Indigents de Dublin
de Éric Dejaeger

critiqué par Kinbote, le 30 mars 2008
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Carnet de voyage
D’un séjour fait de fin décembre 2007 à début janvier 2008 sans pluie ou presque, Eric Dejaeger a tiré un « recueil instantané » composé d’une trentaine de textes et de photos prises sur place ainsi que de scans de ses tickets de pub/resto ou billets d’avion qui font, on le sait, tout le prix d’un tel déplacement.
Instants pris sur le vif où il saisit au plus près la vie dublinoise, avec ses ancrages dans la tradition (vieux pubs, les Famine Statues, the Garden of Remembrance) et ses attaches à la vie contemporaine ; avec aussi son lot de mendiants et de clochards (d’où le titre). Mieux qu’un guide conventionnel, ce livret est un carnet de voyage, forcément subjectif, teinté d’autodérision qui porte un regard tantôt amusé tantôt incisif sur la ville natale de James Joyce tel que Brautigan (j’ai pensé à son Journal japonais), un de ses auteurs favoris, aurait pu l’écrire s’il avait fait pareil voyage.

« Est-ce à cause / de ma casquette du Donegal ?/ Aujourd’hui / durant nos pérégrinations en ville/ par trois fois/ des touristes m’ont demandé/ leur chemin./ Que j’ai réussi à leur indiquer ! / La casquette / fait l’Irlandais. »
On notera l’acquisition rapide de la connaissance de la Ville par l’auteur et un achat qui, à coup sûr, va lui coller au cœur et au crâne.

Ouvrage disponible chez l’auteur : ericdejaeger@yahoo.fr

L’extrait :

Burdocks tout près de
Christ Church Cathedral
annonce fièrement qu’il est
« Dublins Oldest Fish’n’ Chip Shop ».
Un panneau reprend le nom
de toutes les célébrités
qui sont passées par là
dont Elizabeth Taylor et U2.
En remerciant
le vieux monsieur bien gentil
qui nous a servis
je ne lui dis pas
qui je suis.