Itinéraire d'enfance
de Du'o'ng Thu Hu'o'ng

critiqué par Amanda m, le 15 février 2008
( - 57 ans)


La note:  étoiles
L'apprentissage d'une enfant sur les routes du Viet Nâm
Bê a douze ans. Vive, passionnée et exaltée, elle partage ses journées entre l’école communale où elle excelle, sa meilleure amie Loan, sa maman professeur avec qui elle vit alors que son père est basé en garnison près de la frontière.
Après avoir été exclue de son école pour avoir défendu une enfant contre un professeur abusif, elle s’enfuit avec Loan pour aller retrouver son père.

C’est le premier roman de Duong Thu Huong. Il faut pour l’apprécier se défaire de son enveloppe occidentale et revêtir en pensée un pantalon fluide, une tunique et des tongs. On y retrouvera alors le Viet-Nam chatoyant, les odeurs, les couleurs, les ombres et les lumières qui donnent l’impression de survoler ce pays en le caressant de la main. On frôlera les goyaviers, on effleurera les flamboyants, on humera les effluves de kumquat.

On y retrouvera le style délicat et serein de l’auteure, on s’installera à coté des personnages, en les écoutant, en les observant.

Cette fois ci, nous ne sommes plus en présence d’une femme divisée entre son devoir et ses sentiments (Terre des Oublis), mais en compagnie d’une jeune fille révoltée contre l’injustice, fière, droite. A mi chemin entre l’enfance et l’âge adulte, Bê entraîne son amie Loan dans un voyagequi sera initiatique et aventurier.

De la colonisation et ses dérives (« Si notre peuple avait tendu la joue aux colonialistes français, nous n’aurions plus de patrie. Les enfants n’apprendraient plus l’histoire des sœurs Trung, de la patriote Trieu, ne sauraient rien de l’héroïsme des rois Nguyên Huê et Quang Trung. Vous apprendriez, en revanche, une histoire importée : « Nos ancêtres les Gaulois… » »), des coutumes, de la cuisine, de la douceur de ce pays, Duong Thu Huong peint un portrait empli de tendresse. C'est le récit paisible d’un apprentissage serein, emli à la fois de fraîcheur, de candeur et de maturité (« Là où, pour la première fois, j’avais regardé l’horizon et discerné les différents chemins qui y mènent. Là où j’avais compris que vivre, c’est surmonter les malheurs, la souffrance et l’injustice pour atteindre l’objectif qu’on s’est fixé »).

C’est un joli roman. Je n’y ai pas retrouvé toute la force, la puissance de Terre des Oublis (écrit il est vrai quelques années plus tard), mais je l’ai lu néanmoins avec plaisir.
Fraîcheur d’âme 8 étoiles

Fraîcheur d’âme. Oui, vraiment, c’est le sentiment qui me reste après la lecture de cet « Itinéraire d’enfance » certainement largement inspiré de l’enfance de Duong Thu Huong. A noter que ce roman ci a été publié au Vietnam, Duong Thu Huong n’était pas encore mise à l’index à l’époque et les propos de ce roman n’ont rien pour défriser les autorités communistes du pays. Il semblerait bien, en outre, que ce soit son premier roman.
C’est le Vietnam qui palpite et qui respire entre les lignes de Duong Thu Huong. Ce pays magique et rétif. Beau. Aux habitants magiques et rétifs. Beaux. On y est, sans nul doute (la chaleur en moins), on y est et la simplicité de ses habitants permet d’en faire une histoire à la fois forte et simplissime.
Bê, douze ans, est une petite fille, vivant au nord du Vietnam, près des montagnes qui bordent la frontière avec la Chine, au caractère bien trempé. Elle vit seule avec sa mère, institutrice, puisque son père, officier dans l’armée vietnamienne, commande une petite garnison au fin fond des montagnes, à la frontière chinoise, plus occupé à combattre les trafiquants qu’à pouvoir rentrer chez lui. Malheureusement pour elle, Bê est intelligente et confrontée à une situation d’injustice elle ne fait ni une ni deux, s’oppose, humilie un professeur indigne, et se trouve pour cette raison éjectée du système scolaire de manière définitive. Fille d’une institutrice, intelligente, c’est de son monde naturel – l’école – qu’on la prive.
Elle décide, avec son amie Loan, pas plus âgée qu’elle, de quitter ce village ingrat où elle ne voit plus son avenir, pour essayer de retrouver son père, là-bas à trou-du-cul du Vietnam. Un road-movie d’enfants au Vietnam en quelque sorte. Elles vont rencontrer des gens étonnants, plutôt des bons que des méchants, et son ouverture à la vie dans ces conditions de « débrouille » va s’accélérer. Duong Thu Huong profite de ce périple pour nous faire réviser ce pays et ses habitants.
C’est touchant et pas nunuche. Frais et apaisant. Comme un voyage au Vietnam (non ça ce n’est pas frais, ne croyez pas cela !). Si je devais comparer ou donner une filiation, je dirais que ça évoque, dans l’atmosphère et le traitement, les écrits de la persane Zoya Pirzad. Avec le grand souffle de l’aventure en plus !

