Trois ombres
de Cyril Pedrosa

critiqué par Sahkti, le 22 février 2008
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Sobre douleur
Joachim vit avec ses parents dans les collines. Tout va bien jusqu'au jour où des ombres se profilent et signifient la peur, la fin, le départ. C'est le récit d'un disparition, d'une course contre le temps, d'une chasse au bonheur aussi parce que tout ne peut pas être noir et que le temps continue à vivre, même si notre destin, lui, semble s'être arrêté.

Cyril Pedrosa livre ici une petite merveille, toute en douceur et en subtilité, grave et poignante mais jamais mélodramatique ou pathos bon marché. De la souffrance et de la douleur, il y en a, joliment évoquée, avec des traits passant du fin à l'épais, avec des feuilles qui s'envolent et une impression de course-poursuite contre l'inéluctable. Il y a aussi des tranches de bonheur, du vent, des fleurs, des rêves qui s'envolent pour peut-être mieux revenir.
Je suis tombée sous le charme de sa sobriété, de la force de ses émotions. Récemment, j'ai lu un article dans lequel il expliquait avoir eu besoin de composer ce livre suit à la disparition de l'enfant d'amis, que cela l'avait bouleversé et qu'il avait eu besoin de mettre tout cela à plat, sur les conseils de Lewis Trondheim.
C'est un ouvrage magnifique qui m'a beaucoup émue, tant pour ses qualités esthétiques que pour le propos qu'il relaie, fort et vibrant.
Bouleversant 9 étoiles

Certaines bandes dessinées, nous les lisons une fois et puis, ne les regardons plus.
Oubliées dans une bibliothèque, abandonnées ou alors données.....

Mais il en est d'autres que nous ne pouvons sans cesse lire maintes et maintes fois.
"Trois ombres" fait partie de ces livres que je ne me lasse guère de relire.
Je crois l'avoir lu au moins cinq fois depuis que je l'ai acheté.

Certes, le dessin de Cyril Pedrosa, auteur que je ne connaissais pas, est dynamique, fluide et très expressif mais ce qui fait la force de cet opus reste certainement le scénario.

Un regard sur la fatalité, sur le destin et la camarde.... une parabole qui sur 268 pages, nous entraine vers un étrange voyage, dont nul ne peut rester indifférent.

Malgré certaines longueurs dans le récit (notamment la traversée), Pedrosa a signé là une oeuvre magistrale et poignante qui mérite vraiment le détour.

Hervé28 - Chartres - 54 ans - 18 septembre 2011


Sombres douleurs 10 étoiles

Trois ombres , comme un conte d'enfance, d'abord, celui que tout le monde connaît, ce cauchemar de ce qui se cache sous le lit, qui n'a pas de forme, qui ressemble à ce qu'on pourrait connaître, pire frayeur qu'on devine à peine et à laquelle on ne peut échapper..

Histoire d'amour, d'un amour qui grandit, se vit dans la campagne chatoyante de Joachim, de cette tendresse qui unit ses parents, amour charnel explicitement dessiné, à grands traits de crayon, à grands traits de douceur et de passion, de cet amour qui berce Joachim, enfant désiré, attendu, aimé..

Et puis viennent les ombres.
L'angoisse. La peur. Celle que partage le lecteur, qui veut savoir, qui veut comprendre, qui veut voir derrière la rage, derrière la douleur, quand le trait de crayon s'épaissit, ce qui se cache derrière les ombres de Pedrosa, celles qu'il a choisies de poser dans ses pages.

Conte pour enfant, pour adulte, de ces vérités qu'on ne peut dissimuler, l'auteur nourrit des pages bouleversantes de poésie, sous une tension dramatique qui s'épaissit longtemps, de quoi vous serrer le cœur. Une œuvre magistrale.

Clamence - saint quentin - 43 ans - 3 juin 2011