Istanbul: Souvenirs d'une ville
de Orhan Pamuk

critiqué par Richard, le 19 février 2008
( - 78 ans)


La note:  étoiles
au coeur d'une ville
Orhan Pamuk est un écrivain turc né à Istanbul. En 2006 le prix Nobel lui est décerné car « …à la recherche de l’âme mélancolique de sa ville natale, il a trouvé de nouvelles images spirituelles pour le combat et l’entrelacement des cultures … » ;

Dans son pays Orhan Pamuk est menacé notamment pour ses allusions aux massacres d’Arméniens, et au motif « d’insultes délibérées à l’identité turque ».

« Istanbul souvenirs d’une ville » n’est pas comme son titre l’indique un livre sur Istanbul, mais plutôt le récit de l’enfance et de l’adolescence de l’auteur dans sa ville.

Au fil des pages l’auteur évoque son Istanbul intime celui de son immeuble, l’immeuble Pamuk, de sa famille, qui des oncles aux grands parents se retrouvent à chaque étage de l’immeuble, les ruelles de son quartier, les promenades au bord du Bosphore. Chacune de ces pages est empreinte de mélancolie. La mélancolie du récit est renforcée par des photos anciennes en noir et blanc. L’intime et la nostalgie sont au centre du récit de son éducation sentimentale.

Ville diverse, un pied en Europe, l’autre en Asie, riche d’un passé multiple, l’ancienne Constantinople devenu capitale de l’empire Ottoman, puis écartée comme capitale par le très laïque Atatürk au bénéfice de la ville sans passé Ankara, Istanbul est au centre des contradictions de son peuple entre modernité et conservatisme, laïcité et intégrisme religieux, démocratie et pouvoirs autoritaires, europhilie ou repli sur soi.

Au moment du débat de l’intégration de la Turquie au sein de la communauté Européenne, « Istanbul souvenirs d’une ville » nous permettra de mieux comprendre ce qui nous rapproche du peuple turc et ce qui nous sépare.

Orhan Pamuk est un écrivain subtil, sensible, c’est en tant que tel qu’il a écrit son texte et qu’il convient de le lire.
Le Bosphore, Istanbul, et la poésie 10 étoiles

C'est un superbe livre.
Il ne faut pas y chercher de l'action ou même une histoire.
Pamuk y décrit simplement, précisemment, sa vie à Istanbul, avec sous sa plume, une poésie à couper le souffle.
On plonge dans les volutes des fumées des bateaux, l'hiver, dans les ruelles des quartiers populaires, et on passe des moments doux sur les rives du Bosphore.
Ce livre marque beaucoup, donne à Istanbul une âme, au point d'en faire le personnage principal du livre.
Adepte du roman et de l'action, passez votre chemin. De la description, de la description, et encore de la description. Mais quelle prose somptueuse !

Lucile - Stockholm - 36 ans - 2 avril 2012


Istanbul, un état d’esprit 10 étoiles

Ce texte est plus qu’une reconstitution minutieuse et amoureuse d’Istanbul, c’est une exploration de l’identité de l’auteur, une identité intimement liée à sa ville, telle qu’elle était à l’époque de son enfance. Structurée autour du sentiment de tristesse, une somptueuse évocation. La tristesse présente deux facettes, l’une ancrée dans l’imaginaire collectif des Stambouliotes, l’autre facette appartenant au vécu du narrateur. Elles se déplient et s’éclairent mutuellement au fil des pages.

Remarquable symbiose du texte et des images en noir et blanc, la plupart appartenant au photographe Ara Guler.
« Ce sentiment noir et blanc qui me travaille comme un triste bonheur ».
Ou
« Le plaisir visuel et l’ivresse du souvenir ».

J’imagine Orhan Pamuk compter les bateaux sur le Bosphore les matins d’hiver dans le noir ; je l’imagine explorer les faubourgs ou se pencher sur les archives pour scruter des photos d’autrefois. Exquis !

Béatrice - Paris - - ans - 2 janvier 2011