Saul Leiter
de Agnès Sire (Préface), Saul Leiter (Photographies), Sam Stourdze (Autre)

critiqué par Von Strudel, le 25 février 2008
(paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Enfin !
Après un bref passage de la version Anglaise il y a plus d’un an chez nos Libraires de bon goût, Steidl (excellent éditeur de Photographie.. je précise que je n'y travaille pas.. dommage) nous font l'immense honneur d'avoir traduit cette monographie de Saul Leiter !

Pour ce qui est du bonhomme !

Né en 1923, se lie dans avec le mouvement des Expressionniste Abstrait peu après son arrivée à New York (Rothko, Newman pour ne citer qu'eux), commence à arpenter les rues de la ville en Noir et Blanc jusqu'au jour où il découvre la couleur (film 35 mn) qu'il ne lâchera plus.

Ses photos sont d'une modernité incroyable, le traitement de la couleur, des reflets, du cadrage et de la composition (où l'on retrouve, à mon avis, sa formation de peintre initial) font de Saul Leiter l'un des plus grand photographes couleurs !

Pour Infos (et les personnes ayant la possibilité de se rendre a Paris), la Fondation Henri Cartier-Bresson a organisé une très belle Exposition jusqu'en Avril 2008 !

Pour Finir je parlerai de la qualité de ce petit livre (par le format !).
Les reproductions sont de très belles qualités, le format et la maquette ont été gardés par rapport à la version anglaise ce qui est à mon avis un très bon point. Seulement la couverture change (et personnellement je préférais celle de la version Anglaise.)

En espérant vous avoir donné envie de découvrir cet artiste qui est je pense à ne pas manquer !
Petits fragments de souvenirs de ce monde inachevé. 9 étoiles

A ce que Von Strudel a déjà fort bien dit, je voudrais rajouter quelques « petits fragments de souvenirs de ce monde inachevé ».
Ces mots, extraits d’un entretien donné par Saul Leiter en 1981, résument bien le monde et la vie de ce très grand artiste.
Voilà quelqu’un qui n’a jamais été préoccupé par sa réussite, sociale, mondaine ou artistique. Dilettante, un peu paresseux, il n’a pas toujours saisi les occasions que la vie lui offrait et c’est ainsi qu’il a raté, par négligence, quelques grandes expositions où il était invité et où son talent aurait été reconnu.
Peut-être tout ceci est-il du à son père, excellent rabbin, qui ne comprit jamais cet enfant qui voulait devenir artiste, peintre avant de se tourner vers la photographie. « J’ai été habitué à la désapprobation » dit-il en forme de pirouette.
Mais c’est ainsi aussi, en refusant le piège de l’ambition et de la vanité, qu’il a réussi sa vie dont il a fait ce qu’il a voulu, préférant le désordre à la rigueur, la solitude à la reconnaissance, l’inachèvement à l’impasse de l’aboutissement.
C’est ce qu’on retrouve dans ses photos aux cadrages décalés, sans mise en scène et souvent proches de l’abstraction. C’est cette indifférence aux autres qui le fit aller, et avec quel talent, vers la couleur quand elle était rejetée par les plus célèbres photographes. Il ne fait pas œuvre de documentariste, il donne à voir ce qu’il a photographié, sans toujours bien savoir pourquoi si ce n’est que ce moment qu’il saisit lui plaisait. Il n’y a aucune intention politique dans son travail, lui qui dit « Je ne crois pas que la misère soit plus profonde que le bonheur ».
Je crois que Saul Leiter a été heureux avec sa femme Soames, aujourd’hui disparue, avec ses amis, dans la librairie de la dixième rue, où il passe maintenant le plus clair de son temps. Un homme bien éloigné des critères de réussite de notre époque mais bien au-delà de tout ça par le bonheur, mais aussi l'incertitude, de ce qu’il nous donne à voir.

Jlc - - 81 ans - 3 mars 2008