Les intermittences de la mort
de José Saramago

critiqué par LesieG, le 14 mars 2008
(CANTARON - 58 ans)


La note:  étoiles
Agréablement surprise
"Dans un pays sans nom, un événement extraordinaire plonge la population dans l'euphorie : plus personne ne meurt....."

J'ai été agréablement surprise par ce roman, en fait je ne m'attendais pas du tout à ce genre.

Ce n'est absolument pas noir, même si c'est assez cru.

On a l'impression que ça a réellement existé. C'est écrit comme un récit et se lit très facilement.

Petit bémol, les dialogues sont inscrits comme des paragraphes et pris par l'élan de la lecture on est obligé de ralentir pour savoir qui parle.

Je le conseille à tous les lecteurs qui ont envie de quelque chose qui sorte totalement du commun.
pas pour moi 4 étoiles

Je n'ai pas accroché du tout à ce livre qui a pourtant un sujet original, la mort. La mort qui fait grève, la mort qui reprend le travail, qui écrit etc. Mais c'est trop long et le style ne me plaît pas du tout. Pas d'alinéas, les personnages se suivent on ne sait des fois pas qui parle, un vocabulaire très cherché (ça pourrait passer encore)
J'aurai voulu savoir comment les gens vivent cette histoire, mais l'auteur parle surtout des problèmes du gouvernement et comment eux, ils font face, ou au moins, ils essayeront de faire face.
Bref, je m'endormais avec l'histoire.

Joanna80 - Amiens - 68 ans - 3 octobre 2015


Mais où va-t-on!!! 8 étoiles

La mort, cependant, qui, à cause des devoirs de sa charge,avait entendu tant d'autres musiques, notamment la marche funèbre de ce même Chopin ou l'adagio assai de la troisième symphonie de Beethoven, eut pour la première fois de sa très longue vie la perception de ce qui pourrait devenir une parfaite concordance entre ce qui est dit et la façon dont c'est dit. Peu lui importait que ce fût le portrait musical du violoncelliste, probablement avait-il fabriqué dans sa tête les ressemblances alléguées , réelles et imaginaires, ce qui impressionnait la mort c'était le sentiment d'avoir entendu dans ces cinquante-huit secondes de musique une transposition rythmique et mélodique de toute vie humaine, ordinaire ou extraordinaire, à cause de sa tragique brièveté, de son intensité désespérée, et aussi à cause de cet accord final qui était comme un point de suspension laissé dans l'air, dans le vague, quelque part, comme si, irrémédiablement, quelque chose restait encore à dire.

Et voici donc l'histoire de la mort , dans ce conte fantastique , qui , dans un premier temps, décide de faire grève! Et ce qui s'en suit, et on peut faire confiance à Saramago pour explorer dans le détail les inconvénients de cet évènement. Et les moyens employés pour contrer ces inconvénients. Et les propres inconvénients liés à ces moyens employés... Mais.. je ne vais pas vous raconter l'histoire, en fait, on a toujours l'impression d'entendre quelqu'un vous raconter une histoire à voix haute, et on attend la suite!
Sachez toutefois que la mort va tomber amoureuse d'un violoncelliste. Et de son chien. Et qu'on ne sait pas si la faux, à qui elle a confié la tâche d'envoyer les enveloppes violettes pendant son absence , va vraiment s'en charger. Ca reste un mystère , car, quand même, le lendemain , personne ne mourut.

Roman paru en 2005, Saramago avait 83 ans. Pas mon préféré de l'auteur mais quand même!

En exergue:

Pense, par exemple, davantage à la mort- et il serait étrange en vérité que tu n'aies pas accès ce faisant à de nouvelles représentations, à de nouveaux domaines du langage. L. Wittgenstein

