Les Hauts de Moscou : Moskva, kva, kva
de Vassili Axionov

critiqué par Pepe, le 21 février 2008
( - 43 ans)


La note:  étoiles
Petite déception
Moi qui vouait un culte à l'auteur de "La Saga moscovite", je ne m'attendais pas à être un jour déçue par l'une de ses oeuvres...

Et pourtant, bien que me plongeant avec un a priori très très positif dans la lecture des "Hauts de Moscou", lecture dont je me faisais une joie immense, je suis terriblement restée sur ma faim...
Tout se passe comme si Axionov voulait surfer sur le créneau "Saga moscovite" en nous redonnant à partager un univers et des histoires semblables à celles des personnages de la "Saga" sans pour autant atteindre à nouveau ce génie qui caractérise cette oeuvre...
Cela donne donc un sentiment de déjà lu et, en outre, un sentiment que "c'était mieux avant"... Je me prépare à lire "A la Voltaire" pleine de craintes et d'espoirs en même temps... Tout le monde a le droit de se louper, non?
Même si j'étais intimement convaincue qu'Axionov était au-dessus de ce genre de perturbations, j'ai encore confiance et je sais qu'il peut mieux faire, beaucoup mieux... alors je persiste et signe, c'est un grand auteur!
Moskva kva-kva 7 étoiles

Ecrit quinze ans après « La saga moscovite », « Les hauts de Moscou » pourraient constituer en quelque sorte une suite, l’après « années 50 », la détente progressive, la fin de l’ère stalinienne. Pourraient, mais pas vraiment tant le ton adopté ici est différent de celui de « La saga ». Moins factuel, moins « historique », plus romancé voire limite onirique, comme si cette détente qui s’opérait gommait en quelque sorte les contours de la vie réelle, à la stalinienne, pour entrer dans un modus vivandi où le flou existe, certaines libertés aussi – jusqu’à un certain point – tout au moins dans ce Moscou, ces hauts de Moscou, où nous nous cantonnons.
Coexistence d’une nomenklatura à laquelle des faveurs sont accordées, un luxe certain est permis, et d’une répression toujours présente pour l’essentiel de la population et la marge de « l’élite » qui va – juste un peu – trop loin, ou qui à l’heur de déplaire au despote pas même éclairé, au despote tout puissant et que Vassili Axionov nous présente comme névrosé, sur la pente de la sénilité, mais sans contrepouvoirs pour autant.
Cette confusion dans laquelle Vassili Axionov nous installe est peut-être en fait le plus fidèle reflet de cette époque où la politique se délite, le carcan se desserre, sans réelles lignes directrices. Juste un relâchement autorisé ; jusqu’à quel point ? Peut-être en effet était-ce ce que ressentaient les soviétiques de l’époque, les choses changeaient mais la rigueur la plus sévère pouvait s’abattre sur eux au seul vouloir d’un despote.
Dans « Les hauts de Moscou », Staline apparait comme obnubilé par la crainte, la haine de Tito et de ses partisans ; les Titistes, encore paré de son statut de « Père de la patrie » omnipotent mais tendance bouffon, grotesque. Père Ubu pas loin ! C’est la fin d’une époque, une page se tourne.
« Sept gigantesques bâtiments ou « grimpettes » comme les avait baptisées le peuple, s’étaient élevés à Moscou au début des années cinquante, pratiquement à la même heure. Ils tranchaient non seulement par leur dimension, mais aussi par la majesté de leur architecture. Les architectes et sculpteurs soviétiques qui avaient érigé et orné ces édifices avaient souligné sans ambiguïté aucune leur affinité avec la grande tradition du siècle d’or, les œuvres d’Ictinos, Phildias et Callicratès.
Le rapport entre les deux époques apparaît surtout dans le colossal site résidentiel qui étend ses multiples bâtiments réunis en un seul ensemble au confluent de la Moscova et de la Iouza. C’est justement ici que demeurent les principaux protagonistes des scènes qui vont suivre, justement ici qu’ils sont destinés à passer par le creuset des sentiments purs, quasi utopiques, qui ont marqué ces temps aseptiques. »

Tistou - - 68 ans - 18 octobre 2009


Je peux comprendre... 7 étoiles

Je ne suis cependant pas tout à fait d'accord avec Pepe. Il est certain que ce livre ne reste pas aussi passionnant à chaque page que "La saga moscovite".

En outre il n'est pas toujours très facile de suivre l'auteur dans ses pérégrinations tellement sa façon de s'exprimer devient parfois confuse ou par trop surréelle.

Par contre j'ai trouvé du charme à pas mal de personnages de cette histoire dont Smeltchiakov, Ariadna, Georges, Untelovski et encore quelques autres.

Un autre mérite du livre réside dans le fait de nous montrer à quel point l'URSS est gangrenée alors que Staline garde toute sa popularité dans les masses tout en étant devenu un être quasiment absent, cruel et complètement paranoïaque.

Nous sentons une chape de plomb écraser l'ensemble de la société mais seuls ses intellectuels ou ses élites en général peuvent s'en rendre compte. La peur se montre bien vite pour la moindre broutille légèrement en dehors des clous. Les goulags sont remplis alors que, par ailleurs, certains bénéficient de privilèges incroyables. Dans la nomenklatura on ne se gêne pas pour étaler ses bijoux, montrer ses tailleurs Chanel et ses foulards Hermès et pour les hommes s'habiller à Londres est concevable.

La plaie générale de l'alcoolisme est étalée. Et voilà que nous découvrons, qu'à son tour, Staline envisage de régler "la question juive" en URSS

En un livre loin d'être sans intérêt l'auteur nous montre comment une jeune femme, fanatique de Staline, va ouvrir les yeux et évoluer. Une bonne description la population moscovite au début des années cinquante.

Jules - Bruxelles - 80 ans - 21 septembre 2008