Chair et sang
de Jonathan Kellerman

critiqué par Féline, le 16 février 2008
(Binche - 46 ans)


La note:  étoiles
Meurtre et psychologie
Alex Delaware, psychologue consultant auprès de la police de L.A., est contacté par Jane Abott au sujet de la disparition de sa fille. Si le nom de la mère ne lui évoque plus rien, celui de Lauren, en revanche, lui rappelle bien des souvenirs. Dix ans auparavant, l’adolescente, alors âgée de 15 ans, avait participé à deux séances, pas très fructueuses, obligée par ses parents qui ne savaient plus que faire d’elle. Alex Delaware avait alors fait la connaissance d’une jeune fille rebelle, perchée sur des talons vertigineux et pas très coopérative.
Quelques années plus tard, lors du fastueux enterrement de vie de garçon d’un de ses collègues dans un hôtel de la ville, il avait revu Lauren dans un show assez suggestif. Les circonstances des retrouvailles entre le psy et son ancienne patiente avaient été assez gênantes et la jeune femme avait décidé de le retrouver à son cabinet dès le lendemain. Malheureusement, la rencontre ne s’était pas très bien passée et Alex avait été peiné de l’attitude hautaine de Lauren, qui se vantait de se faire « un max de fric » en faisant commerce de son corps.

Le psychologue se sent donc très impliqué par la disparition de Lauren, victime d’un sentiment de culpabilité de ne pas avoir pu l’aider quelques années plus tôt. Il apprend rapidement que Lauren s’était racheté une conduite et suivait maintenant de brillantes études en psychologie. Sa disparition en est d’autant plus inquiétante. Alex décide donc de faire appel à son fidèle ami, Milo Sturgis, policier aux homicides, victime de discrimination de la part de ses collègues à cause de son homosexualité. Peu après, le corps de Lauren est découvert dans une benne à ordure derrière un magasin de meubles, ligoté avec deux balles dans la tête. Un meurtre qui ressemble à un réglement de comptes, peut-être lié à ses anciennes activités de call girl, mais peut-être pas …

« Chair et sang » est un bon polar qui m’a changée de mes habituels policiers anglais. J’ai apprécié que l’enquête soit menée par un psychologue plutôt que par un policier, même si Alex Delaware est accompagné pendant la plus grande partie du roman par son ami flic Milo Sturgis. L’angle d’analyse par un psychologue change du polar traditionnel. Il analyse beaucoup plus finement les comportements des suspects et des témoins pendant les interrogatoires et met les gens à l’aise par sa faculté d’écoute. Par contre, contrairement à Milo, il a une imagination débordante qui l’amène souvent à se couvrir de ridicule en développant des théories des plus farfelues. Son comparse ne rate d’ailleurs pas une occasion de se moquer de lui, mais toujours amicalement. Une grande tendresse règne entre les deux amis. Mais au final, Alex mettra malgré tout la vérité au grand jour, et ce au péril de sa vie.

J’ai bien aimé l’écriture de Jonathan Kellerman et les personnages qu’il met en scène. Son intrigue est bien ficelée mais a, à mon avis, souffert de quelques longueurs. La mise en place des personnages et de l’histoire est assez longue (environ 150 pages) avant que l’on ne découvre le cadavre. Cela ne m’a pas gênée et m’a même plutôt plu et paru utile. Par contre, j’ai rencontré un long passage à vide dans lequel il ne se passe pratiquement rien et dans lequel l’enquête s’enlise. Le roman aurait pu être taillé d’une centaine de pages.

Cela ne m’empêchera pas de lire d’autres livres de cet auteur, dont j’ai été séduite par le côté « différent » de ses polars. A suivre donc. A noter que Jonathan Kellerman est lui-même psychologue.