Chronique du règne de Nicolas Ier
de Patrick Rambaud

critiqué par Killeur.extreme, le 29 février 2008
(Genève - 42 ans)


La note:  étoiles
un "Napoléon-le-petit" gentil
A la première vision de la quatrième couverture de ce livre inclassable (trop sérieux pour être une simple caricature, pas assez épique pour être un roman historique sur les premiers mois du règne du président français actuel) me fait penser à "Napoléon-le-petit" de Victor Hugo, republié, comme par hasard pendant la période de l'élection présidentielle française, comme si l'éditeur voulait mettre en garde l'électorat de la prise du pouvoir de "Nicolas 1er". Mais là où Victor Hugo "poussait un cri" Patrick Rambaud lui prend le parti de rire du Bien Aimé Souverain, plutôt que de se laisser abattre par la politique du Clairvoyant Leader.

Cette satire raconte à la manière des auteurs du XIX ème siècle les premiers mois de la présidence de Nicolas Sarkozy, tout en relevant les "bourdes" du Leader et de sa cour sans méchanceté, mais irrévérencieusement et surtout sans déformer les faits, mais en faisant rejaillir avec humour les erreurs commises par le président.

Certes c'est bien raconté et distrayant, mais ça ne va pas aussi loin, à mon sens, que ce que laissait entrevoir la quatrième de couverture, je m'attendais un peu à une caricature proche des "Guignols de l'info", traitée plus sérieusement, si le style est plaisant et les portraits du "Héros" et de sa cour sont pertinents, je ne me suis pas autant marré que je l'avais espéré.

Une petite déception donc, mais je vous encourage à essayer, peut-être seriez-vous plus réceptif à l'humour de l'auteur.

Je vous encourage aussi, si vous le trouvez, Napoléon-le-petit de Victor Hugo, vous verrez les similitude entre Napoléon III et Nicolas 1er sont nombreuses.
Quel plaisir en cette époque ! 9 étoiles

Quand Sarko fait éditer un "livre analyse-confession" sur son expérience présidentielle, je retrouve, par hasard, ce petit chef d’œuvre qui m'a tant amusée, alors : L'aventure sarkozienne revue et corrigée par un Saint Simon, inter-séculaire et pas trop frileux sur les références historiques, mais d'un humour et d'une connaissance de notre monde politique désopilants et ...déconcertants.
Bref, un Saint Simon XXIème.
Quand De Villepin devient cardinal, quand le Duc de Bordeaux et la Baronne D'Ati se croisent pour -sous couvert d'humour- nous faire de vraies révélations : quel régal !
Pourquoi n'ai-je pas plus "tilté" à l'époque ? Sans doute, des soucis perso.
Ce livre traite le début du "règne", il y a une suite que je vais m'empresser d'acheter ; je suis au moment terrible où l'"impératrice" se carapate, et au "casse-toi, pauv' con !".
Sous des dehors burlesques, ce livre est une vraie approche de ce qu'est notre époque. L'auteur, sans complexe, utilise notre histoire : Louis XIV, Napoléon, Richelieu, qu'importe, il utilise ce que nous fûmes pour regarder aujourd'hui, avec un vocabulaire admirablement compliqué mais succulent.
Un pan d'Histoire ; à chaud, drôle, inquiétant, percutant ! De la belle ouvrage .....
Un regard orienté, certes, mais qui m'a donné de tels moments de plaisir que je vous le recommande.

DE GOUGE - Nantes - 68 ans - 28 janvier 2016


Caustique ! 8 étoiles

L'exercice de style mérite d'être salué. Adopter ce style, et le renouveler sur la longueur, sans plonger dans la répétition et la lourdeur, c'est vraiment très fort.
Quant au fond, il est également très bon, et l'ayant lu en 2011, cela m'a permis de me rappeler ce qu'a fait notre cher président dans les premières années de son règne, en me disant "ah ouais, quand même! ". C'est de la critique politique très bonne, partial à souhait (ce qui n'est guère l'apanage que de l'écrit, quel bonheur!), et les passages sur la relation entre sarko le Magnifique et la culture sont épatants !

