Kaddish
de Allen Ginsberg

critiqué par Bookivore, le 3 avril 2008
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Beat Generation
Allen Ginsberg, ou le plus grand poète anglo-saxon contemporain (hélas mort en 1997, la même année que l'ange noir Burroughs). Sorti en 1961 (1976 pour la France), "Kaddish" est incontestablement son plus grand livre, son chef d'oeuvre total et inégalable dans le genre.
Ce recueil de poèmes est court (les 218 pages représentent l'édition bilingue, une page anglaise face à une page de traduction française - il faut donc diviser par deux le nombre de pages de "Kaddish"), mais inoubliable. Le plus long - et premier - des poèmes est éponyme, et est dédié à Naomi Ginsberg, mère d'Allen, morte en 1956, trois ans avant la conception du poème. Il s'agit d'une complainte saccadée, poignante, qui risquera fort de faire monter les larmes aux yeux des plus sensibles d'entre vous - rarement n'a été faite une aussi forte déclaration d'amour filial. En plus d'être un cruel constat sur la vie et la santé de Naomi Ginsberg, à la santé (physique et mentale) fragile.
Parmi les oeuvres fortes de ce recueil, un poème absolument sensationnel occasionné par une visite de Ginsberg au cimetière du Père-Lachaize (Paris), pour y visiter la tombe de Guillaume Appolinaire. Et à partir de là, de tisser un long et merveilleux poème traitant de tous les poètes et écrivains de notre beau pays, Gide, Breton, Rimbaud, Radiguet...pour lesquels, on le devine, Ginsberg avait une profonde admiration.
Dans l'ensemble, on ne ressort pas totalement entier de "Kaddish", tant la plume de Ginsberg est survoltée, acide (parfois crue), puissante. Littéralement, on est émus par ce livre, que je vous recommande (l'édition proposée sur le site en exemple le permettant) de lire dans la langue initiale, afin de mieux en apprécier la prose.
Il y à quelques mois, un ami avec lequel je discutais de ce mouvement, la Beat Generation, m'avait demandé quels étaient les oeuvres absolument incontournables de ce mouvement littéraire et culturel. Sans hésiter, "Sur La Route" de Kerouac, "Le Festin Nu" de Burroughs et "Kaddish" sont sortis de mes lèvres en tant qu'exemples. Lorsque j'ai revu mon pote plus tard, il m'a dit avoir lu les trois livres, les avoir adorés (même s'il a eu du mal avec le Burroughs, pas étonnant), et avoir le plus apprécié "Kaddish", alors qu'en temps normal, la poésie ne lui fait pas grand effet. J'ai eu le sentiment 'avoir accompli une sorte de 'mission' (terme exagéré, et non, je vous rassure, mes chevilles et ma tête vont très bien merci) en lui faisant découvrir ce trésor.
J'espère par la même occasion vous avoir donné envie de lire (ou de relire) ce merveilleux recueil de poèmes beat. Un indispensable de toute bibliothèque.