Tistou - - 68 ans - 25 juin 2012


ROMAN D'APPRENTISSAGE 9 étoiles

C’est un roman d’apprentissage , un Bildungsroman , comme le diraient éloquemment nos amis allemands . Un roman qui illustre les différentes étapes et circonstances de l’initiation aux épreuves de la vie, qui éclaire les rugosités de l’existence.

C’est la fin des années cinquante au Viêtnam. Bô a douze ans, sa vie se déroule autour de sa mère, de ses amis, et de ses professeurs. Son père, soldat, est en garnison à la frontière nord du pays.
Exclue de son école pour avoir pris la défense d’une de ses camarades abusée par un professeur, Bô se révolte contre cette décision, elle s’enfuit de chez elle avec sa meilleure amie dans le but de rejoindre son père. Commence alors le voyage à travers le Viêtnam, celui des montagnes, de la plaine, des petits agriculteurs.
C’est le début de l’initiation à des épreuves de toute nature : l’apprentissage de la chasse au tigre, le perfectionnement des connaissances culinaires, occasion de décrire des recettes de cuisine vietnamienne.
C’est aussi d’amour qu’il s’agit. Bô écoute avec attention les récits des personnages pittoresques qu’elle rencontre avec sa compagne de voyage : le vieux Môc, le docteur Tinh, les soldats Khiêt et Lênh . Toutes ces figures illustrent des vertus, des comportements exemplaires qui forgent peu à peu la conscience adulte de Bô.

L’intérêt de cet ouvrage est largement dans les descriptions de la vie quotidienne du Viêtnam de l’après-guerre. On y décèle quelques réflexions sur la période coloniale française naturellement très critiques. C’est aussi le mérite de cette femme de lettres de nous proposer le point de vue de ce qu’on appelait dans une terminologie heureusement passée de mode les indigènes de l’empire français .
Le point de vue de l’auteur, dans sa conclusion, est résolument optimiste : « Les bananiers sont vert éclatant, les rhododendrons sauvages, les ajoncs et les rosiers fleurissent partout, tissant un voile de soie festif. Les rossignols des montagnes s’élancent dans le ciel où ils planent en entonnant leur chant euphorique (…) Je n’oublierai jamais cette image lumineuse, fastueuse de la montagne, de la forêt, des ruisseaux, en phase avec la plénitude de notre âme. L’homme doit lutter et gagner. »

TRIEB - BOULOGNE-BILLANCOURT - 73 ans - 23 mai 2012


Saveurs d’enfance ! 6 étoiles

Les tribulations de 2 jeunes adolescentes au caractère bien trempé dans le Vietnam des années 1950 (après la guerre coloniale contre la France)
La jeune Bê accompagnée de sa meilleure amie, Loan Graine-de-jacquier, quitte le village de Rêu pour rejoindre son père en garnison à la frontière nord (sino vietnamienne)
Une aventure rythmée par les rencontres qui forgent le caractère et accélèrent la maturité.
Un roman empreint de sons, d’odeurs et de paysages sublimes et variés (les plaines et les montagnes du nord-Vietnam)
Mais avant tout, la nécessité de désobéir, de se révolter pour que la vérité éclate et que les trahisons soient réprimées.
Des souvenirs d’enfance « charmants » mais qui – à mon gout – restent légers.
J’étais tombé sous le charme du roman « Au zénith » , beaucoup plus politique et profond.
Cet ouvrage est plus léger, le message de révolte moins fortement exprimé.
Par contre, la diversité des gastronomies de ce pays n’aura plus de secret pour vous !

Thu Huong DUONG reste une figure majeure de la lutte pour la liberté du peuple vietnamien.

Frunny - PARIS - 59 ans - 19 avril 2012


un récit frais et naïf 7 étoiles

On ressent bien que ce livre a été écrit par une très jeune fille ; on voit bien également qu'elle vivait à l'époque au Vietnam après la guerre contre les Français (mais on ne parle pas des Américains... et encore moins des Chinois, l'ennemi du Nord) et devait donner des gages pour pouvoir publier. Mais c'est bien en France qu'elle a choisi de se réfugier plus tard.

Je recommande la lecture de ce livre aux jeunes qui devraient être très intéressés ; le style est facile mais riche et les évènements évoqués très surprenants, invitant au voyage...

J'ai aimé !

Tanneguy - Paris - 85 ans - 29 avril 2009


Ambiance vietnamienne envoûtante 7 étoiles

Le plus de ce roman contrairement aux suivants de Huong est sa description des paysages vietnamiens qui prend le dessus sur les avis politiques de l'auteur : "Vous souvenez-vous de ces pluies ? Elles sont belles car elles ne ressemblent pas à de la pluie mais plutôt à des cascades argentées. La ville étincelle de fils de soie ondoyant sous les rayons du soleil."

Bien sûr quelques longueurs dans les dialogues trop bien batis pour paraitre réels le long des 380 pages, mais la richesse des paragraphes qui les entoure permet que l'ennui et la lassitude ne s'installent pas.

Elya - Savoie - 34 ans - 22 février 2009