Paofaia - Moorea - - ans - 19 octobre 2013


Le grain de sable... 9 étoiles

La mort en vacances : après tout le prétexte est aussi valable qu'un autre afin d'examiner comment nos sociétés hyper complexes, sophistiquées, construites toutes de hiérarchies, de relations de pouvoir, d'intérêts sordides, réagiraient dans le cas d'une "crise" telle que Saramago l'imagine. Et il ne se prive pas d'en dérouler et décortiquer les péripéties cocasses, ridicules ou ignobles. Les présupposés philosophiques d'une pareille hypothèse ne sont guère plus absurdes après tout que ceux qui légitiment la métempsychose ou d'autres qui nous promettent la lune, le paradis, ou la vie éternelle : eh bien ! la voilà votre vie éternelle, de quoi se plaint-on ? Quant au sens que celle-ci pourrait revêtir, l'écrivain laisse volontiers se manifester dans son récit les habituelles aptitudes ou inaptitudes humaines à en bâtir un qui ne soit pas une farce. Notre malicieux Lusitanien s'amuse manifestement beaucoup en nous imaginant lire son conte, très voltairien dans ses attendus et ses procédés. Il n'est pas de roman écrit par José Saramago où le destin individuel d'un personnage choisi, confronté au destin collectif, ne s'en sorte grâce à la puissance profondément humaine des sentiments, et tout particulièrement de l'amour réciproque qui couve, éclate, se noue entre un homme et une femme. Cette dernière fût-elle allégorique, d'ailleurs personne ne trouve à redire aux Romans Courtois ni à l'Enéïde, ni à l'Odyssée. Et puis, ma foi, je voudrais bien que la mort me prenne un jour comme elle le fait à la dernière page, même pour "de bon"....

Radetsky - - 81 ans - 3 octobre 2011


Intermittences de l’histoire, aussi. 6 étoiles

Bien long ce roman de José Saramago. Une idée directrice très originale, intéressante sans aucun doute, mais il faut tenir le coup sur un bon tiers du roman pour entrer un peu plus dans le rythme.
Nous sommes avec la Mort, la vraie, celle qui a pour charge de désigner les âmes concernées. Elle décide dans un premier de cesser de désigner les morts à venir. Grève de la mort. José Saramago se régale à imaginer tous les inconvénients qui s’ensuivraient d’une telle situation. Et il y en a, c’est vrai. Mais c’est long. Un peu verbeux et long. Mais la Mort reprend son activité. Et prise d’une espèce « d’administratite » aigue, elle a décidé que dorénavant les « désignés » seraient avisés une semaine avant, par le biais d’un courrier délivré dans une enveloppe de couleur violette. Ca part d’un bon sentiment. Les destinataires pourront ainsi prendre leurs dispositions, jouir des derniers instants, faire leur testament …

« Ce fut bien plus qu’une hécatombe. Pendant les six mois qu’avait duré la trêve unilatérale de la mort, plus de soixante mille moribonds s’étaient accumulés sur une liste d’attente come on n’en avait jamais vu, exactement soixante-deux mille cinq cent quatre-vingts, mis en paix d’un seul coup par l’œuvre d’un unique instant, d’une fraction de temps chargée d’une puissance mortifère, comparable seulement à certains actes répréhensibles. »

Et cette « administratite » génère un grain de sable. Ben oui hein. Elle n’était pas obligée de faire parvenir l’annonce de sa venue par une lettre violette une semaine avant ? Elle n’était pas obligée. Elle s’est mise la pression toute seule. Et le grain de sable prend la forme d’un violoncelliste. Elle lui envoie la lettre mauve. Comme à des milliers d’autres. Sauf que. Sauf que, la lettre revient comme s’il n’y avait pas de destinataire. Une fois. Deux fois … La Mort va donc descendre mettre son nez là-bas, chez le violoncelliste …
Etrange histoire. Etrange roman, à la fois verbeux et original. Sous une forme plus ramassée, ç’aurait certainement pu être une meilleure réussite.

Tistou - - 68 ans - 15 juin 2011


Quand la mort n'est plus au rendez-vous 7 étoiles

C’est un livre qu’il ne faut pas prendre au sérieux car je crois que l’auteur s’est bien amusé en l’écrivant. L’idée de départ est bonne bien que manquant d’originalité mais j’ai trouvé fort pertinente la façon dont monsieur Saramago déroule son récit en décortiquant les réactions de la société aux prises avec ce curieux problème et aussi la façon dont il nous dévoile les conséquences néfastes qui s’ensuivent. C’est une bonne analyse sociologique.

Le pas de deux entre la mort et le violoncelliste présenté dans la deuxième partie est plus faible à mon avis. Par contre, le récit se simplifie, s’aère un peu, prend de la légèreté et revêt des allures de roman mièvre baignant dans une molle atmosphère sentimentale qui frôle le cliché romanesque.

