des livres dont les auteurs étaient africains dans la bibliothèque municipale de sa commune, l'interdiction jusqu'au début des années 20 (si tard!) de l'accès aux bibliothèques concernant les noirs aux états unis, ou encore la place déterminante qu'ont eu certains livres dans la survie de juifs dans des camps de concentration.

Laissez-vous embarquer dans cet essai qui m'a intriguée et captivée plus que la plupart des romans que j'ai lus ces derniers mois.

Elya - Savoie - 34 ans - 27 janvier 2010