Un crépuscule admirable - Rarogne
de André Sarcq

critiqué par Sahkti, le 7 avril 2008
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
La mort au bout du compte
Deux pièces dans ce recueil: Un crépuscule admirable et Rarogne.

Dans le premier texte, un homme est kidnappé et son ravisseur lui explique qu'il va passer six mois dans une cave, avec de la nourriture et des médicaments en suffisance, sans visite ni aucun contact avec le monde. Rapidement, la victime identifie celui qui le détient: c'est un ancien amant à qui il a transmis le sida. Sans le savoir apparemment, car il est porteur sain et à cette époque, on n'y pensait pas comme aujourd'hui.
S'ensuit un dialogue violent, émouvant, dramatique... tel un exorcisme à mener pour faire sortir de soi toute cette rancoeur et ces malaises accumulés.

Dans Rarogne, A et F (les initiales de Fabien et Antoine, les deux protagonistes du début) s'affrontent sur fond de Rilke et ses Elégies de Duino. Tout est prétexte à mesquinerie et rancoeur, mais derrière tout cela, c'est un amour virulent et à fleur de peau qui s'expose.

Dans ce "Dyptique", tel qu'appellé par l'auteur, nous nous retrouvons face à une colère sourde qui semble ne jamais pouvoir se calmer, car il y est question de vie, d'amour, de mort et de vengeance. Sur ce point, "Un crépuscule admirable" brille par toute la souffrance qui peut se dégager d'une telle situation, celle du mensonge par ommission, de la mort donnée par procuration.
J'ai apprécié la sensibilité des personnages, leur jeu brut et subtil à la fois et puis, surtout, cette manière rageuse de contempler le monde qui les entoure e l'avenir qui s'offre à eux. Joué sur scène, ça doit être quelque chose!