Lecture fort agréable. J’aime bien ce genre d’humour macabre et la touche de surréalisme n’est pas pour me déplaire non plus. Un mélange de science-fiction, de polar et de roman d’amour plutôt réussi.

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 12 juin 2011


Humour philosophique 8 étoiles

Humour philosophique

Très long récit avec des phrases immenses sans beaucoup de majuscule aux noms propres, ce qui le rend parfois un peu difficile à lire. Mais attachant car toujours plein de surprises. Une curiosité très intéressante sur nos comportements !

Qu’est-ce qui arriverait si, un jour, la mort ne faisait plus son travail dans un seul pays ? Ce sont les multiples conséquences de cet événement sur l’organisation des activités quotidiennes qui sont relatées. Un jour, la mort décide cependant de reprendre du service en ayant toutefois la délicate attention d’avertir ses victimes afin qu’elles puissent se préparer et mettre de l’ordre dans leurs affaires. Mais, à son grand étonnement, ils ne le font pas. Et quand la mort se déguise en humaine pour avertir personnellement un violoniste qui vit seul avec son chien et dont la lettre lui est revenue, ... elle tombe amoureuse, et ...

IF-0508-3338

Isad - - - ans - 14 mai 2011


Et pourtant .... Et pourtant ... 8 étoiles

Ecrit par l'un des maîtres de la littérature portugaise (prix Nobel de littérature pour Saramago en 1988), ce roman est très déroutant mais vaut le coup.
Découpé en chapitres (jusque là rien d'inhabituel !...) sans titre, le texte se fond en un bloc (échange verbal inclus !) Cela m'a quelque peu désorientée et cela a ralenti ma lecture pour mieux me concentrer. Pas de retour à la ligne, des majuscules au milieu des phrases, des assemblages de mots (des phrases ?) de plus de 14 lignes quelques fois qui m'ont obligée à rester en apnée plus d'une fois.
Et pourtant ... Et pourtant ... même si la lecture n'était pas facile, le style, lui, est bien là, le vocabulaire est très riche, les idées finement menées, l'humour assez noir mais très subtil, un peu dérangeant ? ... oui probablement, mais là est son but, je pense.
Lire ce livre comme un roman est, selon moi, une erreur (et c'est ce que j'ai fait au début...) Chaque phrase est pesée et réfléchie. Chaque idée en amène beaucoup d'autres. Peu importe que l'histoire soit vraie ou non, que le pays existe ou pas, il faut chercher les idées et ce qu'elles impliquent bien plus loin que cela. La relation qu'ont les hommes avec la mort (avec un petit m svp ! c'est important) est très complexe et je pense que Saramago en a traité quelques aspects avec brio.
Permettez moi de vous relater quelques "bijoux" de ce roman (?) / essai (?) "Il faut user d'infiniment de précautions avec les mots, ils changent d'avis comme les êtres humains" et "Si nous ne recommençons pas à mourir, nous n'aurons pas d'avenir".

Mandarine - - 52 ans - 16 avril 2011


Madame la mort 7 étoiles

Dans un pays sans nom, plus personne ne meurt.
L'immortalité provoque d'abord l'euphorie mais bien vite le désespoir et même le chaos.
A travers diverses situations l'auteur nous fait réfléchir sur la mort.
Nécessaire mais régulée pour ne pas perturber.
Le livre se termine par un monologue de Madame la mort.
Lecture rendue parfois difficile par la ponctuation !
Un conte amusant mais qui pousse à la réflexion.
A lire…

Koudoux - SART - 60 ans - 6 avril 2011


« Il ne faut jamais distraire un artiste de son art » 7 étoiles

A plus de 80 ans, José Saramago écrit cette fable sur la mort, sur la mort implacable, sur la mort qui hésite, sur la mort qui, désormais, annonce son arrivée et qui lui a peut-être déjà adressé le message qu’il n’attendait pas encore mais qu’il craignait de recevoir.

Dans un pays imaginaire, la mort décide de cesser ses activités, provocant d’énormes perturbations démographiques, augmentation de la population, allongement de la vie à l’infini,… ; économiques, paiement des retraites, prise en charge des soins des malades, … ; sociales et familiales, garde des malades grabataires, surveillance des vieillards séniles, … , religieux, s’il n’y a plus de mort, il n’y a plus de résurrection, ni de rédemption, donc il n’y a pas plus besoin de religion.

