Un gars de l'enfer
de Arcadi Strougatski, Boris Strougatski

critiqué par Vda, le 25 février 2008
( - 48 ans)


La note:  étoiles
De l'innocence de la jeunesse
Un tout jeune soldat, au bord de la mort, est recueilli par un étranger. Transporté sur une autre planète, il y est soigné en quelques jours, et laissé libre de ses mouvements en un lieu paisible. Élevé pour tuer, issu d’une planète sans pitié parce qu’en plein conflit, conditionné à vénérer ses supérieurs et les dirigeants du duché d’Alaï, Gag, dans un comportement paranoïde, cherche en ce lieu paisible des ennemis, des coreligionnaires.
A fréquenter Korneï, ce Terrien qui l’a sauvé et l’héberge, il est déboussolé, privé de ses repères. Il se cache dans les buissons, épie son hôte et ses visiteurs. Il cherche à se procurer une arme, se fait creuser une tranchée – inutile – par un robot puissant mais obsolète mis à son service et qu’il entraîne comme un soldat. Perdu, il souhaite désespérément rentrer chez lui, sur cette planète en guerre, dans cet enfer qui est son seul univers connu. Mais sans s’en apercevoir, à son corps défendant, sans que quiconque l’y ait contraint, il a changé.

La narration est centrée sur ce très jeune homme, encore un adolescent selon les critères modernes actuels, Gag. Souvent à la première personne du singulier, dans un long monologue, elle plonge le lecteur dans les pensées de Gag, dans son égarement, son déséquilibre. Parfois à la troisième personne du singulier, elle prend alors du recul pour nous le présenter dans toute sa détresse et sa violence cultivée, disciplinée. Elliptique, ce court roman demande beaucoup au lecteur, tout en lui permettant beaucoup sans jamais le diriger. Un peu comme Korneï avec Gag.