Histoire naturelle des morts et autres nouvelles
de Ernest Hemingway

critiqué par CC.RIDER, le 13 avril 2008
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Magistrale condamnation
Ernst Hemingway s’est trouvé sur le front italien pendant la dernière année de la Première Guerre Mondiale. En reporter et écrivain, il a pris des notes assez personnelles, croquées sur le vif et montrant certains côtés un peu insolite du conflit. Ce livre comporte cinq textes. Le premier « Histoire Naturelle des morts » est le plus fort, le plus dérangeant et le plus accusateur. Quoi de plus monstrueux que cette description minutieuse, clinique de la lente décomposition des cadavres abandonnés après le combat ? On ne sait plus qui ils sont, de quel pays ils venaient ni s’ils étaient amoureux, drôles ou intelligents. Ils n’ont plus rien d’humain. Ce ne sont plus que masse de chair qui se transforme, gonfle, noircit, s’oxyde, pourrit ou grouille de vers. Le ton est froid, clinique, scientifique. Aucune emphase, aucun pathos. Un texte d’une puissance énorme, la plus magistrale condamnation de la boucherie que fut cette monstrueuse guerre de 14/18.
Les quatre autres nouvelles, n’en sont pas vraiment. Ce sont plutôt des instantanés, de petites scènes de vie sur le front ou au retour. Le style s’affirme bien que l’on sente encore l’écrivain en herbe qui se cache derrière son avatar, Nick Adams. Intéressant, mais sans plus.