Maurice
de E.M. Forster

critiqué par BONNEAU Brice, le 15 avril 2008
(Paris - 40 ans)


La note:  étoiles
Beau, sensible
On m’avait déjà beaucoup parlé de Maurice, roman d’amour platonique né de la main d’Edward Morgan Forster, auteur britannique du début du siècle. C’est lors d’un échange entre blogueurs, articulé autour du thé et de la littérature, qu’il sera finalement parvenu jusqu’à moi.

Située aux alentours de 1920, cette histoire qui pourrait être inspirée de la propre jeune de Forster, nous raconte celle de Maurice, fils de la bonne société anglaise, qui lors de ses études à Cambridge se lie d’amitié avec un autre étudiant, Clive. Peu à peu, leur relation va évoluer vers une sorte d’amour platonique, à mi-chemin entre la fraternité et la relation amoureuse. Dans l’ambiance sociale de l’époque, ils vivent leur camaraderie comme ils l’entendent, sans y accorder de sens particulier. C’était malheureusement sans compter que, le temps aidant, Clive se détournerait de ses amours masculins pour épouser une jeune demoiselle, laissant Maurice dans le désarroi le plus total.

Arborant pour la première fois le thème de l’homosexualité (Forster lui même était homosexuel) dans une de ses oeuvres, Forster gardera ce roman au secret jusqu'à sa mort survenue en 1970, où fut publié Maurice à titre posthume. Ecrivain humaniste, auteur de nombreux essais, romans ou nouvelles, Forster n’avait de cesse d’établir des liens entre ses personnages, au delà des barrières sociales et des préjugés. Avec Maurice, il développe cette abolition des classes au profit de l’amour homosexuel, thème que l’on retrouve avec force à la fin de l’ouvrage.

Dans un style auquel nous ne sommes plus habitués dans notre littérature contemporaine, où deux amants se vouvoient, Forster décrit une belle mais triste histoire amoureuse, que les impératifs de la bonne société aura détruite. Très beau roman, Maurice a été adapté au cinéma en 1986 par James Ivory.
Sensible 6 étoiles

J’ai vu les adaptations cinématographiques de James Ivory d’Edward Morgan Forster (Retour à Howards End, Chambre avec vue, Maurice) et ça m’a donné le goût de lire un de ses livres. Maurice aborde l’homosexualité, mais attendez-vous pas à des scènes de sexe explicites, ce n’est pas ce genre de livre... On est plus dans le genre Jane Austen ici, pas Edmund White (enfin, ça me fait un peu penser à Un jeune américain...). J’ai trouvé l’écriture est sensible et l’histoire sûrement assez réaliste de l’époque. Ce n’est pas un style d’écriture dont je suis habituée, je le trouve un peu « vieux » (je ne sais pas comment l’expliquer), mais pas au point de détester. Je me suis bien liée au personnage principal, Maurice, mais seigneur que ce Clive est exaspérant ! En tout cas, j’ai passé un bon moment de lecture et je compte bien lire Avec vue sur l’Arno et Howards End.

Nance - - - ans - 9 août 2008