Le livre d'un homme seul
de Gao Xingjian

critiqué par Richard, le 11 février 2008
( - 78 ans)


La note:  étoiles
ne pas oublier la révolution culturelle
« …les gens ne veulent pas écouter tes vérités périmées, il préfèrent aller voir des films d’hollywood avec leurs fantasmes fabriqués… »
« … tu dois trouver un ton pondéré, étouffer la colère accumulée en toi, avancer tranquillement, pour raconter ces impressions mêlées…. »
« Son expérience passée s’accumule dans les replis de ta mémoire. Comment faire pour les dérouler couche après couche, les dissocier pour les explorer un à un, et considérer d’un regard froid les événements qu’il a vécus : toi c’est toi, lui c’est lui. »

Dans « le livre d’un homme seul » Gao Xingjian revient sur le sujet récurent de son œuvre : la révolution culturelle chinoise.

Divers récits, épisodes probablement vécus par l’auteur témoignent des injustices, des souffrances, des bouleversements humains que la révolution culturelle engendra durant les dix années qu’elle durera (de 1966 jusqu’à la mort de Mao et l’arrestation de la bande des quatre).

Dans le « livre d’un homme seul » le narrateur est passablement désabusé, il pense que l’horreur qu’il a vécue n’intéresse plus « … les gens ne veulent pas écouter tes vérités périmées… ». Devant ce besoin impérieux de raconter et le relatif désintérêt « des gens » sur le sujet il s’interroge sur le méthode de communication « … tu dois trouver un ton pondéré, étouffer la colère accumulée en toi, avancer tranquillement, pour raconter ces impressions mêlées… ». Il témoigne aussi sur la difficulté du travail de mémoire « …son expérience passée s’accumule dans les replis de ta mémoire ; Comment faire pour les dérouler couche après couche, les dissocier, pour les explorer un à un, et considérer d’un regard froids les événements qu’il a vécus : toi c’est toi, lui c’est lui. »
Dans « Livre d’un homme seul » Gao Xingjian fait le récit de sa vie. En parallèle il narre le passé en Chine, passé aux tonalités multiples, heureuses, pendant l’enfance, auprès de sa famille, humiliantes, dévastatrices à partir de la Révolution Culturelle, et le présent dans le monde occidental. Dans ce présent, ni les amitiés, ni l’amour très sexué avec sa partenaire Européenne Marguerite, n’arrive à panser efficacement les plaies encore vives, renforçant son sentiment de solitude.

Moins poétique dans le contenu et la forme que « la montagne de l’âme », « le livre d’un homme seul » n’en est pas moins un texte remarquable par force de description de la Révolution Culturelle, et le témoignage d’un intellectuel sur la force aliénante du passé sur le présent fut il agréable.