Mais, la mort a échoué dans son projet car le pouvoir, avec l’aide de la « maphia », transporte les mourants, et d’autres, derrière les frontières où ceux qui devaient mourir, et les autres aussi, décèdent immédiatement. Elle reprend donc ses activités en provoquant le décès de tous ceux qui auraient dû mourir pendant sa période d’inactivité. Immédiatement les problèmes inverses se posent et les embouteillages dans les morgues, églises, cimetières, etc… provoquent de nouvelles perturbations que la « maphia » aide, une fois de plus, à résoudre en se rendant, une fois de plus aussi, indispensable.

Mais cette fois la mort annonce son arrivée en envoyant un petit courrier personnalisé qui toutefois ne parvient jamais à ce brave violoncelliste qui ne sera jamais virtuose et qui n’a pas la moindre idée de ce qui lui arrive, la mort pourrait-elle connaître l’échec ? L’auteur pourrait-il poser cette question au crépuscule de sa vie ?
Cette fable pourrait être réjouissante et même tendre, si on considère que l’auteur joue avec la mort, qu’il la nargue, qu’il la provoque, qu’il l’amadoue, mais, en fait, on a finalement l’impression que, comme tous les hommes, il a peur de cette échéance et qu’il voudrait bien la faire reculer encore un peu, qu’il n’a nullement envie de recevoir la petite enveloppe fatidique, qu’il n’est pas prêt pour fermer ses livres et qu’il peut même encore en écrire, même s’il écrit désormais comme la grande faucheuse. « La mort ne maîtriserait tout bonnement pas les premiers rudiments de l’art d’écrire, sa calligraphie irrégulière serait encore pardonnable « en comparaison de la syntaxe chaotique, de l’absence de point final, de la non utilisation des parenthèses absolument indispensables, de l’élimination erratique des virgules et, péché sans rémission, de l’abolition intentionnelle et quasiment diabolique de la lettre majuscule… »

Mais, la Parque avait-elle « … compris qu’il ne faut jamais distraire un artiste de son art » ?

Débézed - Besançon - 77 ans - 15 mars 2011


Un exercice de style 7 étoiles

Ce livre est un long monologue dont le narrateur est "la mort". C'est un texte d'une grande érudition, avec un style époustouflant de faconde et de richesse, du vocabulaire enlevé et beaucoup d'humour. Pourtant, après la surprise du début, je suis toujours resté en-dehors de l'histoire. C'est trop de "la même chose" : le long monologue lasse. Cependant, la deuxième partie m'a parue nettement plus amusante.

Difficile de donner une appréciation sur ce livre, comme Elia j'aurais aimé aimer ce livre. Si je donne une note si pauvre, c'est à cause du peu de plaisir que j'ai retiré de ma lecture.

Saule - Bruxelles - 59 ans - 4 février 2011


Etrange mais intéressant... 8 étoiles

Dans un pays dont on ne connait pas le nom, plus personne ne meurt. Dès qu'on passe la frontière, la mort redevient possible. Cette situation amène quelques situations assez particulières...

Si la mort décidait de ne plus faire son travail, ça n'arrange pas forcément les choses, ici on en voit les inconvénients. Malgré le sujet, je n'ai pas trouvé le livre noir ou macabre, il possède même un certain humour (noir, je l'accorde). Je me demande qui était ce narrateur, j'ai eu le sentiment que ça pouvait être la mort elle-même par moments.

Spoiler:
J'ai été un peu gênée par la structure du livre : déjà tout est écrit dans un bloc pratiquement, il faut faire attention pour savoir qui parle. Ensuite, dans une première partie, personne ne meurt, dans une seconde, la mort "la" remet en place puis instaure un drôle de système et enfin, on s'attache à un homme en particulier, qui déjoue les plans de la mort. La fin m'a étonnée, parce qu'improbable, mais en même temps, j'ai été touchée par cette douceur.

J'ai aimé découvrir cet auteur, son style, même si assez particulier, m'a bien plu. Je le relirai sans aucun doute.

Shan_Ze - Lyon - 41 ans - 4 février 2011


Cimetière vivant 4 étoiles

Saramago écrit souvent des fables avec une prémisse ludique et c'est le cas ici. Bizarrement, le style utilisé pour la déployer est ce qui a de plus austère. Une longue narration en bloc, sans coupures par des dialogues avec une absence de personnages conducteurs.