Soldatdeplomb4 - Nancy - 35 ans - 23 février 2011


La monarchie vue d'en bas.... 8 étoiles

Quel régal ce petit livre !!
Notre très cher souverain Nicolas y est ainsi décrit dans ses plus beaux travers, ses plus assommantes contradictions et ses pantomimes les plus risibles.
De rire, il en question mais toujours avec cette acuité journalistique qui malgré tout nous amène à voir le monarque en question tel qu'il est....un enfant à qui on a donné un jouet dont il a décidé d'user et abuser jusqu'au bout du bout. Finira-t-il par s'en lasser ? Rien n'est moins sûr.

En outre la cour du roi Nicolas Ier est peinte dans cet ouvrage avec délice et une caricature somme toute bien légère, rendant presque sympathiques ces tristes sires tirant les ficelles du pouvoir sans complexe ni retenue.

Un bien joli tableau en tout cas que dresse Rambaud. Doit-on vraiment en rire au final ?

Oxymore - Nantes - 52 ans - 14 septembre 2010


Comique, satirique, moqueur...j'adore!! 8 étoiles

Une bonne alternative à un cours magistral d'histoire!!
Drôle, percutant, les débuts du mandat de Nicolas Sarkozy sont décrits avec un humour caustique, et un vocabulaire...délicieux!!!!
Personne n'est épargné par la satire : l'impératrice, le gouvernement et les chefs politiques étrangers en prennent aussi pour leur grade!!

Avant la lecture de ce livre, j'étais déjà persuadée que l'on pouvait tout dire avec de l'humour. Ce livre renforce ma conviction!!

Boitahel - Paris - 40 ans - 26 mars 2010


Hilarant, audacieux et subversif 9 étoiles

Un immense plaisir à lire cette satire, qui de surcroît, est remarquablement écrite. Un plaisir continu qui permet de lire ce petit livre d'un trait, car c'est la première chose de faite une fois rentré chez soi... et ça c'est le genre de signe qui ne trompe pas. Rien à redire de particulier, à part que c'est drôle et percutant. Aussi bien sur la plage que pris très au sérieux, ce livre est à conseiller à chaque personne un tant soit peu intéressée par l'actualité, de gauche comme de droite...

Thorpedo - - 45 ans - 20 novembre 2009


Chroniquez, chroniquez, il en restera toujours … 7 étoiles

Amusante chronique que cette « Chronique du règne de Nicolas 1er ». Amusante et utile. Elle m’a remémoré en effet des faits déja oubliés, et pas forcément des moindres. Je ne me souvenais pas, par exemple, que nous en sommes au gouvernement Fillon 2, puisqu'un premier, éphémère, s’est délité lorsque Alain Juppé, juste promu à la tête d’un énorme Ministère fourre-tout (Ecologie, …), ne fut pas élu aux premières législatives venues. Démissionaire, il obligea à un raccommodage avec Jean-Louis Borloo à sa place et le remplacement de celui-ci par Christine Lagarde à l’Economie. Ce n’était en l’occurrence pas forcément une promtion pour le Borloo en question puisqu’il lui était reproché d’avoir révélé trop tôt (comprendre « avant les élections ») certaines intentions qui firent rester sur le carreau tout un bataillon de potentiels députés UMP, dépités et non députés pour le coup !
Des rappels de ce genre, cette chronique en fourmille et en cela, elle a réellement son utilité.
Alors cela intéressera essentiellement les lecteurs français, et qui s’intéressent un minimum à la chose politique. Il faut en effet pouvoir interpréter et décoder les noms qui sont tous pastichés « à l’Ancien Régime ». De même que la chronique elle-même d’ailleurs, rédigée à « l’ancienne » sur un ton faussement cérémonieux.
C’est ainsi que Jean-Louis Borloo intervient sous le titre de « Duc de Valenciennes », Alain Juppé sous celui de « Duc de Bordeaux », Christine Lagarde « Marquise de La Garde », … je vois mal un belge ou un québecois interpréter ceci aisément ?
Patrick Rambaud, un La Bruyère du Canard Enchaîné ? Jugez-en par le style, (M. de La Porte est ce Secrétaire d’Etat aux Sports, Bernard Laporte, qui est encore sélectionneur de l’Equipe de France de rugby, pendant la Coupe du Monde) :

