Chroniques abyssiniennes
de Moses Isegawa

critiqué par FROISSART, le 19 avril 2008
(St Paul - 77 ans)


La note:  étoiles
Commentaire de Patryck Froissart
Titre : Chroniques abyssiniennes
Auteur : Moses Isegawa
Titre original : Abessijnse kronieken
Traduit du néerlandais par Anita Concas
Editeur : Albin Michel (Paris – 2000)
ISBN : 2-226-11648-6


Serenity est professeur. Il est le premier de la famille à quitter le village pour s’installer en ville, après son mariage avec la féroce Cadenas, qui aurait voulu être religieuse, et qui traite leurs enfants, dont le narrateur, avec une extrême brutalité.

Serenity a pour maîtresse la belle et sensuelle Nakibuka, la tante de sa femme.

Ce roman torrentueux charrie les vies des innombrables membres de la famille de Serenity et de celle de Cadenas, bousculées en quelques décennies de la riche tradition africaine millénire à la pauvreté de la vie moderne dans un Ouganda acculturé par la colonisation, déchiré par les guerres civiles et les dictatures, dont celle d’Idi Amine Dada, et touché par le sida.

Cadenas est emportée dans la forêt sur les cornes d’un buffle furieux, Serenity meurt avalé par un crocodile. Leurs corps ne seront jamais retrouvés : c’est une génération qui disparaît, sans laisser de traces, dans la gueule brutale de l’Histoire, quand jusqu’alors, au village, le souvenir des ancêtres s’entassait, soigneusement conservé, par couches successives.
De toute façon, le village ancestral, lui aussi, a disparu.

Le fils de Serenity, narrateur, représentant la génération suivante, fuit cette Afrique qui a perdu son âme, émigre en Europe, découvre les ghettos et les préjugés raciaux, et y perd son être.

Toute la tragédie africaine de la fin du XXe siècle est là.

L’œuvre est magistrale. Le point de vue du narrateur est dénué de toute complaisance. Les scènes sont brutales, comme l’est la « modernisation ». L’expression est crue, la violence est rendue sans fioriture, avec les mots qui heurtent. Mais la poésie, mais la magie, mais la sensualité qui baignent les personnages ensorcellent le lecteur : Moses Isegawa est un immense griot.

Un grand roman, incontournable.

Patryck Froissart, St Gilles (Réunion), le 18 avril 2008
Très bon livre à conseiller. 9 étoiles

Très , très bon livre
Je le conseille vivement.
Cordialement.
Gael do Rozario.
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Purfi

Gaeldorozario - - 45 ans - 29 décembre 2010