J'ai décroché très tôt sans jamais pouvoir reprendre le fil. Il y avait là matière à explorer l'incapacité de l'humain à faire face aux situations exceptionnelles ou le potentiel d'une grande comédie. Mais, les théories sont toutes invraisemblables.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 2 février 2011


Plus ridicule qu'autre chose 2 étoiles

« Il n’y a en ce monde rien de certain, sauf la mort et les taxes. » - Benjamin Franklin

Mais si ce n’était pas le cas ? Si dans un pays sans nom, les gens ne mourraient plus. Serait-ce une bénédiction ou un cauchemar ?

L’idée de base est intéressante, mais j’ai trouvé le tout trop tiré par les cheveux, aussi je n’ai pas le même réflexe de pensée que l’auteur, la même logique. D’accord, c’est une fable, mais ce n’est pas une raison pour dire n’importe quoi.

Bon, il peut y avoir quelques révélations dans les deux paragraphes suivants (pas énormes, mais quand même), alors je vous avertis. En gros, des personnages stupides, des emphases aux mauvais endroits et une personnification d’un mythe que je trouve ratée.

Comme, j’ai de la difficulté à croire que l’impossibilité de mourir détruirait l’église et la philosophie. Je ne suis pas convaincue du lien, surtout si ça se passe juste dans UN pays et non la Terre entière, alors je vois mal comment ça remet tout en question, les gens dans leur besoin de donner du sens aux choses. Je crois que ça mènerait les philosophes à se questionner encore plus, parce que ce n’est pas parce que les gens seraient immortels que ça les empêcherait de se questionner sur leur existence. Et sans mort, tout est permis ? Où est la police dans tous ça, elle n’existe pas ?! L’armée ? Les dirigeants dans ce roman sont bien inefficaces ! *euphémisme* J’ai trouvé que le chaos international et les événements arrangeaient plus l’auteur que pour la vraisemblance du récit. Les réactions des personnages sont improbables et l’auteur met le projecteur aux mauvais endroits. Presque la MOITIÉ du roman est sur les drames de la frontière (que j’ai trouvé superficiels) et des maphieux (ridicule et arrangé avec le gars des vues). Quelques problèmes de la société sont effleurés, mais sans plus. Quoi, c’est si horrible de mettre à mort des gens DÉJÀ censés être morts ? C’est obligé de faire autant de place dans le récit ?

Bon, la deuxième moitié du roman entoure la personnification de la Mort, pas très réussie à mon avis. Une Mort qui se sent offusquée pour une connerie et qui utilise la poste ? C’est plus pathétique qu’effrayant ou drôle. Je veux dire... la Mort n’a rien de mieux à faire qu’emmerder UN pays, juste comme ça ? Oh, et la Mort qui veut connaître les sensations humaines, ça a déjà été fait et en mieux (comme la bluette Death Takes A Holiday ou même son remake Meet Joe Black, avec Brad Pitt...).

Enfin, il y a une seule chose que j’ai aimé du livre et c’est le style d’écriture de l’auteur. Sa façon d’intégrer les dialogues dans le texte en évitant les ponctuations habituelles du langage. Ça donne une saveur particulière, mais l’histoire avait trop d’éléments irritants pour moi et je n’ai pas embarqué. Je compte quand même lire d’autres livres de ce nobélisé, qui est mort l’an dernier, et je ne vais pas arrêter mon opinion à un livre.

« So shalt thou feed on Death, that feeds on men,
And Death once dead, there's no more dying then. »
- Sonnet 146, William Shakespeare

Nance - - - ans - 20 janvier 2011


J'aurais tant voulu vraiment aimer 7 étoiles

Cet écrivain pourtant prix Nobel de littérature dans les années 90 m'était inconnu jusqu'alors. La couverture ainsi que son titre étaient très attirant, ce qui laissait promettre une bonne lecture.