« A l’automne, Notre Fortifiant Leader emmena une partie de la Cour sur les stades pour applaudir et encourager les joueurs de M. de La Porte. Il fut de toutes les compétitions et on le vit à l’image quand nous marquâmes des points. Il exigea des projecteurs jusque dans les vestiaires et les joueurs fourbus en furent étourdis.
…/…
Sa Majesté voulait du clairon. Elle savait qu’une victoire sportive fouettait l’économie, que quatre cent mille touristes enrichissaient les hôteliers, les marchands de bière et de souvenirs, les transports, les restaurants, les boutiques de fanfreluches. M. de La Porte livrait des chiffres à soulever l’enthousiasme ; pour la demi-finale où nous étions parvenus, il y eut deux millions de spectateurs et dix-huit millions de téléspectateurs, soit vingt millions de consommateurs, mais ce fut une raclée que les Anglais nous infligèrent, même si, selon M. de La Porte, ceux-ci n’avaient point de style. Ce soir-là, Sa Majesté refusa qu’on vît son chagrin à l’image, et elle s’esquiva avec ses courtisans dans quinze limousines, vers un restaurant italien des beaux quartiers, pour y chanter à huis clos avec M. Johnny Hallyday. »

Tistou - - 68 ans - 23 mai 2009


Le Roi et La Cour 8 étoiles

Pastichant avec aisance les mémorialistes du règne de Louis XIV , Patrick Rambaud se révèle un observateur avisé du microcosme politique actuel dont il nous livre une galerie de portraits savoureux .

A la manière de la Bruyère , il s’appuie sur les gestes, les tics de langage et de comportement pour révéler la vérité du caractère qui se cache sous le masque de la puissance politique .

Son écriture concise, aux traits incisifs, au charme suranné donne à sa chronique une dimension intemporelle : celle de la comédie du pouvoir qui s’offre aux yeux du peuple quels que soient le siècle ou le type de régime politique .

Je ne peux m’empêcher, en lisant l’ouvrage, de me remémorer la rubrique intitulée LA COUR qui, dans les années 60, sous la plume de Roger Fressoz et illustrée par Moisan, présentait chaque mercredi aux lecteurs du Canard Enchaîné la chronique du pouvoir gaullien ................

Alma - - - ans - 1 novembre 2008


Mémoires du marquis de Rambaud 9 étoiles

« On l’a vu grand, riche, conquérant, tant qu’ont duré les ministres et les capitaines qui ont véritablement mérité ce nom. A leur fin, la machine a roulé quelque temps encore, d’impulsion, et sur leur compte. Mais, tôt après, le tuf s’est montré ; les fautes, les erreurs se sont multipliées ; la décadence est arrivée à grands pas, sans toutefois ouvrir les yeux à ce maître despotique si jaloux de tout faire et de tout diriger par lui-même et qui semblait se dédommager des mépris du dehors par le tremblement de sa terreur redoublait au dedans. »
Rambo à propos de Sarko ? Non, c’est Saint-Simon qui croque Louis XIV. Mais c’est tout comme, ou presque, tel que l’a voulu le bon marquis de Rambaud.

Quel style - emprunté, certes - au service d’une critique en règle du régime Sarkozy auquel Rambaud, habitué des pastiches (il ne craignit pas de s’attaquer, en pleine période d’idolâtrie durassienne à Sainte Marguerite), ne passe rien. Rambaud, ex-journaliste à Actuel et spécialiste de la période napoléonienne, fait montre d’une connaissance aiguë de l’histoire ancienne et récente pour démonter les tactiques et stratégies des Princes. Voir par exemple son analyse de la libération des infirmières bulgares. Il concentre tout particulièrement ses traits acides sur la Baronne d’Ati, la marquise de La Garde, ou sur à M. de La Porte et le petit marquis de Benamou, depuis lors passé à la trappe, qui en prend en raison inverse de son (petit) grade.

Quelques morceaux choisis :

« Sa Majesté reconduisit le pâle duc de Sablé et en profita pour punir ce bavard M. de Valenciennes, lequel, à en croire les perfides, avait par ses propos sur la future taxe redoutée fait perdre soixante sièges aux impériaux. Il fut privé des Finances, où il disait se plaire infiniment, et aboutit dans ce grand ministère spécialement fabriqué pour feu le duc de Bordeaux qui, de fourre-tout, se transforma en cul-de-sac. »

« Sa Majesté avait en effet dicté une phrase décisive : « L’esprit religieux et la pratique religieuse peuvent contribuer à apaiser et à réguler une société de liberté », ce qui se vérifiait en effet chaque jour, depuis la St Barthélémy jusqu’aux camions piégés de Bagdad. »

