J'ai vu les Muses (Edition bilingue français-italien)
de Leonardo Sinisgalli

critiqué par Sahkti, le 5 mars 2008
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
Poétique quotidien
Ces poèmes ont été publiés en 1943 chez Mondadori et ont porté Sinisgalli au panthéon des écrivains italiens d'après-guerre.
Ce recueil poétique est synonyme de retour en terre natale, en Lucanie, patrie d'Horace et lieu d'inspiration de Leonardo Sinisgalli qui y compose diverses odes poétiques, les "18 poésies". Ce sera comme une révélation, le déclencheur d'un processus créatif qui permettra à Sinisgalli, non pas de trouver sa voie (ceci est déjà fait), mais de baliser un chemin qu'il ne se lassera pas d'emprunter. Sinisgalli apprécie la poésie ouverte, tournée vers le monde, qui tient compte de l'évolution des sociétés et des techniques. L'hérmétisme à tout prix, il n'en veut pas et à l'obscurantisme de certains de ses pairs, il préfère le partage et le quotidien, qu'il transcrit à travers des détails et de minuscules choses, ces petits riens qui font les grands touts.
J'ai aimé tout particulièrement la lumière qui se dégagent des mots, ceux de l'enfance et du souvenir, cette luminosité italienne dont Sinisgalli nimbe ses mots. Impression chaleureuse que le poète prend son lecteur par la main et l'emmène en promenade, dans une balade contée proche de la confidence, du secret.

"Sur la colline,
c'est sûr, j'ai vu les Muses
Juchées dans le feuillage.
Oui, ce jour-là, j'ai vu les Muses
Entre les feuilles larges des chênes,
Qui mangeaient des glands et des baies.
J'ai vu des Muses sur un chêne
Séculaire, qui jacassaient.
Le coeur émerveillé
J'ai interrogé mon coeur émerveillé
J'ai dit à mon coeur la merveille"
(page 133)