La Brèche
de Marie-Sissi Labrèche

critiqué par Mayaaahh, le 17 avril 2008
( - 32 ans)


La note:  étoiles
D'un extrême à l'autre.
Des personnages bizarres, une histoire sans espoir, un roman fort aimé.
Bien que je l'aie apprécié, ce n'est pas un roman qui pourrait se trouver un juste milieu, on l'adore ou on le déteste.

C'est une histoire très peu conventionnelle, dans laquelle la luxure a une place si naturelle entre Émilie-Kiki et Tchéky, son professeur d'université. Émilie-Kiki, en pleine détresse, en plein désespoir, tente son possible pour avoir Tchéky pour elle puisque, malheureusement, elle en tombe amoureuse.

Un roman court, à l'écriture vulgaire, très crue, qui d'ailleurs nous donne l'impression que l'auteur se sert de l'écriture pour se défouler, presqu'uniquement.

Enfin, je l'ai beaucoup aimé, puisque ce roman nous amène à réfléchir sur toutes sortes de valeurs, à se questionner sur divers aspects de la vie.
Besoin intrusif 8 étoiles

Un roman dans la même veine que Borderline dans la mesure où elle revient avec des courts moments sur sa famille aliénée et aliénante ainsi qu'avec sa prose toujours aussi déstabilisante. Son écriture folle et tellement extrême reflète son amour maladif pour son professeur de littérature, où elle cherche à ne faire qu'un avec lui, que l'être tout entier de cet homme l'« envahisse, qu'il s'installe dans chacune de mes cellules pour de bon [...] ». Le plus déroutant est cette relation amour/haine vécue par Émilie-Kiki à l'égard de son professeur. Tantôt idolâtré comme un dieu omnipotent, maître fictif de la vie de son étudiante, tantôt haï pour ce qu'Émilile vit lorsqu'il n'est pas là : Tchéky avec sa femme, ses enfants, sa maison, sa petite vie rangée, sans elle. Cette envie folle de se fondre dans Tchéky tout au long du livre, ne faire qu'un avec lui, est remarquablement bien réussie. C'est intense, c'est maladif, c'est fou à lier. Elle est prête à faire toutes les bassesses du monde pour lui, se faire baiser par tous les trous pour le sentir en elle. Pour qu'il l'aime.

Cette envie de l'autre, cette envie toute féminine qui vient du ventre m'intrigue, même si le mot n'est pas assez fort pour l'exprimer. Cet élément semble être une constance dans le désir au féminin, ce qui m'intéresse beaucoup. Toutefois, chez madame Labrèche, il y a une insistance étourdissante, à la fois émotive et érotique, qui se voit basculer dans le dégoût de soi-même. C'est ce qui fait qu'à mon avis, ce n'est pas destiné à n'importe quel lecteur pour qui tout ceci passerait pour de "l'émotivité aiguë". Bien que ce soit tout à fait logique avec le trouble du personnage, ça crée une certaine redondance qui par bonheur, n'a pas duré trop longtemps. En effet, faire durer cette opposition extrême plus longtemps, j'aurais peut-être décroché. Heureusement, le roman est assez court et finit par déboucher sur quelque chose de très intéressant. Quant à la finale, elle est particulièrement crève coeur, même si Émilie-Kiki atteint une partie de son but.

Dans l'ensemble, j'ai mieux aimé ce roman que Borderline et je suis très content d'avoir persévéré avec cette auteure.

Calepin - Québec - 43 ans - 13 avril 2010


Borderline II 6 étoiles

Je ne sais pas si ce roman se trouve réellement à être la suite de Borderline, mais il ne fait nul doute que le personnage n’a fait que changer son nom. Les nombreuses références à la mère «folle à lier» et à la grand-mère «psychotique» font beaucoup penser à Borderline, sans compter que le film s’est basé par la suite sur un mélange des deux romans pour plus de contenu.

Je crois bien comprendre, au moins un peu, pourquoi La Brèche n’a pas suffit à combler un film complet alors que telle était l’idée au départ. C’est une histoire qui devient rapidement répétitive, avec toutes ces scènes de sexe, de sexe, et encore de sexe, et ensuite d’introspection pendant l’attente d’une nouvelle rencontre ou d’un nouveau coup de téléphone. Quelques péripéties viennent donner un certain fil conducteur à l’histoire, mais il reste qu’après un certain temps, on finit toujours par retomber dans les mêmes patterns.

J’ai aussi été quelque peu agacée à la longue par la vulgarité de certaines phrases, de certains mots ou de certaines images. C’est un aspect déjà présent dans Borderline, mais qui est beaucoup plus accentué dans ce deuxième récit.

L’analyse psychologique du personnage d’Émilie-Kiki est tout de même très bien réussie, selon moi. C’est une personnalité anxieuse et tourmentée, et aussi bizarres que puissent paraître ses actions ou ses relations avec les autres et avec elle-même, Marie-Sissi Labrèche ne laisse aucun détail au hasard et donne carrément l’impression que l’on se trouve dans le psychisme d’une véritable borderline.

Gabri - - 38 ans - 18 décembre 2008