Dès la première page, j'ai ressenti tout ce que je ressentirai tout au long du roman.
D'abord, c'est indéniable, un talent fou pour écrire. Dans la syntaxe comme dans le vocabulaire employé, mais aussi grâce à la construction. Malgré des phrases très longues, parfois complexes, avec beaucoup de parenthèses au sens figuré comme propre du terme, je ne me suis jamais sentie perdue. J'étais plutôt au contraire admirative.
Mais il y a aussi cette densité que signale Badzu : les dialogues qui s'enchainent sans que l'auteur prenne la peine d'aller à la ligne. Pour nous immerger un peu plus dans l'histoire ? Pour perdre notre concentration plutôt.
Autre chose m'a dérangée tout au long du récit ; il y a en réalité un seul protagoniste : c'est un pays entier. Rare sont les livres je crois qui prennent pour personnage principal un groupement humain aussi immense ! Et cela surprend, dérange.

Pourtant, j'ai aimé lire ce livre. Le talent d'écrivain de José Saramago que je sens enfoui derrière ces lignes trop serrées se révèlera peut-être dans un autre de ses romans.
Je garde tout de même en tête la réussite de l'écrivain d'aborder des thèmes si variés avec pour unique origine la disparition et la réapparition de la mort. Il a pensé à énormément d'aspects de la société qui sont indirectement touchés, c'est impressionnant.

Elya - Savoie - 34 ans - 3 janvier 2011


Il faut s'accrocher, mais ça vaut le coup 8 étoiles

En commençant ce livre, j'ai été gênée par les pages compactes (aucun alinéa), et les dialogues qui se suivent les uns derrières les autres, entrant et sortant de la narration sans crier gare. Le 1er quart du bouquin n'arrivait pas à retenir mon attention, l'histoire, un peu bizarre, étant racontée d'un ton placide. Seule la qualité de l'écriture m'a fait persévérer. Et puis tout à coup, la magie opère, on se retrouve embarquée par la fluidité de l'écriture, par l'histoire, qui est en fait une succession de considérations sur la mort, si elle disparaissait, si elle revenait, si elle communiquait avec nous.... Je viens de fermer la dernière page en écrasant une larme montée dans les toutes dernières lignes, pleines de grave poésie. Saramago est un conteur philosophe, et je découvre là un auteur qui me donne tout de suite envie de replongée dans son écriture-cocon.

Badzu - versailles - 49 ans - 23 mars 2009


Vraiment bon! 9 étoiles

C'est le premier roman qui m'a vraiment plu cet été. L'auteur est érudit, écrit bien, a le sens de l'humour et surtout, sait redonner du souffle à son histoire.

J'ai franchement ri à plusieurs endroits.

Effectivement, le fait que la mort fasse la grève, ça n'a rien de banal!

Isabe - Montréal - 49 ans - 28 juillet 2008


Grève de la Mort 9 étoiles

"Le lendemain, personne ne mourut."

Tout est là, tout est dit. La Mort s'est mise en grève, sans prévenir et tant pis pour ceux qui l'attendaient. A première vue pourtant, l'idée de ne plus jamais mourir pourrait paraître sympathique et c'est d'ailleurs dans une certaine liesse que la nouvelle est accueillie. mais très vite les esprits déchantent parce que bon, tout de même, il y a un ordre établi dans le déroulement des choses et le modifier de la sorte ne se fait évidemment pas sans dégats. Les vieux restent vieux, la résurrection pourra bien attendre de nouveaux clients le jour de la reprise syndicale du travail de Madame la Mort. Drôle? Pas tant que cela... personnages âgées, malades en fin de vie, retraités dont les familles ne savent que faire, autant de catégories qui posent très vite problème à cette société dans laquelle on ne meurt plus. Que faire, comment gérer tout cela? Assez effrayant sous la plume de Saramago, même si amusant et cynique à souhait.
Parce que bien sûr, l'humain jamais en mal de tranquilité individuelle trouve rapidement une combine pour échapper à la grève de la Mort: on ira mourir dans les pays voisins. hé oui! pas plus compliqué que cela, sauf que très vite, le trafic prend de l'ampleur et provoque la riposte des frontaliers.
Un sacré bordel qui va faire revenir la Mort, provoquant dès lors une nouvelle pagaille entre adeptes d'une vie sans fin et partisans d'une mort en bout de parcours.
Quand je vous disais que rien n'était simple...

J'ai beaucoup aimé ce livre, caustique, ironique et bigrement pertinent dans la réflexion qui fait naître sur notre relation à la mort, tant sur un plan individuel que collectif. L'écriture est alerte, le style agréable... un bon moment-lecture!

Sahkti - Genève - 50 ans - 26 mars 2008