Périls en ce royaume : Une enquête de Michel Van Loo, détective privé
de Alain Berenboom

critiqué par Sentinelle, le 24 février 2008
(Bruxelles - 54 ans)


La note:  étoiles
Divertissant
Un polar volontairement désuet situé à l'époque de "la Belgique de papa" qui fut pourtant tout sauf idyllique si l'on y regarde de plus près.
Nous sommes en janvier 1947. Un jeune fonctionnaire aux Affaires étrangères, qui fut résistant pendant la guerre, disparaît brusquement. Sa famille fait appel à un détective privé, Michel Van Loo.

A cette époque, la Belgique est – déjà – traversée par des grandes turbulences politiques : la question royale opposent les monarchistes aux républicains mais également, parmi les monarchistes, les Léopoldistes aux Antiléopoldistes. Ajoutons à cela les règlements de compte entre résistants et anciens collaborateurs et les prémices de la guerre froide avec l'apparition de diverses factions communistes tels que les staliniens et les trotskystes qui se disputent entre eux pour prendre le pouvoir.

C’est dans ce climat particulier qu’enquêtent Michel Van Loo et ses amis : Anne, sa bonne amie et shampouineuse, Fédérico, coiffeur et ancien partisan communiste italien et le pharmacien juif Hubert.
Nous accompagnerons les tribulations de nos compères dans les rues de Bruxelles avec humour et bonne humeur, sans oublier les délicieuses gueuzes grenadines.

Vous l'aurez compris, sans omettre les questions politiques importantes de l'époque, Alain Berenboom nous a concocté un polar avant tout divertissant et nostalgique du Bruxelles de l'après-guerre.

Quel plaisir de parcourir les rues de Schaerbeek et d'Ixelles (qui ne connaît pas La bastoche, célèbre café des étudiants de l'ULB) et de réentendre quelques expressions bruxelloises bien de chez nous.

Extrait :

En rentrant chez moi, je songeai à la complexité de notre petit pays. Vu de loin, un paradis terrestre, patrie du chocolat, du fromage et de la démocratie : la Suisse, mais avec sept cents sortes de bières en prime. En vérité, un chaudron en ébullition où un apprenti sorcier tentait de mélanger des ingrédients qui n'étaient pas destinés à se mêler et réagissaient violemment pour éviter la fusion. Pourtant, dans le passé, les Belges avaient déjà réussi bien des miracles et associé d'autres éléments dont personne n'aurait pensé qu'ils puissent s'allier et bonifier ensemble. La gueuze et la grenadine, par exemple. N'était-ce pas un signe ?
Un policier avec Bruxelles 1947 en filigrane 9 étoiles

Un tram bruxellois sur la couverture décline le pays : la Belgique ; les feutres des deux personnages indiquent une période déterminée : le direct après-guerre. Il est vrai que le royaume de Belgique était en péril à cette époque avec son épineuse question royale. Mais celle-ci n’est qu’en filigrane de ce roman policier.
Alain Berenboom débute avec ce Péril en ce royaume une trilogie qui fait revivre les balbutiements de la Belgique après la guerre : la question royale et les rivalités socialo-communistes, il est suivi de la problématique de la colonisation avec Le roi du Congo pour se terminer avec un roman qui aura pour cadre l’immigration italienne. Toujours avec le détective privé Michel Van Loo, roman policier oblige.
Michel Van Loo se démène péniblement, tant bien que mal et plutôt mal que bien, pour résoudre deux énigmes : un vol suspect chez Violette Delporte et une disparition inquiétante, celle de Yann Beigelbrot. Michel Van Loo, détective privé, représente l’anti-héros parfait. Heureusement qu’il est adroitement secondé par Anne, la shampooineuse, et Fedérico son patron figaro. Autour de ce petit monde gravitent d’autres personnages hauts en couleur comme les frères syndicalistes Motta et Hubert le pharmacien réfugié juif polonais.
Ce roman d’Alain Berenboom comble d’aise le lecteur, car il retrouve la truculence surréaliste du Belge, les accents marolliens des ketjes de Bruxelles, l’intrigue policière qui tient en haleine avec les rebondissements inattendus. Le tout beigne dans l’humour de l’auteur qui ne se prend guère au sérieux à l’image de son antihéros tellement sympathique Michel Van Loo.

Ddh - Mouscron - 83 ans - 16 février 2009


Un bon petit polar dans le Bruxelles d'après-guerre 8 étoiles

On peut ne pas être fan de polar et apprécier "Périls en ce royaume".
Ce roman "historico-policier" nous emmène dans une Belgique de l'immédiat après-guerre où la question royale est déjà au coeur de la vie politique.
D'une lecture facile, ce petit polar ne se lâche pas!

Catherine de france - - 60 ans - 28 avril 2008