Sept, tome 4 : Sept missionnaires
de Alain Ayroles (Scénario), Luigi Critone (Dessin)

critiqué par Le rat des champs, le 9 mars 2008
( - 74 ans)


La note: étoiles
Comment le péché mène à la sainteté
Le scénariste Alain Ayroles est loin d'être un débutant, il est entre autres l'auteur de "Garulfo" et de "De cape et de crocs", deux solides références dans le monde de la bande dessinée. Quant au dessin de Luigi Critone, il est au-delà de tous les éloges. Un ticket gagnant, donc pour faire une bédé de haut niveau.

Mais connaissez-vous la série Sept? Comme c'est un peu la mode en ce moment, c'est une série dessinée et scénarisée par des auteurs différents, ce qui permet d'accélérer le rythme de production. Chaque album de cette série de sept est une histoire complète racontant un exploit accompli par sept personnes. Il y a eu "Sept psychopathes", "Sept pirates", Sept voleurs", et voici maintenant au milieu de ce beau monde, sept missionnaires. A leur place? Voire.

On sait que les Vikings étaient au Moyen-Age la terreur du monde chrétien, et que leurs expéditions sur nos rivages entraînaient moult morts et pillages de châteaux et surtout de monastères. Un père abbé, qui pense que la seule solution pour faire cesser leurs exactions est de les convertir au christianisme, décide de leur envoyer sept missionnaires. Pas les meilleurs, pas ceux dont on regretterait le trépas précoce, mais les pires, les plus frappadingues. Ils sont sept, donc, comme les sept péchés capitaux, et il y a effectivement un orgueilleux, un luxurieux, un orgueilleux, un envieux, etc, je vous renvoie à votre catéchisme habituel pour en faire la liste complète. Ces 7 missionnaires hors normes réussiront-ils à convertir les Vikings barbares et leur faire préférer Jésus-Christ à Odin?

Sans vouloir vous divulguer la fin de l'histoire, vous vous doutez bien que oui, et que ce sont justement leurs défauts qui convaincront les hommes du Nord de se faire baptiser, permettant à nos 7 missionnaires de devenir des saints adorés et respectés dans toutes les églises de France et de Navarre.

C'est cynique? Oui. C'est jouissif? Oui, aussi. C'est à la fois drôle, ironique et bien torché, une excellente bédé.
Sept Missionnaires 9 étoiles

Avec " Sept missionnaires" du dessinateur Luigi Critones, l’Italie a encore frappé fort. La France n’est pas en reste avec un scénariste d’exception : Alain Ayroles.
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L’album de bande dessinée est une spécialité des pays francophones d’Europe. Les autres pays se cantonnent à la publication de B.D. sur des supports non cartonnés. Moins chers pour les lecteurs, ces dernières ne permettent pas à leurs auteurs de gagner décemment leurs vies.
Pour survivre, nombre d’entre eux s’expatrient vers nos cieux moins cléments et nos librairies plus rentables.

Luigi Critone est l’un d’eux. Dessinateur figuratif, aux tendances malicieuses et humoristiques, il est le digne héritier de l’école italienne. École dont les caractéristiques se retrouvent chez les dessinateurs de la botte de l’Europe, tell Hugo Pratt (politico-ésotérique), Michel Uzzi (fresques historiques), Serpiri (rare cas de professeur des Beaux-Arts ; auteur de B.D.) et Manara (le roi de l’érotisme et de l’humour noir). Humour latin à la Pino Zac, dont se souviendront avec nostalgie tous les connaisseurs du neuvième art italien des années quarante, cinquante et soixante.
Pour une bonne bande dessinée, un bon dessinateur ne suffit pas. Il faut aussi un bon scénariste. Le Français Alain Ayroles, créateur des albums « De cape et de crocs », une fable animalière à la façon de Molière, est un joaillier du verbe et de la farce.
Ces deux compères nous embarquent en Irlande à l’époque des invasions vikings, dans une histoire qui commence mal… et finit mal. Dans une ambiance hilarante, sept moines dotés de tous les péchés capitaux vont convertir les pires païens pour ramener la paix, raviver l’espoir, faire briller à nouveau une lueur dans les ténèbres… et piller Byzance.
"Sept missionnaires ", une B.D. religieusement très incorrecte !

Patcoc - - 72 ans - 16 juillet 2008