« Recevait-elle des magistrats, pour dialoguer avec, disait-elle, c’était devant des caméras qui enregistraient sourires et embrassades. Une fois éteints les projecteurs elle ne parlait plus que d’elle, des critiques qu’on lui faisait, des attaques qu’elle subissait. La baronne aimait à ce point les victimes qu’elle se ressentait elle-même comme une victime. »

« Pour être gros gibier, les nouvelles proies de Notre Souverain ne figuraient point en Transfuges, par nature solidaires des mesures décidées au Château, mais elles passèrent à la postérité sous une dénomination plus douce, celle de Cautions. La plus flamboyante de ces Cautions fut M. Lang, duc de Blois, où il célébra François 1er, puis duc de Boulogne où il célébra les sardines. »

« Chez nous, justement, les pêcheurs montraient le poing ; notre Maître courut les affronter jusqu’au bord de la mer. Quoique son personnage, par ses mimiques et ses emportements penchât vers M. Louis De Funès plutôt que vers M. Burt Lancaster, il y avait du shérif en lui, mais la scène qu’il interpréta en vedette fut moins mémorable et d’un autre registre que dans Règlement de comptes à O.K. Coral. »

Un ton ironique, piquant, qui n’exclut pas les passages graves comme celui-ci :

« Ce fut un jeudi, à Amiens, dans le quartier des Pigeonniers. A l’aube à peine pointée, des coups sur la porte et le fracas d’une perceuse contre la serrure effrayèrent le garçon de douze ans, alors, pour s’échapper, il enjamba la fenêtre, sauta du quatrième étage et se cassa la tête en contrebas sur la bitume d’un parking ; mais ses parents furent capturés. D’où venaient ces misérables ? Le père se disait Ukrainien et la mère tchétchène, ils avaient fui la ville de Grozny quand les chars du tzar Vladimir, un récent ami de Sa Majesté, effondraient les maisons avec méthode et en écrabouillaient les habitants. Las ! Le Préfet impérial leur refusa l’asile : on ne saurait se présenter en réfugié politique alors que les Russes étaient devenus des gens fréquentables que nous fréquentions, même s’il y eut des petites brouilles. »

Kinbote - Jumet - 65 ans - 12 août 2008


Quel délice !!! 9 étoiles

Au menu une chronique dont le texte est jubilatoire, les us et coutumes de Nicolas 1er nous sont servies avec une pique acérée, entouré de toute sa cour, le duc de Bordeaux, le duc de Sablée, sans oublier les autres, le Bédouin, Johnny Walker Bush.

Un moment inoubliable de lecture, l’auteur s’amuse, se défoule et nous lecteur on se prend au jeu, le rire est garanti.

Et comme dans tous les livres de Patrick Rambaud le style est présent, un vrai grand moment de plaisir.

Dudule - Orléans - - ans - 5 avril 2008


Très drôle et caustique 8 étoiles

Un beau petit pamphlet, comique et satirique, qui analyse sur un ton moqueur et distant (jamais le nom Sarkozy n'est cité - Fillon non plus - pour éviter de futures et éventuelles emmerdes juridiques) le début du règne de Nicolas Sarkozy à la Présidence de la France. Vraiment marrant, très passionnant, un peu court (170 pages en 6 longs chapitres), ce petit livre est vraiment une réussite !

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 29 mars 2008


Rambaud la dent dure 6 étoiles

Il a la dent dure Patrick Rambaud dans ce petit livre en forme de chroniques d'un début de règne vu d'un temps d'au-delà dudit règne. Cette prise de distance temporelle - mensongère - est un des bonheurs de ce livre, tout comme le vocabulaire, les multiples dénominations de Nicolas Ier, les oppositions, les critiques qui se veulent des vérités. Tout comme les chroniques passées, le temps défile et les premiers mois de la présidence de Nicolas Sarkozy sont brossés avec une légerté alerte et mordante. Comment un passé si récent peut-il s'être déjà effacé ? La politique kleenex nous est rappelée par Patrick Rambaud. Notre société consomme tout, y compris la parole politique.

L'auteur n'est jamais aussi touchant cependant que lorsqu'il évoque la culture et le mépris que Notre Flamboyant Leader lui porte.

Amusant.

Vda - - 49 ans - 29 février 2008